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dimanche 25 mars 2007

Royal: ses 'jurys citoyens', c'est quoi?

Jurys citoyens segogols et populisme.
Le projet socialiste pour la présidentielle 2007 est extrêmement modulable et flou, donc confus. Il se réduit à un salmigondis de phrases nébuleuses qui laissent perplexe sa propre équipe de campagne et dubitatif, l’électorat . Interrogée sur quelques éclaircissements bien légitimes lors de ses apparitions radio-télévisées, elle esquive et contourne, dresse des rideaux de fumée et laisse chacun toujours plus embarrassé derrière cet épais brouillard. Le peuple reste incertain, insatisfait et méfiant : ce qu’on appelle pompeusement la ‘pensée’ de Sa Cynique Majesté Royal n’est pas claire, en effet.

Les médias sont donc amenés à pallier le manque en comblant ce vide par des exégèses qui valent ce qu’elles valent. Ce sont des supputations qui ont pour seul mérite de ne pas engager la candidate rose! Car si la rose perruche lance le mot ‘jury populaire’ pour le rebaptiser, tout bien réfléchi, ‘jury citoyen’, c’est qu’elle improvise et ne sait pas au fond ce qu’elle dit. Elle ne sait pas si elle a les moyens d'appliquer cette idée fumeuse. Elle sait pourtant en revanche que les Français sont curieux d'en savoir plus, mais peu intéressés à une participation ! Mais elle persiste dans l'erreur... Dès lors, comment les exégètes professionnels, et souvent militants, pourraient-ils disserter sur ce que l’auteur elle-même ne connaît pas ?

Lors du rassemblement de la Cité de la réussite, à la Sorbonne, Marie-sEGOlène Royal a proposé, le 22 octobre 2006, l'instauration de "jurys populaires", qu'elle entend mettre en place si elle était élue en 2007. Les citoyens pourraient ainsi évaluer l'ensemble des politiques publiques et juger l'action des élus. Ces jurys, d'une taille comprise entre vingt et cent personnes, seraient tirés au sort et viseraient avant tout "à rénover la démocratie représentative", assure-t-elle (parallèlement au Parlement et donc en doublon) sans être "un instrument punitif ou de coercition envers les élus", rectifie sa conseillère, Sophie Bouchet-Petersen, qui se veut rassurante (voir biographie dans le libellé à son nom de PaSiDupes) . On saura donc vaguement ce que ça ne serait pas, mais vraiment très peu ce que ce pourrait être !
Par ailleurs, le tirage au sort, à partir de listes de résidents [nationaux, européens ou étrangers?], permettrait de mélanger, par sélection aléatoire, des "bac + 7 aux bac - 7". Des ‘bac – 7’, mais majeurs ? Pour la présidente de Poitou-Charentes, l'objectif de "leur donner un vrai pouvoir de décision ou d'orientation car les structures purement consultatives, sans conséquences opérationnelles, n'intéressent guère les citoyens ordinaires". Elle est sans illusions et nous balance consciemment de la poudre aux yeux... Ce type de propos appartient au langage démagogique du populisme qui éloigne précisément les jeunes des urnes, mais dont elle cherche à capter néanmoins les votes par des moyens anti-démocratiques.

Cette proposition a inévitablement déclenché un tollé naturel jusqu'au sein du Parti socialiste. Ainsi à l'époque, Dominique Strauss-Kahn souligna qu'"on ne peut pas bâtir une société sur la suspicion généralisée, en considérant qu'un élu est un corrompu". Il s’est depuis soumis à la candidate… Laurent Fabius, quant à lui, déclara qu'"il faut surtout ne pas épouser une espèce de populisme, qui serait extrêmement dangereux et qui ferait le lit de l'extrême droite". Il a depuis rejoint sa rivale. Le fabiusien François Loncle se demanda, lui, si cette proposition, "ubuesque et grave", est "inspirée par Le Pen ou Mao Tse-tung". Il votera Royal. Tous ces hommes de convictions ont avalé la couleuvre.

La candidate à l'investiture socialiste se défendait alors faiblement, comme elle peut, avec aplomb, mais sans argument: "Il ne s'agit pas d'un mouvement de défiance à l'égard des élus mais bien au contraire de savoir comment une participation populaire peut aider les élus à accomplir leur mandat". Une affirmation gratuite, puisqu'elle ne prouve encore rien et ne donne donc aucune garantie...
L'UMP qualifia le projet de "démagogique" et "populiste". Bernard Accoyer s'est dit "interloqué et pantois" devant ces "penchants robespierristes du PS" : ce groupe, en revanche, ne votera pas Royal !...
François Sauvadet (UDF) estima qu'il faut "prendre les Français pour des adultes". Ferait-il néanmoins partie d’un gouvernement d’union avec le PS?

On dit que les médias nourrissent le débat ! Ne devrait-on pas plutôt dire qu’ils mettent leurs efforts en commun, tellement ils peinent à construire une pensée en donnant du sens à ce fatras. Ils vont chercher des intellos, par exemple, au CNRS ou à l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales (l’EHESS, qui bizarrement fut littéralement pillée au moment des actions contre le CPE et de son occupation …), venus à la rescousse pour plancher courageusement sur le sujet, sans que la lumière jaillisse pour autant et bien que ces experts, militants et dévoués qui doivent sans doute leur carrière au PS, aient été nombreux à signer le pacte présidentielle de la candidate socialiste : les yeux fermés, donc, ce qui n’est pas fait pour nous rassurer…, ni sur leur compétence, ni sur leur objectivité, ni sur le projet.

Qui sont les intervenants de l’émission C dans l’air (durée= 01:06:00) du 30 octobre 2006, animée par Calvi sur la chaîne publique France 5. Pour plus de partialité, ils sont tous marqués à gauche… Ne parlons pas de débat, donc. Ils vont tous s’employer à nous faire avaler la pillule des ‘jurys citoyens’ !
* Raphaëlle Bacqué -Grand reporter politique au journal Le Monde, elle est l'auteur de Seul comme Chirac, co-écrit avec Denis Saverot, 1997 , et de Chirac ou le démon du pouvoir, 2002 .
*Loïc Blondiaux (voir PaSiDupes- libellé ‘150 intellos’) -Chercheur au CNRS, il est professeur à Sciences-Po Lille, responsable de la mention "Communication publique et concertation" du Master professionnel. Il est également membre du comité de rédaction de la revue Politix, dont le numéro 75 est consacré aux dispositifs participatifs. Il est par ailleurs co-directeur de la collection "Politique et sociétés" des éditions de la Découverte et est l'auteur de La fabrique de l'opinion, paru en 1998 aux éditions du Seuil.
*Roland Cayrol -Président associé de l'institut CSA (Conseil, Sondage, Analyse), il est directeur de recherche au Centre d'études de la vie politique française. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont La nuit des politiques, 2006.
*François Clémenceau (en duplex de Washington) -Correspondant de France 5 pour "C dans l'air".
VOIR et ECOUTER :

C dans l'air Les jurys de Ségolène
envoyé par omar95

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