Par Manuel Valls, soi-même, dans Libération, le 4 août 2016 à 20:21
Le premier ministre a plusieurs groupes de presse à sa botte. Dans 'Libération' de jeudi, il répond à l’écrivain Edouard Louis et au philosophe Geoffroy de Lagasnerie, des intellectuels qui l’appellent à s’attaquer aux sources sociales de la violence.
Je ne peux pas laisser sans réponse la lettre ouverte publiée jeudi par Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie dans vos colonnes. Deux intellectuels de gauche, dans un journal de gauche, méritent une réponse claire [et les autres, non ?], d’un Premier ministre de gauche [d'après lui].
D’abord, parce que les auteurs, en niant que tout est fait pour lutter contre le terrorisme, alimentent les peurs des Français, ajoutent à la menace le doute et le scepticisme - je ne saurais l’accepter.
Mais aussi parce que ce faisant, ils mettent en cause l’action de l’Etat, l’action de celles et ceux qui, dans nos forces de sécurité et nos armées, dans nos écoles, nos hôpitaux, nos caisses de sécurité sociale, dans nos mairies, sont la réponse collective de la nation face au défi terroriste [l'échec est collectif et non personnel, tente de convaincre celui qui dispose des ressources de l'état d'exception, qu'il appelle "état d'urgence", histoire d'apparaître moins sécuritaire et plus respectueux de l'Etat de droit].
Les auteurs, dans leur texte, font preuve d’une cécité - sans doute très confortable - qui est selon moi une faute, accuse-t-il. Cécité par rapport à l’action des pouvoirs publics. Cécité, aussi, quant aux racines profondes de la menace. Je veux le dire très clairement aux Français : oui, nous faisons tout contre le terrorisme. [Cécité de premier ministre impuissant ?] Les auteurs opposent une action dans le seul domaine de la sécurité - surveillance, répression [car il n'est plus question de "prévention" dans les cercles dilatés de l'Etat-PS] et une action pour lutter contre les inégalités sociales [les allocations ventilées à l'aveuglette ?], scolaires [qui peut en effet faire plus en pure perte avec satisfaction ?], une action qui s’appuie aussi sur la connaissance et l’analyse des phénomènes, sur la recherche en sciences humaines et sociales, en psychologie [ronflant, mais poudre aux yeux, au vu du bilan].
Mais enfin ! Notre politique antiterroriste s’appuie - bien évidemment ! - sur ces deux piliers, et ce depuis plus de quatre ans. [C'est bien le drame !] Tout est mis en œuvre pour traquer les terroristes, empêcher des attentats, adapter notre arsenal législatif à une menace en constante évolution. [Et tant d'énergie pour quoi ? Au détriment du chômage et de la croissance]
[Fiers de faire la guerre contre d'ex-colonies]
Que la mise en scène est jolie ! |
Nous agissons aussi sur notre sol, avec le renforcement des effectifs et des moyens de nos forces de sécurité, avec deux lois antiterroristes, deux lois sur le renseignement, une loi sur la procédure pénale, avec la réforme du régime de l’Etat d’urgence. [la subversion ne se combat pas avec des textes; la paix religieuse ne se décrète pas] [Des civils et des policiers y sont sauvagement exécutés]
Mais nous agissons aussi, bien sûr, pour traiter les causes profondes du terrorisme, pour retisser les liens qui se défont dans notre société, pour combler ces fractures dans lesquelles les communautarismes [que la gauche favorise], les extrémismes s’engouffrent. Qui peut sérieusement soutenir que le gouvernement détourne les yeux face aux inégalités sociales, au chômage, à l’exclusion, aux discriminations, à la situation dans nos quartiers ? [Un gouvernement ne doit-il pas être jugé -plutôt qu'à des mots, des coups de menton, des invectives et des crises de nerfs- à ses résultats ?]
Alors que nous avons refondé l’école de la République , pour que l’égalité des chances [des dizaines de milliers de foyers touchés en août par la baisse ou la suppression des APL] ne soit plus une promesse se heurtant au mur des réalités [l'OCDE nous dira si, vraiment, 'ça va mieux' !].
Alors qu’élu d’Evry, j’ai été l’un des premiers à dénoncer l’existence d’un apartheid social et territorial au sein de notre République.
Alors que nous remettons avec détermination des services publics dans nos quartiers populaires, dans les zones périurbaines, dans le monde rural, en outre-mer comme en métropole.
Alors que nous faisons tout pour casser les logiques de ségrégation, pour ne rien laisser passer en matière de racisme, d’antisémitisme, d’homophobie. Pour que chacun se sente pleinement citoyen, partage une même envie de construire l’avenir ensemble. Le Parlement examine en ce moment même deux textes, l’un sur l’égalité et la citoyenneté et l’autre sur l’égalité réelle en outre-mer, pour que, partout, la République se traduise en actes. 
La formule de Manuel Valls "apartheid... par francetvinfo
[Après les attentats, Nicolas Sarkozy s'est dit "consterné" par l'emploi de Manuel Valls du terme "apartheid" pour qualifier la fracture de la société française.]
La formule de Manuel Valls "apartheid... par francetvinfo
Valls détient la vérité (officielle)
Dès 2013, le gouvernement s’est engagé dans une politique de prévention de la radicalisation, totalement novatrice dans notre pays. Après un premier plan adopté en 2014, le deuxième, que j’ai présenté, avec le ministre de l’Intérieur, en mai [2016], a bien comme objectif de mobiliser tous les ministères, notamment, aux côtés de la Justice et de l’Intérieur, ceux de l’Education nationale, des Affaires sociales, des Familles, ou encore de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. ["Nous faisons tout contre le terrorisme"] Et il faudra aller plus loin encore.
Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation pilote l’action de pas moins de 18 départements ministériels. Tous ces ministères ont intégré dans leur politique une dimension préventive face au terrorisme.
Non : contrairement à ce qui est asséné, la réponse gouvernementale ne se limite pas au démantèlement - nécessaire - des filières terroristes.? [Ce qui s'appelle distribuer des coups d'épée dans l'eau !]
Malgré tout cela, même si tous les moyens de l’Etat de droit sont mis en œuvre, le risque zéro n’existe pas. [La popularité du président à 13% et l'efficacité de son premier ministre, si] Dire cela, ce n’est pas un "discours de fatalité", mais un discours de vérité - confondre les deux, c’est au fond refuser de voir la réalité pour s’enfermer dans la posture. Une vérité dure, difficile à porter pour un Premier ministre, mais une vérité à laquelle les Français ont droit.
Oui, nous sommes entrés dans une période longue, la menace terroriste restera forte ["discours de fatalité" ?], et nous devons, chacun à notre place, faire face à ces risques nouveaux. Et moi, je crois que le vrai "discours de fatalité", c’est celui d’Edouard Louis et de Geoffroy de Lagasnerie [la faute aux autres. Et encore, le quinquennat précédent n'est pas mis en cause...].
En dressant un profil type des terroristes [délit de faciès], dont les points communs seraient la misère, l’exclusion, la désespérance sociale [profil dressé lors des "printemps arabes"...] - ce qui est au demeurant loin de se vérifier à chaque fois -, ils dessinent, en creux [on reconnaît le bac +3 non sanctionné d'un quelconque diplôme], une forme de déterminisme, qui ferait de tous les jeunes des quartiers populaires des terroristes en puissance.
C’est ce discours - le même qui était présenté il y a quelques années concernant la délinquance - qui est dangereux. Car il crée la suspicion vis-à-vis de l’immigration et de l’islam, car il accroît les divisions, fait le jeu des populismes.
Enfin, quand on est intellectuel et que l’on analyse les dynamiques sociales du terrorisme, il est curieux de faire une impasse totale sur la matrice idéologique qui nourrit le [d]jihadisme, en grande partie salafiste. Comment ne pas voir que la sphère [d]jihadiste constitue une entreprise idéologique à visée totalitaire d’un genre nouveau ? 
Schémas classiques
Curieux, aussi, de ne pas s’intéresser à la relance [à peine amorcée] du chantier de construction d’un islam de France, à la fois reconnu et respecté au sein de la nation [il ne fonctionne pas: difficile de le reconnaître et le respecter]. Elle répond à la double nécessité de réaffirmer la pleine appartenance des Français de confession musulmane à la vie collective [n'est-ce pas plutôt à eux de se manifester comme tels ?], dans le respect des règles de la laïcité.
Et elle vise à prévenir les tentatives de déstabilisation dont certaines associations cultuelles peuvent être victimes [Aux Pennes-Mirabeau dans les Bouches-du-Rhône ils font de la provocation avec la privatisation d'un parc aquatique avec port du burkini obligatoire].
Les auteurs reprochent au gouvernement de ne pas avoir de "réflexe de gauche"… Mais être de gauche, c’est voir qu’il y a, bien sûr, des déterminants liés à la situation économique et sociale, mais voir aussi que ce n’est qu’une part de la réalité. C’est appréhender les situations dans toute leur complexité. C’est voir que parfois les schémas classiques, les grilles de lecture binaires [rien à côté de la binarité et des évidences du bipolaire Valls] n’offrent pas toutes les réponses.
Alors moi je crois que ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce n’est pas de "réflexe de gauche", mais d’une politique de gauche, c’est-à-dire une politique globale, profondément républicaine, qui agit sur tous les leviers. Une politique qui est aussi exigeante et s’inscrit toujours dans le cadre de l’Etat de droit, du respect des droits des personnes, du refus de l’arbitraire. Voilà la politique que nous menons et continuerons de mener pour protéger nos concitoyens.
[Olé !]
Manuel Valls
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