Alexis Brézet dénonce la dictature socialiste sur la liberté de l'information
Cet éditorial d'Alexis Brézet dans Le Figaro Magazine, date du 12 mars 2010
"Taisez-vous ,Sarkozy !"
Cet éditorial d'Alexis Brézet dans Le Figaro Magazine, date du 12 mars 2010
Ainsi donc, personne ne devrait s'abstenir... sauf Nicolas Sarkozy.
Ainsi donc, la perspective - bien réelle - d'un grand bug civique (une participation inférieure à 50 %, dimanche) exige de chacun qu'il se mobilise... mais pas Nicolas Sarkozy, dont le devoir d'Etat est de rester l'arme au pied. Les leaders politiques peuvent continuer de battre les estrades, les commentateurs de prophétiser le « vote sanction », les blogueurs de bloguer, les amuseurs d'amuser (et c'est tant mieux)... mais le président de la République devrait rester silencieux, reclus en son palais. Et nous, au Figaro Magazine, en lui donnant la parole, nous nous ferions les complices d'un sombre complot contre la démocratie ! Quelle histoire ! Les mêmes qui protestent aujourd'hui s'étaient indignés hier qu'il « instrumentalise » Le Nouvel Observateur au service de sa com'. Mais si Sarkozy ne peut parler ni au NouvelObs ni au FigMag, à qui doit-il parler ? Peut-être souhaite-t-on qu'il se taise, tout simplement...
[D'autant qu'il en fait trop: il réforme, parcourt le monde et remporte des marchés créateurs d'emplois et de devises, il rencontre des catégories socio-professionnelles et la France profond, en un mot, il fait, tandis que les autres s'essoufflent en polémiques ! Il est donc insupportable qu'il agisse au lieu de couper des rubans: on comprend que le contre-pouvoir régional ne sache plus où l'attendre.]
[D'autant qu'il en fait trop: il réforme, parcourt le monde et remporte des marchés créateurs d'emplois et de devises, il rencontre des catégories socio-professionnelles et la France profond, en un mot, il fait, tandis que les autres s'essoufflent en polémiques ! Il est donc insupportable qu'il agisse au lieu de couper des rubans: on comprend que le contre-pouvoir régional ne sache plus où l'attendre.]
On dira que ses prédécesseurs n'étaient jamais intervenus publiquement à deux jours d'une élection locale. C'est vrai. François Mitterrand et Jacques Chirac n'arbitraient pas moins les investitures, ne dirigeaient pas moins la campagne, mais, avant la défaite (quasiment toutes les élections intermédiaires ont été cruelles pour le pouvoir - il serait étonnant que celles-ci fassent exception), ils préféraient rester à l'abri de l'Elysée. Le Premier ministre était là pour prendre les coups : en cas de malheur, on pouvait toujours le changer. Ce n'est pas le tempérament de Nicolas Sarkozy, ni l'esprit du contrat qu'il a passé avec les Français. Il va en province comme il y est toujours allé. Il parle comme il a toujours parlé. Et il ne se défausse pas sur François Fillon. Du point de vue de la responsabilité démocratique, faut-il vraiment le regretter ?
Car enfin, d'où vient cette étrange fébrilité?
Depuis des semaines, sur la foi de sondages convergents, on nous chante que la messe est dite, le désastre de la droite, consommé. Et ce serait ce Président que l'on prétend usé, dévalué, rejeté, qui, d'un coup de sa parole magique pourrait tout changer ? Le PS est-il si peu assuré de son grand chelem qu'il tienne absolument à ce que Nicolas Sarkozy fasse le mort durant toute la partie ? Croit-il les électeurs si hésitants, ou si influençables, qu'une simple interview soit de nature à brouiller les cartes ? Mais si les socialistes étaient cohérents avec eux-mêmes, ils remercieraient plutôt le chef de l'Etat d'alimenter encore un peu la machine « anti-Sarko », qui, à les entendre, sera le vrai moteur du scrutin...
D'autant que s'ils prennent la peine de lire l'entretien que nous publions, les perroquets du « Taisez-vous, Sarkozy ! » devront convenir qu'en matière de « pression sur les électeurs » (!) on a connu plus violent. La pédagogie de « l'ouverture », la réforme des retraites : s'il avait vraiment voulu faire un « coup » en direction de l'électorat UMP ou des catégories populaires, Nicolas Sarkozy s'y serait pris autrement. Certes, le Président confesse qu'il «ne peut qu'approuver les orientations» des listes de la majorité présidentielle (moins d'impôts, plus de sécurité, plus de formation). Mais c'est tout de même le moins qu'il pouvait faire ! Il paraît que c'est encore trop...
Certains socialistes auraient-ils un problème avec la liberté de l'information?
Il n'y a pas si longtemps, Vincent Peillon demandait la tête d'Arlette Chabot, coupable... de l'avoir invité pour porter la contradiction à Eric Besson. Mardi, c'est Benoît Hamon qui, fin limier, croyait débusquer de sournoises tractations capitalistico-politiques derrière l'interview au FigMag ! Mais il y a plus savoureux encore : Jean-Jack Queyranne a demandé le report de l'émission « Ushuaïa », diffusée ce samedi soir sur TF1, au motif que le spectacle des tribulations de Nicolas Hulot pourrait inciter les électeurs à voter Verts (plutôt que socialiste, évidemment) ! A quand l'interdiction des Experts, qui sous-estiment scandaleusement les ratés de la politique de sécurité ? A quand la censure de« Nouvelle star », dont le principe même (la sélection des meilleurs) alimente le sarkozysme dans ce qu'il a de pire ? En cette veille d'élection, toutes les chaînes devraient diffuser Les Misérables, cependant que les radios passeraient en boucle Le Temps des cerises. Les socialistes, peut-être, seraient rassurés...
Trêve de plaisanterie. Dans l'entretien que nous publions, Nicolas Sarkozy détaille son programme de réformes et les principes qui vont inspirer son action dans les mois qui viennent. Avec ces principes, ces réformes, on peut fort bien être en accord... ou ne pas l'être. Mais encore faut-il savoir de quoi il s'agit.
Car enfin, d'où vient cette étrange fébrilité?
Depuis des semaines, sur la foi de sondages convergents, on nous chante que la messe est dite, le désastre de la droite, consommé. Et ce serait ce Président que l'on prétend usé, dévalué, rejeté, qui, d'un coup de sa parole magique pourrait tout changer ? Le PS est-il si peu assuré de son grand chelem qu'il tienne absolument à ce que Nicolas Sarkozy fasse le mort durant toute la partie ? Croit-il les électeurs si hésitants, ou si influençables, qu'une simple interview soit de nature à brouiller les cartes ? Mais si les socialistes étaient cohérents avec eux-mêmes, ils remercieraient plutôt le chef de l'Etat d'alimenter encore un peu la machine « anti-Sarko », qui, à les entendre, sera le vrai moteur du scrutin...
D'autant que s'ils prennent la peine de lire l'entretien que nous publions, les perroquets du « Taisez-vous, Sarkozy ! » devront convenir qu'en matière de « pression sur les électeurs » (!) on a connu plus violent. La pédagogie de « l'ouverture », la réforme des retraites : s'il avait vraiment voulu faire un « coup » en direction de l'électorat UMP ou des catégories populaires, Nicolas Sarkozy s'y serait pris autrement. Certes, le Président confesse qu'il «ne peut qu'approuver les orientations» des listes de la majorité présidentielle (moins d'impôts, plus de sécurité, plus de formation). Mais c'est tout de même le moins qu'il pouvait faire ! Il paraît que c'est encore trop...
Certains socialistes auraient-ils un problème avec la liberté de l'information?
Il n'y a pas si longtemps, Vincent Peillon demandait la tête d'Arlette Chabot, coupable... de l'avoir invité pour porter la contradiction à Eric Besson. Mardi, c'est Benoît Hamon qui, fin limier, croyait débusquer de sournoises tractations capitalistico-politiques derrière l'interview au FigMag ! Mais il y a plus savoureux encore : Jean-Jack Queyranne a demandé le report de l'émission « Ushuaïa », diffusée ce samedi soir sur TF1, au motif que le spectacle des tribulations de Nicolas Hulot pourrait inciter les électeurs à voter Verts (plutôt que socialiste, évidemment) ! A quand l'interdiction des Experts, qui sous-estiment scandaleusement les ratés de la politique de sécurité ? A quand la censure de« Nouvelle star », dont le principe même (la sélection des meilleurs) alimente le sarkozysme dans ce qu'il a de pire ? En cette veille d'élection, toutes les chaînes devraient diffuser Les Misérables, cependant que les radios passeraient en boucle Le Temps des cerises. Les socialistes, peut-être, seraient rassurés...
Trêve de plaisanterie. Dans l'entretien que nous publions, Nicolas Sarkozy détaille son programme de réformes et les principes qui vont inspirer son action dans les mois qui viennent. Avec ces principes, ces réformes, on peut fort bien être en accord... ou ne pas l'être. Mais encore faut-il savoir de quoi il s'agit.
Contre la police de l'information, nous pensons, nous, que nos lecteurs (et les électeurs) sont assez grands pour se faire leur propre idée.
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