Ile-de-France - Huchon se dit persécuté
Avec Le Figaro, PaSiDupes vous propose cet entretien avec Jean-Paul Huchon
LE TALK : 06/06/2008
Avec Le Figaro, PaSiDupes vous propose cet entretien avec Jean-Paul Huchon
LE TALK : 06/06/2008
Le président PS de la Région Ile-de-France était l'invité du talk du 6 juin 2008
Laurent Guimier - Bonsoir Jean-Paul Huchon. Grand Paris, le grand chantier du président, dix architectes, six mois pour pondre un projet pour l'Ile-de-France et pourtant vous n'êtes pas content, vous l'avez mal pris sur la forme, sur le fond, pourquoi n'êtes-vous pas content ?
Mal pris sur la forme parce qu'on ne nous a jamais consultés ni associés, à la limite on sait que M. Sarkozy n'est pas un fan de la conversation préalable avec les élus. Mais c'est surtout que cela fait trois ans que de par la loi qui m'en fait l'obligation, je mène une opération de définition d'un schéma d'aménagement de perspectives. L'Ile-de-France dans vingt ans, qu'est-ce que cela sera, qu'est-ce qu'on y fera et qu'est-ce qu'on y construira ou pas, etc. Ce travail est achevé. La commission d'enquête, qui a été considérable sur quatre mois avec… 654 pages de rapport que je n'ai pas vu - un travail énorme - va être rendu le 11 juin, c'est-à-dire dans quelques jours. Nous nous allons voter définitivement mi-septembre que l'on va pouvoir consulter, le Conseil économique et social, les chambres de commerce, les départements, etc. Ca fait donc trois ans. Il y a un effort de définition en commun et consensuel d'un avenir pour l'Ile-de-France. Et là tout d'un coup, il y a dix architectes qui, en trois mois, vont pondre des choses sur lesquelles ils n'ont, dans la plupart des cas, pas la moindre notion, parce qu'on leur demande de se prononcer, je ne sais pas, sur la gouvernance de la région. Mais est-ce qu'ils connaissent simplement les institutions, est-ce qu'ils savent ce que fait un conseil général, un conseil régional?
Ils ne sont pas totalement ignorants non plus. Au fond, cela veut dire quoi ?
C'est le syndrome du roi dans son royaume ou de l'empereur qui décide de construire des symboles architecturaux, qui se fait plaisir. Chaque président à fait cela. Pompidou l'a fait avec Beaubourg, Mitterrand avec la Très Grande Bibliothèque ou les colonnes de Buren ou la pyramide du Louvre. Giscard avec Orsay. Tout le monde l'a fait. Je ne peux pas empêcher le président de la République de le faire, mais ce n'est pas cela… l'avenir d'un territoire qui, quand même, représente 12 millions d'habitants et, il faut malheureusement le dire, 30 % du PIB français. Il faut prendre ces choses-là sérieusement. Regarder les acteurs économiques, leur demander leur avis, etc. Là, on est carrément dans la paillette et la com. [Huchon se plaindrait-il de ne pas être roi en son royaume ?]
Il y a une autre pomme de discorde avec le gouvernement et l'État, c'est ce fameux plan opération campus. Valérie Pécresse a révélé le nom de civils qui vont faire l'objet de rénovation pour leurs universités. Quatre milliards de crédits. Six villes en province, rien en Ile-de-France et ça aussi cela vous a mis colère ?
Je pense que cela fait partie de cette espèce d'opération généralisée : essayer de démontrer que la région Ile-de-France, son président, accessoirement moi-même, est incapable de gérer sa région, de faire des choses… [l'Etat régional, c'est moi !]
C'est grave ce que vous dites, il y a un plan coordonné contre vous ?
Ah, totalement ! Contre moi, contre la région, contre la gauche pour la reprise de cette région qui compte tellement et qu'ils ont gardé si longtemps. Mais surtout, c'est quand même très hypocrite parce que Mme Pécresse demande un plan campus pour regrouper les universités qui vont faire des efforts ensemble et pour rattraper leur retard de bâtis de constructions, d'équipements. Or, il n'y a qu'en Ile-de-France, parce que l'État n'a jamais fait son travail, ce n'était pas de la compétence des régions, ce n'est de notre compétence parce que nous avons accepté d'y mettre autant d'argent que l'État sur les six ans qui viennent, c'est-à-dire 700 millions d'euros chacun. Ayant demandé tout cela aux universités françaises, je rappelle qu'il y a quand même plus de 50 % des étudiants, plus de 45 % des professeurs et des chercheurs en Ile-de-France, que ce sont souvent les meilleurs, et donc je trouve cela d'une absurdité ou d'une espèce de mesquinerie à l'égard de l'Ile-de-France. Il paraît qu'il y a un deuxième tour, un tour de rattrapage ?
Cela s'achève demain, il y a quatre nouveaux sites qui seront… ?
S'ils ne nous rattrapent pas des projets pour l'Ile-de-France, je pense en particulier à Paris-Est, à Paris-Sud, Paris-Sud-Saclay, on veut faire de Saclay la Silicon Valley ou on ne veut pas ? Si ça n'y est pas, cela discréditera très clairement la démarche de Mme Pécresse.
Vous avez des mots très durs donc également pour le président. Vous dites qu'il fait une opération politique ?
Je pense qu'il y a une espèce d'ordre donné dans le gouvernement, de dire partout et de commencer cette campagne régionale avec deux ans d'avance.
C'est Nicolas Sarkozy qui orchestre cela, oui ou non ?
Je suppose qu'il est à la manœuvre, sinon ça ne se comprendrait pas.
Très bien, au moins c'est clair. On verra les répercussions qu'auront ces propos. Il y a une tradition dans cette émission M. Huchon, c'est une vidéo que l'on vous montre. Cette vidéo tourne beaucoup sur internet depuis quelques jours : on vous voit avec François Hollande au bord d'un terrain de foot. C'était le 20 mai dernier lors d'un match caritatif. Visiblement, vous ne savez pas qu'on vous filme et ?
Ah si ! tout à fait.
Ah ! Et là, vous parlez de Ségolène Royal. Regardez… (passage de la vidéo).
Cela se passe le 20 mai dernier. Concrètement vous critiquez la diabolisation dont est victime Ségolène Royal, la diablesse…
Je n'arrive pas à comprendre l'intérêt que nous avons à dire que Ségolène n'est pas chez nous, n'est pas digne d'être chez nous, etc. Cela a été notre candidate, elle a fait quand même 47 %, ça n'est pas un score ridicule et tous nos candidats ont le droit de se présenter et je crois que c'est très très maladroit, par rapport à tous ceux qui ont cru dans cette aventure - que je n'ai pas partagée, je le dis d'autant plus tranquillement. Je l'ai partagé comme militant du PS, j'ai collé des affiches, j'ai fait tout ce qu'il fallait…
Vous n'y croyez pas plus aujourd'hui à Ségolène Royal ?
Il faut un troisième larron. Il faut quelqu'un, un troisième force qui se mette vraiment au travers et qui soit en même temps capable d'être l'opposant, non pas à ce gouvernement, à ces ministres qui n'existent pas. Il n'y a que Sarkozy. C'est être l'opposant à Sarkozy. Ce n'est pas simple.
C'est Martine Aubry. Dimanche dernier, on vous a vu très très en verve à ses côtés à la réunion des reconstructeurs ?
Il faut quelqu'un qui ait du punch, du talent et qui puisse équilibrer la force, l'espèce de bulldozer médiatique que représente ce président de la République.
Cela peut être Martine Aubry ?
Cela peut être Martine Aubry mais cela peut être d'autres personnes, mais cela peut être Martine Aubry, oui.
Ce sera elle si elle se déclare, pour vous. Vous la soutiendrez ?
Pour le moment, elle ne s'est pas déclarée. Je pense qu'elle travaille plutôt à reconstituer une équipe. On va oublier le terme, être une équipe…
Questions d'internautes. Géraldine : vous vous représentez aux prochaines régionales. Là j'imagine que oui, parce que vous l'avez laissé poindre tout à l'heure ? Oui, je n'ai pas envie que tout ce que nous avons encore à finir soit balancé aux orties. Je crois que j'ai encore un boulot à faire et je pense que les Franciliens me connaissent bien maintenant.
Mickey : Charasse, exclu du PS alors que Frèche est toujours là, il y a deux poids deux mesures au PS ?
Oui, si vous voulez. Je n'ai jamais été pour des logiques d'exclusion. D'autant plus que très souvent nos exclus reviennent par la fenêtre et qu'il faut ensuite à nouveau les soutenir.
Georges Frèche aux sénatoriales à l'automne prochain.
Oui.
Fernand : Si cela dégénère, DSK est-il le recours ?
Dominique Strauss-Kahn peut être aujourd'hui un candidat présidentiel, je ne dis pas pour le Parti aujourd'hui, parce que la situation économique sera devenue extrêmement difficile et qu'il faut à la fois quelqu'un maîtrisant, et je crois qu'il les maîtrise, les mécanismes économiques, et capable d'inventer de nouveaux mécanismes sociaux et cela n'est pas donné à tout le monde.
Vous vous sentez toujours l'ennemi public numéro un aux yeux de Nicolas Sarkozy, vous avez dit cela l'autre jour ?
Dans la région, on a vraiment cette impression. C'est extrêmement désagréable, parce qu'il n'y a personne qui soit plus consensuel et plus loyal à l'égard du pouvoir d'État que moi, je l'ai prouvé quand je n'avais pas de majorité, je l'ai prouvé quand j'avais de la majorité et il suffit de demander l'avis aux différents ministres, aux préfets, etc. pour savoir que je suis un très bon interlocuteur correct.
Il ne vous a pas appelé ?
Non-non. Il m'a dit un jour «passe me voir»…
Ah ! Vous vous tutoyez quand même ?
Oui oui, bien sûr. Mais on avait des relations tout à fait normales avant.
Alors peut-être que ça s'arrangera, on verra cela plus tard.
Bien sûr, on peut l'espérer.
La faculté pourrait-elle faire quelque chose pour lui ?
Au lieu de s'inquiéter des élections de 2012, ils fairaient mieux d'avoir des idées, et de sacrément bonnes !
RépondreSupprimerC'est ainsi que la gauche m'est apparue rapidement après 1981 : toujours dans la course aux élections, toujours pour battre la droite, toujours pour qui ou pas qui, des ruses de sioux pour être propulsé sur le devant de la scène,toujours des guerres de pouvoir à l'intérieur même du parti.
Rien de passionnant.
Mais fort réjouissant car toujours avec deux trains de retard ( au moins ): qu'ils continuent comme ça, et ils ne sont pas prêts de regagner la Présidentielle !