Henri Amouroux (historien, membre de l'Institut) proposait ces rafraîchissements de mémoire, le 25 octobre 2006. (présentation PaSiDupes)
On souhaiterait que plusieurs films, de même qualité, s'intéressent à des problèmes de société - il n'en manque pas - pour déclencher des prises de conscience identiques.
Mais, il serait détestable qu'Indigènes soit utilisé dans le débat politique, et surtout, qu'historiquement dévoyé, il serve à mettre en accusation la droite alors qu'elle ne fut, politiquement, pour rien dans les conquêtes coloniales de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, conquêtes, oeuvres de la gauche, seule au pouvoir entre 1877 et 1919. Et de Jules Ferry, l'un de ses champions. Oui, c'est le même Jules Ferry, auquel nous devons l'enseignement primaire obligatoire et (c'est moins flatteur) l'expulsion des congrégations religieuses, qui fut le plus grand « colonisateur » français du XIXe siècle finissant.
Or, Ferry et ses adversaires, malgré leurs querelles et leurs contradictions, poursuivaient le même but. Humiliée par la défaite de 1870, la droite voulait que toutes les forces et toutes les pensées du pays soient tournées vers la reconquête de l'Alsace et de la Moselle, que la vie de nos soldats ne soit pas gaspillée au loin. Ferry pensait - et la gauche le pensait avec lui - que « l'on n'est pas une grande puissance en restant terré chez soi », et qu'il ne fallait pas laisser la Grande-Bretagne occuper seule l'Afrique, s'intéresser seule à l'Asie. À l'origine, et même s'il est vrai que la gauche porte la responsabilité de la colonisation française du XIXe siècle, les deux conceptions étaient également patriotiques. Les préoccupations mercantiles viendront plus tard.
Nous sommes d'ailleurs encore quelques-uns à nous souvenir de cette affiche géante, placée en 1940 à bien des carrefours. Elle montrait une minuscule Allemagne, cernée, menacée d'être bientôt engloutie par l'Empire britannique (le premier au monde), et par l'Empire français (le deuxième). Elle disait : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts. » Aux Français fuyant la Wehrmacht, elle semblait grotesque et tristement ironique.
Elle disait vrai, cependant. Car, c'est grâce à l'Empire, réarmé clandestinement par Weygand, rallié à Giraud, en novembre 1942, puis à de Gaulle, que la France ne dut pas sa libération, presque exclusivement - je n'oublie pas la Résistance - aux armes anglaises et américaines.
Raison de plus pour rendre justice aux « Indigènes » survivants des longs combats pour la libération de la France, et pour honorer leurs morts.
Politique de Jules Ferry en Tunisie
Oublieuse de son passé, la gauche s'est livrée, sans honte aucune, à la récupération du film 'Indigènes' à des faits électoralistes, orchestrant l'émotion nationale, dans un souci de REPENTANCE non oralisée...: la notion de 'sens de l'histoire' est utile à quiconque n'a pas avantage à se retourner sur son passé...
On ne refera pas les socialistes; mais il ne faut pas qu'il nous la fasse!
Dans un souci de ré-écriture de l'Histoire et de 'vérité historique', le PS a osé distribuer ce type de tract qui participe de la volonté d'occulter son passé de colonialiste et d'accréditer l'idée fausse que gauche rimerait avec anticolonial: nous savons désormais à quoi nous en tenir!...
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