Faut-il publier l'identité et les photos des terroristes ?
La grande majorité des organes d'information a paradoxalement choisi l'opacité.
Mais les rédactions françaises commencent à s'interroger sur leur propre responsabilité en ne diffusant pas les noms et les images de ces criminels, dès lors que leur divulgation n'entrave pas les progrès des enquêtes et la sécurité des concitoyens.
Si nous menons vraiment une guerre intérieure, comme ils le serinent derrière Hollande et Valls, est-il cohérent que les media nous mettent en état mortel d'infériorité en ne mobilisant pas la vigilance de la population ? Ce serait un combat inégal avec des traîtres au pays où ils se trouvent sans l'avoir reçu en héritage, d'autant que les djihadistes français n'ont jamais fait allégeance à la France, mais à des apatrides sur cette terre et des monstres sanguinaires que le respect de la personne humaine n'effleure pas.
La barbarie terroriste que nous laissons s'installer dans notre pays a fini par sortir certains media français de leur béatitude universaliste fondée sur une idéologie moralisatrice mais planante vantée pour un humanisme vicié par un fort sentiment de culpabilité masochiste.
La presse conservatrice arquée sur des certitudes du siècle passé s’interroge, nous dit-on, sur la posture à adopter pour en rendre compte, sans nécessairement plaire aux réseaux, notamment sociaux, aux associations partisanes et aux élus politiques du moment, qu'alternativement ils appuient ou combattent. C’est un débat légitime. Nombre de journaux ont trop souvent failli ces dernières années en faisant preuve de légèreté et d’inconséquence pour traiter des sujets lourds qui auraient dû inspirer davantage de rigueur et de conscience des vraies valeurs, singulièrement s'agissant dela vie des otages que, par exemple BFMTV, dans sa course à l'audience, a mise en péril lors de l'attentat contre l'hyper casher de la Porte de Vincennes à Paris, le 9 janvier 2015. Il leur a fallu du temps, beaucoup, avant qu'ils se remettent en cause. Faiblement et à huis clos.
Pour autant, pouvons-nous déjà nous réjouir de voir la presse découvrir l’esprit de responsabilité et questionner la pertinence de ses pratiques transmises par leurs anciens, si fiers d'avoir négocié pour ses journalistes des acquis exorbitants (notamment fiscaux) et si jaloux de ce "quatrième pouvoir" entre leurs mains ? Qu'en a-t-elle fait, sinon une arme personnelle ? Il n'est que temps que, si elle ne rend pas ce qu'elle s'est appropriée, elle partage et la mette au service de tous. Ce serait une authentique avancée; de celle dont la gauche pourrait longtemps se prévaloir, plutôt que du mariage entre personnes du même sexe. Elle cesseraient ainsi de ne servir que les plus riches ou les plus forts et leurs propres intérêts mercantiles, sans entraver les efforts des services mobilisés par l'état d'urgence contre le terrorisme.
Et peu importe qu'elle soit seulement motivée par le service de la majorité politique qui a actuellement sa préférence.
Redoutant une starification des terroristes dans leur milieu d'origine et que leurs forfaits faire école, certains journalistes ont cru bon d'occulter: un comble dans ce monde de l'information ! Ces dissimulateurs ont décidé de les "anonymiser" (écrit Renaud Dély: comprendre "anonymer" ! Il n'a jamais su écrire, mais est néanmoins directeur de la rédaction de Marianne depuis juin 2016, après avoir été rédacteur en chef de L'Obs). Si inhumains que soient les islamistes, la presse les affuble de termes aussi flatteurs qu'inappropriés: "l'homme" ou le " jeune homme", jusqu'à 30 ans et plus, pour désigner les assassins d'Allah. Les moins calibrés par l'idéologie dominante ou les plus téméraires ne révèlent que leurs initiales, quand ils ne leur attribuent pas un nom d'emprunt... Alors publier leurs photographies est du domaine de l'impensable. Que pourrait penser la communauté musulmane !
Les responsables de presse ne les suivent pas tous cette voie.
Il en est donc qui publient l’identité complète des auteurs d’actes terroristes et leurs photographies dès lors que ces informations sont avérées, c'est-à-dire transmises avec l'estampille d'un ministère, ou certifiées par l'AFP, voire diffusées sur Twitter, avec la faculté de faire disparaître l'info dans la minute qui suit... A la condition restrictive, toutefois, qu’elles concernent des personnes majeures et que leur divulgation n’entrave pas les progrès des enquêtes en cours et donc la sécurité de nos concitoyens, bien que la société privée de télévision qui se dit 1ère chaîne d'information en continu ait failli.
Quelles sont les quelques raisons simples, et évidentes qui peinent à s'imposer à la profession ?
D’abord, la fonction même du journalisme est d'informer ! Le lecteur est en demande d'informations complètes et de vérité, toute la vérité et rien que la vérité, dût-elle heurter. Ou déplaire aux politiques. La formation en école de journalisme - avec ré-éducation et formatage au détriment de la culture et de la déontologie- ne facilite pas la tâche des professionnels qui, de surcroît, sont des militants. Il n'est d'ailleurs jamais plus question de recherche de l'objectivité.
Ensuite, la liberté d'expression proclamée est muselée par une tendance stalinienne forte à la rétention de l'information.
Masquer des faits et donc une partie de cette vérité ne peut avoir qu’un effet contre-productif dévastateur sur la société elle-même. La connaissance n'est plus transmise par l'école et la presse n'ambitionne pas davantage de la diffuser. Dans un cas comme dans l'autre, le partage affaiblirait la position dominante à laquelle ils s'accrochent d'autant plus que l'un et l'autre détenteurs de la connaissance sont rivaux: ni l'école ni la presse n'entend répandre les informations qui pourraient saper son autorité. Le médecin et le juriste parlent-ils la langue commune ?
Le flou et le non-dit conviennent aux politiques mais sont-ils mieux appréciés que les journalistes ? Ces derniers dénoncent le poison du complotisme mais loin de livrer son antidote, ils l'alimentent, quand ils ne l'instrumentalise pas pour le dénoncer. Un cercle vicieux où ils s'épanouissent en faisant tourner la machine, rotative ou sites internet, dont ils combattent d'ailleurs les "adblocks". Il devient nécessaire à la survie de la poule aux oeufs d'or que la désaffection pour la presse-papier que suscitent les journalistes, du fait de leurs options idéologiques et économiques, soit compensée par des rentrées via le numérique ?
Aux problèmes de l'auto-censure et de la désinformation s'ajoute celui de l'arrogance de celui qui est placé pour savoir, mais décide de ce qui est public ou non. Bien que de plus en plus souvent illettré, le journaliste creuse ainsi un fossé entre la masse et lui, s'auto-proclamant analyste, expert ou décrypteur... des dépêches d'agences.
Ces spécialistes de l'intox s'arrogent même le droit à la désintox, déclarant vrai ou faux les propos des élus interrogés au dépoté et souvent sans notes (ni les fiches d'un service politique ou économique) et les accusant d'incompétence ou de malignité. Question manipulation ne se valent-ils pas pourtant ?
Le lecteur ressent fortement ce mépris du journaliste.
Alors qu'il le désinforme lui est insupportable. La période maintenant longue des attentats par des Français sortis de ses rangs exacerbe ce mécontentement: tout le monde lui ment ou lui cache quelque chose. Certains ont des raisons de taire que l'on peut croire supérieures; d'autres n'en ont aucune, sinon la volonté de dissimulation pour créer une supériorité de celui qui sait.
Paradoxalement, l'occultation de l'identité de terroristes contribue à pointer du doigt une communauté dont les patronymes devraient être masqués parce que de consonance étrangère. Ne pas nommer, c'est en fait trahir: lorsqu'une identité n'est pas révélée ou qu'une photo est tenue cachée, les fantasmes propres à chacun s'expriment. Les "pompiers-pyromanes" de la presse dénoncent alors xénophobie et racisme, islamophobie et extrémisme. Tenir dans l'ignorance ces honnêtes gens - pas plus "déséquilibrés" que les djihadistes médiatisés dans leur anonymat - c'est les livrer en pâture aux associations sectaires et virulentes, organisées en réseaux pour imposer leur dictature: voyez les ayatollahs de l'écologie ou les féministes staliniennes que les micros et caméras encouragent à la stigmatisation et à la haine de leurs semblables concitoyens. L'ignorance dans laquelle la presse tient les twittos et "mal-informés" est une excuse à leurs excès langagiers.
La décision de dire tout ce qui doit l'être pour permettre à chacun de se former former un jugement personnel serait une avancée de la démocratie.
Ce serait accepter de perdre des occasions de tacles des extrémismes de droite comme de gauche, les adversaires de la République se situant à la fois parmi les "fachos", vrais ou faux, et parmi les révolutionnaires "en marge" des manifestations, dans toutes ses nuances de noir et de rouge, ultra-gauche, antifa ou "black blocs". Un "bon Français" ne pourrait être que Pierre, François, Jean-Luc ou Cécile, mais il en serait de plus Français que les Français, mais ils seraient de gauche, pro-palestiniens et internationalistes et s’appelleraient Najat ou Momo. Ainsi, "Salah" pourrait apparaître en force dans les avis de naissance. On peut se prénommer Adel et être un excellent citoyen français, voire meilleur que certains, insiste-t-on, pointant le beauf moyen qui ne le vaudrait pas. Si fort que ça en devient peu crédible.
Or, l’innommable a un nom
Terroristes trop jeunes et sympathiques
pour être des barbares ?
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Le kamikaze avait même un visage, avant de commettre son forfait. Faut-il déplorer qu'il ne puisse prétendre à la place du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe ?
Quant à la publication des photographies d’identité des "auteurs d’actes terroristes" - en bref des terroristes, s'il est vrai que ces "personnes" le sont davantage encore que leurs actes - , elle doit répondre, elle aussi, aux mêmes exigences de l’information factuelle. Pour éviter toute forme d’héroïsation de ces tueurs, il serait désormais convenable de ne pas publier d’images les montrant sous leur apparence conventionnellement humaine, sympathique et représentative du plus grand nombre: seulement sombres et menaçants, au risque de les caricaturer. L'idée sous-tendue étant que le noir est laid et que le difforme est méchant, mais que le beau est sain et que le jeune est innocent. Une normalité apparente ne cadrerait pas avec la présentation inversée de leur personnalité. Quelques dérapages malheureux de professionnels de la presse lors de l'affaire Mohamed Merah devraient dorénavant préserver de toute récidive.
Il faudra à l'avenir se garder de toute photographie de ces individus.
Contrairement à ce que prétendent certains, les monstres peuvent avoir un visage humain. Ce n’est pas le propre de l’humanité d’engendrer ou de fabriquer des monstres. Ses barbares se sont déconstruits dans des familles, écoles et entreprises et ne sont pas des extra-terrestres.
Pour la presse, rechercher et dévoiler les informations qui les concernent et que possèdent les services de l'Etat (même si pour certains, comme Hollande, l'Etat, c'est eux), c’est une exigence déontologique à reconquérir, mais aussi citoyenne, évidemment ! La lutte contre le terrorisme est l'affaire de tous ceux qui ne renoncent pas à la défense de notre culture et qui ne capitulent pas devant l'ennemi extérieur infiltré parmi nous. "Mal nommer les choses, disait Albert Camus, c’est ajouter au malheur du monde". Comme l'ignorance est une cause d'asservissement. Les taire, c’est à nouveau prendre le risque de l'anéantissement de notre civilisation sous le joug de l'envahisseur barbarie. Il s'appelait "stalinisme" en Europe orientale et "nazisme" en Europe occidentale; il pourrait aujourd'hui se nommer "islamisme."
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