Les inscriptions de candidature se feront du 28 juin au 13 juillet, et la campagne durera trois mois, dont deux mois de vacances, avant un vote ouvert à tous les sympathisants, les 9 et 16 octobre.
La convention nationale d’investiture du candidat est prévue le 5 ou le 6 novembre.
Une cote mal taillée
Aubry a coupé la poire en deux et le vote n'a pas été unanime
Dix éléphants se sont abstenus mardi, outre Manuel Valls, des proches de Dominique Strauss-Kahn et de François Hollande, pour des raisons différentes. Désirdavenir Royal et François Hollande auraient préféré une accélération du calendrier: plus resserré, il aurait permis un vote avant l’été.
Quant aux strauss-kahniens, ils auraient aimé laisser du temps à DSK. Jean-Christophe Cambadélis, le premier lieutenant de l'expatrié, voulait que les candidatures puissent être déposées jusqu’en septembre, pour laisser trois mois de réflexion supplémentaires à DSK, le favori des sondages mais qui est astreint à un devoir de réserve en tant que patron du FMI...
Bien que la proposition finalement retenue décale les primaires de deux semaines par rapport au calendrier voté par les militants en octobre 2009, un autre partisan de DSK, Jean-Marie Le Guen, parle pourtant d’une “campagne interne démesurément allongée, de trois mois”.
Tous contre un, chacun pour soi
Martine Aubry s'est-elle fait voter les moyens d'imposer sa propre candidature ?
Contre toute attente, le premier secrétaire du PS a cédé aux pressions de certains socialistes, qui voulaient accélérer le calendrier de la primaire, validé mardi soir par le bureau national du PS. Depuis des mois, la patronne se battait pourtant pour fixer une date de limite des candidatures la plus tardive possible, et ainsi laisser la porte ouverte à Dominique Strauss-Kahn, son camarade conspirateur, dont elle aurait accepté d'être le Premier ministre.
Pour l'heure, aucun partisan de Dominique Strauss-Kahn ne veut admettre publiquement que ce calendrier n'arrange pas les affaires du patron du FMI. Leurs critiques se concentrent sur le risque d'une campagne longue, durant l'été, alors que les Français sont en vancances. "Je pense que ce calendrier n'est pas le meilleur possible, non pas pour Dominique Strauss-Kahn en particulier, mais pour tous les candidats, car l'annonce des candidatures le 14 juillet débouche sur un faux plat terriblement difficile à passer", explique ainsi la secrétaire nationale à la Solidarité et à la protection sociale, Marisol Touraine.
Tout juste dénoncent-ils un calendrier qui fait peu cas des échéances électorales annoncées: des législatives partielles, mais plus sérieusement le renouvellement des sénateurs. Un autre strauss-kahnien pointe également le risque d'épuisement des candidats. Il craint aussi un climat de campagne délétère. "En trois mois, on ne pourra pas éviter les dérapages de campagne", a-t-il confié à L'Express. Pierre Moscovici exprime la même inquiétude sur le site du JDD: "On sait maintenant que la campagne des primaires va être très longue, avec les risques que cela comporte."
Aubry a-t-elle gagné une bataille ?
L'avenir dira si le choix d'Aubry révèle une "grande ordonnatrice de synthèse" ou une volonté de servir ses seuls intérêts.
Chacun pour soi
Le vote de mardi comporte des aspects positifs
Dans le climat de poker menteur qui règne encore Rue de Solférino, , Claude Bartolone devra maintenant mettre en veilleuse sa campagne de suspicion et admettre que le PS se dirige à nouveau vers un scrutin de désignation après ses errements dans des primaires de confirmation.
Et il ne restera donc plus d'autre choix à chacun que de mener sa propre course.
Surtout, en clôturant le 13 juillet le dépôt des candidatures, la patronne du PS oblige le directeur du FMI a démissionné au début de l'été, ce qu'il n'avait peut-être pas envisagé. Manuel Valls confirme d'ailleurs: "Ca peut être lu comme une forme de tension entre Martine Aubry et les strauss-kahniens, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire."
Faire bonne figure
Malgré leur amertume, les amis de DSK conservent l'espoir de voir leur héros entrer en lice pour la primaire. S'il souhaite se présenter à la primaire, assurent-ils, ce n'est pas ce calendrier qui l'en empêchera.
Ce vote hostile à DSK serait un coup de sabre dans l'eau.
La lutte n'en sera que plus dure
J.-Christophe Cambadélis porte plusieurs estocades et le porte-flingue de DSK à Solférino n’épargne personne.
=> L'amère Royal ? « En 2007, [elle] avait tout : l’aura, la surprise, l’irrésistible popularité, l’engouement des quartiers, la fin du cycle Chirac. (…) Aujourd’hui, ces conditions ne sont plus réunies. La volonté ne peut pas tout. »
=> Et Hollande alors ? « François est un talent qui mérite de rencontrer un destin, mais il n’est pas encore en situation. »
=> Valls ou Montebourg, peut-être ? Des figurants. « Il n’y a pas à rougir de leurs candidatures. Mais enfin où est leur majorité, alors qu’ils clivent leur camp pour se faire repérer ? » Et le coupeur de têtes d’expliquer : « On ne peut pas réclamer des primaires et les bâillonner. Il doit y avoir un débat. Il peut même être tonitruant. Mais il doit être responsable, surmonté et maîtrisé. »
La gauche marche au courant monophasé et le PS au courant alternatif.
« Pour Camba, l’équation gagnante » est simple : « C’est DSK ou Martine Aubry, Martine Aubry ou DSK, voire DSK et Martine Aubry. C’est là que se joue la solution pour la gauche. » Ce sera l’un ou l’autre ou bien l’un avec l’autre (un ticket ?) et en dehors de cette « équation », il n'y aurait point de salut ! De quoi agacer sérieusement. Y compris dans son propre camp : « C'est dur de se taire. Jean-Christophe est dans la boursouflure de l'instant », lâche par exemple un autre député strauss-kahnien à la lecture de ces propos de l’entretien avec Libération.
Le boursouflé ne se montre pas beaucoup plus tendre avec 'le reste' de la gauche
Les candidats avec qui il faudra se mêler au second tour lui inspire « quelques inquiétudes. Si le paysage à gauche, ce sont des écologistes dans le “ni droite ni gauche”, comme semble l’indiquer la candidature Eva Joly et si Mélenchon reste dans l’antisocialisme, on ne prend pas le bon chemin. »
Et le parlementaire parisien décrit volontiers l'épouvantable scénario qui se profilerait : « Jean-Luc file un mauvais coton. On ne peut s’acharner à faire battre les socialistes à la présidentielle puis exiger leurs voix pour les législatives ! Ça ne marchera pas et, au bout, ce sera Nicolas Sarkozy. » Mélenchon en idiot utile du sarkozysme ? Voilà une sorte de ressucé du discours servi après la défaite de Lionel Jospin à propos du cas Chevènement. Celui-ci se dit d'ailleurs prêt à ressortir sa partition !
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