La polémique au PS sur le libéralisme fera-t-il monter le cours de la LCR
Quand l’entourage de Bertrand Delanoë surnomme Sa Cynique Majesté Royal «"Che"golène» parce qu’elle «cite Jaurès quatorze fois par phrase et déclare le libéralisme incompatible avec le socialisme», le leader de la LCR se frotte les poings. Et lorsque l’ex-candidate assure que «le capitalisme détruit les hommes et les femmes. […] C’est ça, le libéralisme», il est prêt à déposer son dossier de retraite.
Quand l’entourage de Bertrand Delanoë surnomme Sa Cynique Majesté Royal «"Che"golène» parce qu’elle «cite Jaurès quatorze fois par phrase et déclare le libéralisme incompatible avec le socialisme», le leader de la LCR se frotte les poings. Et lorsque l’ex-candidate assure que «le capitalisme détruit les hommes et les femmes. […] C’est ça, le libéralisme», il est prêt à déposer son dossier de retraite.
A la LCR, on sait qu’en matière d’anticapitalisme et de référence au Che, la crédibilité de Besancenot n’a pas d’égal. Les trotskistes ne craignent pas un seul instant que les saillies «gauchistes» de Royal lui retirent des clients: avec ses grands coups de râteau à gauche elle va prendre une pelle de plus, vu sa crédibilité générale. Elle ne réussira, pensent-ils, qu’à conférer une légitimité supplémentaire au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en cours de lancement par la Ligue.
Pourtant, l’un des porte-parole de la vertueuse formation trotskiste s’irrite : «C’est l’hommage du vice à la vertu, ironise Alain Krivine. Ce faux débat sémantique discrédite encore plus le PS. Tout le monde sait qu’ils défendent tous les deux l’économie de profit ! Et qu’ils se font concurrence uniquement pour savoir lequel sera premier secrétaire et candidat en 2012.» Non content de relever dans beaucoup de déclarations des socialistes «un nouveau signe que le PS est obsédé par Olivier Besancenot», Alain Krivine se félicite qu’«ils se rendent comptent qu’une partie de la gauche se détache d’eux et se radicalise. Et ils ont peur que cet électorat ne se reporte plus sur eux».
D'ailleurs, lundi, Julien Dray, porte-parole du PS, confirmait le constat dans Libération : «Si nous donnons le sentiment de laisser tomber le drapeau, d’autres, comme Olivier Besancenot, se chargeront de le ramasser.»
Une analyse reprise par Razzye Hammadi, membre de l’aile gauche du PS : «A chaque fois qu’on papillonne et qu’on laisse Besancenot s’exprimer sur l’essentiel- la répartition capital-travail, l’investissement public et la défense des salariés -, cela ne peut que lui profiter !» Son courant, le NPS, espère lui aussi engranger sur l’antilibéralisme au sein du PS. Pour Razzye Hammadi, la sociologie uniforme et notabilisée du PS l’empêche de contrer «la synthèse politique et culturelle que Besancenot est en train de réussir entre les jeunes des quartiers populaires et les déçus de la gauche de gouvernement appartenant aux catégories populaires».
Le NPA en gestation donne donc bien des nausées au PS. Selon une note interne à la LCR, qui circule chez les dirigeants socialistes et que Libération diffuse, «la première phase du processus de lancement du NPA est un succès». La grossesse arrivera à terme! Les socialistes ont la désagréable surprise de relever que «les points forts [du NPA] sont sur les lieux où le PS est implanté à l’ancienne : Seine-Maritime, Pas-de-Calais, Bouches-du-Rhône, région toulousaine». Il y a de la rumba dans l’air. «Révélateur de notre non-évolution/notabilisation» maugrée un cadre socialiste.
Le PS s’est tellement investi dans son opposition systématique au pouvoir, qu’il n’a pas vu venir la LCR sur sa gauche. Grâce à l'amère Royal et à sa polémique sur le libéralisme, Besancenot apparaît soudain comme le troisième homme et un parti de "perturbés".... «C’est vers le NPA que beaucoup de militants de gauche, perturbés, se tournent. Et pas vers le PCF. Le jeu s’est polarisé entre Royal, Delanoë et Besancenot» , constate l’antilibérale Clémentine Autain (née en 1973 à Saint-Cloud, Hauts-de-Seine) qui n’a jamais su plus où elle habite. L’apparentée PCF est-elle disposée à une co-location avec la LCR ? «l’enjeu est de savoir si le NPA est prêt à s’ouvrir à d’autres sensibilités ou cultivera son pré carré d’extrême gauche». Son père, le chanteur Yvan Dautin (né Yvan Autain) , ne fut-il pas militant à la fois anarchiste et trotskiste ?...
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