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vendredi 13 juin 2008

53,4% des Irlandais refusent le Traité de Lisbonne par référendum

L’A*P transforme ce refus en revers pour Sarkozy

Le Président Sarkozy est-il Irlandais ? Est-il déjà président de l’U.E. ? Pas de problème ! L’agence de presse partisane n’accable ni le gouvernement irlandais, ni le président de l’Union Européenne en exercice : l’agence de presse aurait pu logiquement culpabiliser la présidence slovène (depuis le 1er janvier 2008, ou socialiste italienne précédemment), mais elle préfère en faire une affaire intérieure française... D’autres responsables naturels, s’il en fallait, auraient pu être la présidente irlandaise, Mary McAleese, d’autant qu’elle est conservatrice et le Premier ministre, Brian Cowen, qui est de centre droit. Alors pourquoi ne pas montrer du doigt les eurosceptiques et Rupert Murdoch, le magnat de la presse? Faut-il donc être des journalistes au sens très douteux de l’objectivité et avoir la haine tenace pour impliquer prématurément le Président Sarkozy et lui souhaiter bien du mal par avance en titrant :
« Le non irlandais frappe de plein fouet la présidence européenne de Sarkozy »


Le journaliste partisan prend ses désirs pour des réalités en estimant que la crise provoquée par le rejet du traité européen de Lisbonne en
Irlande serait un désaveu direct de la présidence française du Conseil de l'Union Européenne. Il préjuge de ce qu’elle sera. Selon ce politologue, ce revers européen devrait remiser au second plan les ambitieux projets que le président Nicolas Sarkozy entendait lancer à partir du 1er juillet.


Un défi à relever


Pour Hugo Brady, du "Centre for european reform" basé à Londres, la présidence française est "plongée dans la confusion la plus totale" avant d'avoir commencé. A la lecture de la dépêche d'agence, le lecteur pourrait douter que Hugo Brady se désole que "le sommet européen du 19 juin, encore sous présidence slovène, va s'ouvrir dans une atmosphère de crise" . L’ambiguïté est artificiellement créée par le journaliste tendancieux car l’expert est pro-européen.


Avant le ‘non’ irlandais, le Président Sarkozy avait envisagé de consacrer sa présidence à plusieurs chantiers phares: défense, énergie et réchauffement climatique, Union pour la Méditerranée ou un pacte pour l'immigration.
"Les quatre priorités définies par Nicolas Sarkozy pour la présidence française portent sur le fond et peuvent être atteintes dans le cadre du traité de Nice, malgré la victoire du non irlandais", assurait-on à l'Elysée. "Ces vrais objectifs concrets doivent montrer que l'UE est capable de répondre aux préoccupations concrètes des Européens, ce qui est précisément tout le message du non irlandais", faisait-on valoir.

Le message est d'ailleurs repris par le ministre des Affaires Européennes,

Et N. Sarkozy devait aussi préparer les premières réformes institutionnelles du traité de Lisbonne, comme les nominations du "président de l'UE" et du nouveau Haut représentant des Affaires étrangères, qui ne sont plus à l'ordre du jour. Les priorités restent-elles les mêmes?

Mauvais coup de l'Histoire, c'est à Paris qu'il revient d'éviter une paralysie européenne identique à celle qui avait suivi le non français en 2005. Et, comme à l'époque, aucun "plan B" n'est prêt dans les tiroirs européens.
Hugo Brady évalue honnêtement l’ampleur du défi posé à la présidence française et relève que "les Français vont tenter de sortir de cette pagaille, mais ils n'ont pas beaucoup de temps: si on tient compte des vacances d'août, c'est une présidence de cinq mois".
Le temps imparti au Président Sarkozy est limité à six mois et Brady rappelle qu'après les ‘non’ français et néerlandais, "aucune réponse immédiate n'a été trouvée: il a été décidé une période de réflexion et rien n'a été fait pendant un bon moment".

Pour Jean-Dominique Giuliani, de la Fondation Robert Schuman, ce précédent va au contraire pousser la présidence française "à accélérer". Sarkozy sait faire, mais l’UE n’est-elle pas une belle endormie ?
Jean-Dominique Giuliani est confiant que tout ce qui sera possible sera tenté, quitte à ce que les successeurs de la France, la
République tchèque, puis la Suède, touchent les dividendes de la relance française. "Nicolas Sarkozy va prendre le taureau par les cornes et précipiter les initiatives. Il dira: avance qui veut, mais on ne nous empêchera pas d'avancer", prévoit-il, ajoutant: "la chancelière allemande Angela Merkel a déjà exclu de renégocier".
"On dira aux Irlandais : ‘quelles sont les garanties que vous voulez’, comme on l'a fait à propos du traité de Nice", qu'ils avaient rejeté dans un premier temps, explique J.-D. Giuliani. Selon lui, "une réaction très vive mettra les Irlandais en situation de dire ce qu'ils veulent".


Mais pour Thomas Klau, du "European Council on Foreign Relations", un tel scénario n'est envisageable que si la crise oppose l'Irlande à ses 26 autres partenaires. Or "si la Grande-Bretagne et la République tchèque cessent à leur tour leur processus de ratification, tout le débat institutionnel sera rouvert sans solution en vue". Or, la Grande-Bretagne confie la responsabilité d’isoler les Iles Britanniques du reste du continent européen au Parlement et non pas à un référendum populaire et le ‘oui’ n’est pas garanti…
Face à Londres et à Prague, la présidence française et ses partenaires pourront faire preuve de persuasion mais n'ont "pas de moyens contraignants", souligne-t-il.


Sylvie Goulard, présidente du Mouvement européen France, considère que toute consultation future de ce type devrait se faire "avec une sanction à la clé en cas de non".
Pour elle, "la présidence française a intérêt à garder son agenda" même s'"il est évident que ce ne sera pas 'business as usual' [les affaires continuent] ".

1er janvier 2009 : entrée en vigueur du traité de Lisbonne prévue à son article 9, sous réserve que tous les États membres aient procédé à sa ratification à cette date.

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