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dimanche 8 juin 2008

Devedjian s'exprime sur Dati, Obama, parité, diversité, redevance, Charasse, ISF, 2012...

LE TALK de Le Figaro: Patrick Devedjian 04/06/2008
Lire aussi l'entretien précédent avec E. Guigou dans PaSiDupes
Le secrétaire national de l'UMP était l'invité du Talk le 4 juin.
Laurent Guimier - Patrick Devedjian, bonsoir. Alors ça y est, Rachida Dati est sauvée, le président de la République l'a défendue ce matin. Le banc est fermé. Il n'y a plus d'incident?
Patrick Devedjian - Attendez, d'abord elle ne méritait pas d'être condamnée. Ce qui était en cause, c'était le jugement. Notre pays est curieux, ce n'est qu'un jugement et la justice, c'est le jugement, l'appel et la Cour de cassation. Je suis contre ce jugement aussi. Je suis donc très défavorable à ce jugement. Il y a la cour d'appel et le pourvoi en cassation, je pense que les principes généraux du droit trouveront à s'appliquer.
Sur le fond des propos tenus hier par Mme Dati, c'était très virulent contre les socialistes. N'est-ce pas un peu caricatural de leur faire porter l'échec de la banlieue?
C'est quand même de grands donneurs de leçons, on ne peut pas leur retirer ça. Et il est vrai que toute la politique qui a consisté à s'appuyer sur ce que l'on a appelé les grands frères, c'est une politique qui a laissé, en général, les jeunes filles seules, voire dominées par ces grands frères, avec souvent un comportement peu favorable à l'indépendance de la femme.
Vous parliez d'un jugement tout à l'heure. Là, on était dans la politique un peu caricaturale. Est-ce que quand même le grand écart n'était pas trop important hier?
Parce que, sur la forme, c'était très violent. Les questions de l'Assemblée nationale sont souvent très insidieuses et très violentes. Rachida Dati a aussi essuyé quelques quolibets très mal venus et tout à fait indignes. Elle a vécu ça, elle a une sensibilité à fleur de peau sur ces sujets-là. Je pense que la gauche a voulu la provoquer.
Après cet incident, est-elle confortée à la Chancellerie ou fragilisée?
D'abord, elle n'est pas responsable des jugements qui sont rendus. Son devoir, d'ailleurs, est de les protéger, de les défendre quels qu'ils soient. La garde des Sceaux est garante des décisions de justice jusqu'à ce qu'elles changent et elle a pris les moyens pour cela.
Faut-il changer la loi?
Non, pas de mon point de vue. Je suis très hostile à changer la loi à chaud, chaque fois qu'on a une émotion. C'est ainsi qu'on a des lois qui se superposent et qui sont illisibles mais éventuellement il faut aller, si c'est nécessaire, devant la Cour de cassation avec une vraie argumentation et il y en a une.
L'UMP sera toujours derrière Mme Dati dans ces moments d'épreuve?
D'abord c'est la vocation de l'UMP de soutenir le gouvernement quand il a une difficulté. Sa vocation, c'est d'être derrière quand le gouvernement est en difficulté et devant, pour déminer le terrain.
L'information du jour, c'est Obama, candidat démocrate aux États-Unis qui revendique sa victoire sur Hillary Clinton. L'image tourne en boucle sur tous les sites de vidéo, regardez! (Passage de la vidéo web du jour).
Franchement, M. Devedjian, vous êtes citoyen américain aujourd'hui, vous votez pour qui? McCain ou Obama?
Sincèrement ! Je ne sais pas si, comme secrétaire général d'un parti politique français, je dois donner mon choix.
Le choix du cœur?
Je trouve M. Obama très sympathique.
Vous voteriez Obama?
Je ne crois pas avoir le droit d'intervenir comme ça comme responsable politique dans un autre pays. Je ne le ferais pas dans n'importe quel pays mais Obama me plaît bien. D'ailleurs, il y a très longtemps, Nicolas Sarkozy m'avait dit qu'il l'avait découvert et que c'était quelqu'un qui avait de l'avenir. Ce que j'ai admiré, on ne fait pas ça en France, malheureusement on n'est pas comme ça, c'est qu'à peine désigné, il a fait immédiatement l'éloge d'Hillary Clinton et je trouve qu'il s'est grandi en le faisant.

C'est-à-dire qu'en France, on n'est pas prêt de voir un Noir au deuxième tour de la présidentielle?
Vous savez, on fait des progrès quand même. D'abord, avec Nicolas Sarkozy, on a quand même, pour la première fois, un gouvernement qui représente la diversité et Rachida Dati, dont vous parliez à l'instant, de ce point de vue-là, c'est aussi quelque chose de symboliquement très fort. Et puis, il y a une chose à laquelle je suis sensible, pour la première fois, dans son histoire, ce pays a comme chef d'État, un enfant d'immigré.

Parlons un petit peu de parité, vous parlez des femmes. Parité hommes-femmes sur le plan professionnel a fait son entrée dans la Constitution et boum, le même jour, l'UMP se fait taper sur les doigts parce qu'il n'y a pas assez de femmes candidates aux législatives, cela fait 4 millions d'euros en moins dans le budget mais surtout, cela la fiche mal?
Oui, bien sûr mais on le savait dès le départ, c'est un peu du réchauffé parce que nous savions que nous aurions cette conséquence au moment de nos investitures. Ce que je veux dire, c'est que naturellement la parité est nécessaire, et le rééquilibrage de notre représentation vers plus de femmes est indispensable. Mais il est très difficile et c'est surtout très difficile à faire quand vous êtes sortant majoritaire parce que, pour remplacer un homme qui est député sortant, par exemple, il faut quand même un motif très fort et la personne n'a pas démérité, il faut donc que la place soit libre et malheureusement, c'est seulement lorsque l'on a perdu, qu'on a plus de chance de rééquilibrer.

Question d'actualité, aujourd'hui les députés socialistes ont quitté la commission Coppé sur la réforme de l'audiovisuel public. Question technique : le président de cette commission est Jean-François Coppé et Mme Albanel se sont prononcés pour l'indexation de la redevance sur l'inflation. Donc, augmentera-t-elle tous les ans au même rythme que l'inflation?
Je crois que c'est raisonnable, c'est un bon compromis entre ceux qui ne voulaient pas qu'on y touche et ceux qui voulaient qu'on l'augmente inconsidérément. Les socialistes sont partis, parce qu'ils voulaient faire payer les Français davantage, ce sont les champions des taxes, tout de même.
Je me souviens, au mois de janvier, après que Nicolas Sarkozy ait annoncé la fin de la publicité sur le service public, vous aviez dit : il faudrait quand même se poser la question du trop-plein de chaînes dans l'audiovisuel public. Je continue à le penser.

Faut-il privatiser une chaîne? Je ne sais pas mais ce que je vois, c'est que de manière insensible et depuis de nombreuses années, les chaînes publiques se sont ajoutées aux chaînes publiques et donc les coûts aussi.
En tous les cas, il faut se poser la question du périmètre. Alors, ce n'est peut-être pas de saison aujourd'hui mais, enfin, la réflexion doit être globale.
Cela l'était en janvier et cela ne l'est plus maintenant?
On est axé sur un problème du financement des grandes chaînes publiques. C'est l'occasion de se poser une question sur le périmètre mais on sait bien que ce n'est pas ça qui résoudra le problème.
On termine l'émission avec des questions d'internautes : questions courtes et réponses en 15 secondes, c'est la règle du jeu. Question posée sur Orange actu et Figaro.fr.
La première est celle de Patrice : ne pensez-vous pas que le président Sarkozy veut neutraliser tous les prétendants potentiels à sa succession (bien sûr, vous ne le direz pas ouvertement!) ?
(Rires). Non, je ne le dirai pas ouvertement parce que je ne le pense pas et la preuve de cela, c'est que c'est lui qui a voulu que lorsque nous avons réformé les statuts de l'UMP c'est-à-dire le prochain candidat soutenu par l'UMP à l'élection présidentielle, soit élu par tous les adhérents à l'UMP y compris si c'est le président sortant.

Deuxième question d'Élodie : Michel Charasse viré du PS… l'accepteriez-vous à l'UMP?
Il est sympathique mais c'est plutôt à lui qu'il faut le demander. Nous, on accepte tout le monde, on a vocation à rassembler très largement et quand un adversaire veut passer à l'UMP, il est le bienvenu, nous ne sommes pas sectaires mais c'est à lui qu'il faut poser la question.

Troisième question de Jack : quand allez-vous supprimer l'ISF?
Aujourd'hui, quand même, grâce aux mesures qui sont dans le fameux paquet fiscal, c'est-à-dire l'obligation d'investir en échange de l'impôt, il me semble que l'ISF n'est pas un vrai sujet de discussion.
Vous étiez à l'apéritif à l'Élysée lundi soir. Nicolas Sarkozy a réuni quelques proches dont vous et a parlé de 2012 et il a dit qu'il fallait que vous soyez en position de l'emporter. De qui parlait-il?
De lui. Il parlait de la majorité, c'est-à-dire de la droite, de l'UMP.
Et de lui?
Non, d'abord, là-dessus, il répète sans arrêt que sa volonté, son fil rouge si j'ose dire, c'est de redresser notre pays, c'est de réformer pour rattraper notre retard. La France est en retard. Et il dit : le temps qu'on prend à durer est du temps qui est perdu pour faire. Donc il veut d'abord faire. Et vous le voyez d'ailleurs, il est énergique et il se consacre plutôt à changer les choses qu'à vouloir durer personnellement mais on verra à ce moment-là. Peut-être que nous, nous voudrons que lui se représente.
Le souhaitez-vous?
Oui, je le souhaite parce qu'il est bon et efficace. Il n'y a aucun doute.

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