Une féministe musulmane immolée
Rayhana est une comédienne d'origine algérienne connue dans la sphère arabo-musulmane pour son franc-parler et ses convictions libertaires. Elle a été agressée mardi 12 janvier 2010 par des hommes qui lui ont jeté au visage de l'essence et un mégot de cigarette.
Une personnalité forte
« Je suis très émue.»
Ce sont les propos de l'artiste, tremblante et extrêmement gênée, lors de la conférence de presse qu'elle a donnée le jeudi 14 à 16 heures, à la Maison des métallos, dans le 11e arrondissement de Paris.
Son triste récit est celui d’une artiste passionnée, d’une femme engagée pour la cause féminine, qui s’est faite agresser, presque sans aucun doute à cause de sa «grande gueule», comme elle dit, dans une rue sombre, alors qu’elle se rendait sur la scène où elle interprète la pièce, «A mon âge, je me cache encore pour fumer», la première qu’elle a écrite en français. Un succès dérangeant pour certains.
Les faits
Rayhana, 45 ans, marchait mardi soir dans le quartier de Belleville, quand deux hommes l’ont interpellée, la traitant de «putain» et de «mécréante». «Je me dépêchais –je suis souvent en retard- je ne regardais pas autour de moi car je marchais tête baissée», raconte la comédienne qui asssure ne pas avoir eu le temps d'apercevoir leurs visages. «Tu crois qu’on ne sait pas qui tu es ?», lui ont-ils demandé avant d'ajouter : «On t’a prévenue.» C'est alors qu'elle sentit qu’on l’«attrapait par derrière». «J’ai reçu une giclée sur le visage. J'étais aveuglée. J'ai reconnu à l'odeur que c’était de l'essence.» Mais à peine eut-elle le temps de réaliser ce qui lui arrivait qu’elle reçut «une braise rouge, un bout de cigarette» au niveau de son bonnet. Elle s’est alors mise à courir.
L’intention de l'immoler paraît claire
Sous le choc et apeurée, Rayhana chercha à se réfugier à se réfugier dans plusieurs commerces où les employés prirent peur et n'appellèrent pas les secours. Ces réactions sont ce qui l’a «le plus choquée», confie la victime. «C’est moi qui venais d’être agressée mais je leur ai fait peur !», en déduit-elle, avec émotion. La loi du silence et une population asservie par le chantage et la violence.
Une victime pour l'exemple ?
La tentative de crime est visiblement liée à son rôle de Myriam dans la pièce de théâtre, qui met en scène neuf musulmanes dans un hammam, sorte d’isoloir qui leur permet d’aborder tous les sujets sans tabou. De la femme enceinte pourchassée par son frère qui veut la tuer (le rôle de Rayhana), à la divorcée, en passant par la jeune fille en quête d’amour, tous les symboles de la transgression sont mis en scène, dans les bouches, les rires et les larmes de ces musulmanes à la fin des années noires.
«C’est avant tout une pièce sur les femmes»
Rayhana insiste sur cet aspect mais rejette fermement tout caractère politique de sa pièce.
Fabian Chappuis, le metteur en scène, Philippe Mourrat, le directeur de la Maison des métallos, ainsi que Christophe Girard, l’adjoint au maire de Paris en charge de la Culture, ont tour à tour appelé à ne pas faire d’amalgame ni tirer de conclusions hâtives. «Rien dans l’enquête ne permet de confirmer le lien entre les deux [entre l’agression et la pièce]. On le fait nous parce que Rayhana est exposée et, dans la mesure où ça s’est reproduit à deux reprises, ça ne peut pas être un hasard. Mais, pour l’instant, rien ne permet de le prouver», a notamment insisté Fabian Chappuis. «Je ne suis pas sûre à 100% que cela a un rapport avec la pièce, (…) l’enquête le dira», a confirmé la comédienne.
Rayhana a bien évidemment porté plainte
L’actrice avait déjà été agressée verbalement le 5 janvier, dans le même contexte, sans trop y prêter attention –mais en déposant néanmoins une main courante.
Une enquête pour «crime en relation avec une entreprise terroriste» a été confiée à la section anti-terroriste de la brigade criminelle.
Malgré tout, Rayhana ne compte donc pas se laisser intimider par cette agression. «Je n’ai pas peur d’eux», a-t-elle affirmé, expliquant avoir choisi, après réflexion, de rendre public cet acte criminel, justement pour le leur prouver. «J’assume ce que j’ai écrit, et nous sommes dans un pays où il y a une liberté d’expression.»
Fadela Amara est à son côté
=> Une manifestation de soutien
Environ 500 personnes se sont rassemblées samedi 16 après-midi à Paris devant la Maison des Métallos (Paris, XIe), en soutien à la comédienne.
=> Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) "condamne l'agression" dont a été l'objet la comédienne et féministe Rayhana et "appelle le ministre de la culture à soutenir publiquement" sa pièce, dans un communiqué publié jeudi 14 janvier. Il "demande, par ailleurs, au ministre de l'intérieur de redoubler d'efforts afin que l'auteure de cet acte soit identifié et puni".
=> La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a déploré jeudi que "la liberté d'expression et de création" soit "encore menacée en France en 2010". "Menaces, intimidations et agressions mettent en danger la liberté des auteurs de théâtre en France en janvier 2010, comme en témoigne la tentative de meurtre dont a été victime Rayhana", estime dans un communiqué la SACD. L'organisation apporte son "soutien" à cette "auteure en danger", réfugiée en France depuis 2000, "menacée dans son pays, l'Algérie". "La France, pays de Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Camus doit tolérer toutes les religions et refuser les fanatismes (si souvent refuges de l'ignorance)", écrit Louise Doutreligne, vice-présidente de la SACD, dont elle préside la commission théâtre.
=> Des hommes expriment leur indignation
Bertrand Delanoë, parce que maire socialiste de Paris, a exprimé sa "profonde sympathie et son amical soutien" à Rayhana agressée juste avant la représentation de sa pièce, comme pour établir clairement le lien.
"Indigné par ce terrible événement, qui semble trouver son origine dans le sujet même de ce spectacle [qui donne la parole à neuf figures féminines aux prises avec le refoulement et la violence, réunies dans un hammam à Alger], je condamne avec la plus grande fermeté ces agissements d'une extrême gravité", écrit le maire ...dans un communiqué.
Rayhana est une comédienne d'origine algérienne connue dans la sphère arabo-musulmane pour son franc-parler et ses convictions libertaires. Elle a été agressée mardi 12 janvier 2010 par des hommes qui lui ont jeté au visage de l'essence et un mégot de cigarette.
Une personnalité forte
« Je suis très émue.»
Ce sont les propos de l'artiste, tremblante et extrêmement gênée, lors de la conférence de presse qu'elle a donnée le jeudi 14 à 16 heures, à la Maison des métallos, dans le 11e arrondissement de Paris.
Son triste récit est celui d’une artiste passionnée, d’une femme engagée pour la cause féminine, qui s’est faite agresser, presque sans aucun doute à cause de sa «grande gueule», comme elle dit, dans une rue sombre, alors qu’elle se rendait sur la scène où elle interprète la pièce, «A mon âge, je me cache encore pour fumer», la première qu’elle a écrite en français. Un succès dérangeant pour certains.
Les faits
Rayhana, 45 ans, marchait mardi soir dans le quartier de Belleville, quand deux hommes l’ont interpellée, la traitant de «putain» et de «mécréante». «Je me dépêchais –je suis souvent en retard- je ne regardais pas autour de moi car je marchais tête baissée», raconte la comédienne qui asssure ne pas avoir eu le temps d'apercevoir leurs visages. «Tu crois qu’on ne sait pas qui tu es ?», lui ont-ils demandé avant d'ajouter : «On t’a prévenue.» C'est alors qu'elle sentit qu’on l’«attrapait par derrière». «J’ai reçu une giclée sur le visage. J'étais aveuglée. J'ai reconnu à l'odeur que c’était de l'essence.» Mais à peine eut-elle le temps de réaliser ce qui lui arrivait qu’elle reçut «une braise rouge, un bout de cigarette» au niveau de son bonnet. Elle s’est alors mise à courir.
L’intention de l'immoler paraît claire
Sous le choc et apeurée, Rayhana chercha à se réfugier à se réfugier dans plusieurs commerces où les employés prirent peur et n'appellèrent pas les secours. Ces réactions sont ce qui l’a «le plus choquée», confie la victime. «C’est moi qui venais d’être agressée mais je leur ai fait peur !», en déduit-elle, avec émotion. La loi du silence et une population asservie par le chantage et la violence.
Une victime pour l'exemple ?
La tentative de crime est visiblement liée à son rôle de Myriam dans la pièce de théâtre, qui met en scène neuf musulmanes dans un hammam, sorte d’isoloir qui leur permet d’aborder tous les sujets sans tabou. De la femme enceinte pourchassée par son frère qui veut la tuer (le rôle de Rayhana), à la divorcée, en passant par la jeune fille en quête d’amour, tous les symboles de la transgression sont mis en scène, dans les bouches, les rires et les larmes de ces musulmanes à la fin des années noires.
«C’est avant tout une pièce sur les femmes»
Rayhana insiste sur cet aspect mais rejette fermement tout caractère politique de sa pièce.
Fabian Chappuis, le metteur en scène, Philippe Mourrat, le directeur de la Maison des métallos, ainsi que Christophe Girard, l’adjoint au maire de Paris en charge de la Culture, ont tour à tour appelé à ne pas faire d’amalgame ni tirer de conclusions hâtives. «Rien dans l’enquête ne permet de confirmer le lien entre les deux [entre l’agression et la pièce]. On le fait nous parce que Rayhana est exposée et, dans la mesure où ça s’est reproduit à deux reprises, ça ne peut pas être un hasard. Mais, pour l’instant, rien ne permet de le prouver», a notamment insisté Fabian Chappuis. «Je ne suis pas sûre à 100% que cela a un rapport avec la pièce, (…) l’enquête le dira», a confirmé la comédienne.
Rayhana a bien évidemment porté plainte
L’actrice avait déjà été agressée verbalement le 5 janvier, dans le même contexte, sans trop y prêter attention –mais en déposant néanmoins une main courante.
Une enquête pour «crime en relation avec une entreprise terroriste» a été confiée à la section anti-terroriste de la brigade criminelle.
Malgré tout, Rayhana ne compte donc pas se laisser intimider par cette agression. «Je n’ai pas peur d’eux», a-t-elle affirmé, expliquant avoir choisi, après réflexion, de rendre public cet acte criminel, justement pour le leur prouver. «J’assume ce que j’ai écrit, et nous sommes dans un pays où il y a une liberté d’expression.»
Fadela Amara est à son côté
=> Une manifestation de soutien
Environ 500 personnes se sont rassemblées samedi 16 après-midi à Paris devant la Maison des Métallos (Paris, XIe), en soutien à la comédienne.
=> Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) "condamne l'agression" dont a été l'objet la comédienne et féministe Rayhana et "appelle le ministre de la culture à soutenir publiquement" sa pièce, dans un communiqué publié jeudi 14 janvier. Il "demande, par ailleurs, au ministre de l'intérieur de redoubler d'efforts afin que l'auteure de cet acte soit identifié et puni".
=> La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a déploré jeudi que "la liberté d'expression et de création" soit "encore menacée en France en 2010". "Menaces, intimidations et agressions mettent en danger la liberté des auteurs de théâtre en France en janvier 2010, comme en témoigne la tentative de meurtre dont a été victime Rayhana", estime dans un communiqué la SACD. L'organisation apporte son "soutien" à cette "auteure en danger", réfugiée en France depuis 2000, "menacée dans son pays, l'Algérie". "La France, pays de Voltaire, Rousseau, Beaumarchais, Camus doit tolérer toutes les religions et refuser les fanatismes (si souvent refuges de l'ignorance)", écrit Louise Doutreligne, vice-présidente de la SACD, dont elle préside la commission théâtre.
=> Des hommes expriment leur indignation
"Indigné par ce terrible événement, qui semble trouver son origine dans le sujet même de ce spectacle [qui donne la parole à neuf figures féminines aux prises avec le refoulement et la violence, réunies dans un hammam à Alger], je condamne avec la plus grande fermeté ces agissements d'une extrême gravité", écrit le maire ...dans un communiqué.
Favorable à une loi contre la burqa, Manuel Valls, le député-maire PS d'Evry, fit une promesse: « Je vais proposer à Rayhana que la scène nationale d'Evry accueille sa pièce". "Je voudrais que le maximum de théâtres en banlieue accueillent sa pièce", a-t-il ajouté, voyant là la "meilleure réponse" à l'agression.
Qui aura aperçu son maireà la manifestation de soutien de la comédienne et de rejet du fanatisme religieux ? Patrick Bloche (PS) est le successeur de Jean-Marie Le Guen, démissionnaire en novembre 1999, suite à l'implication de ce dernier dans l'affaire de la MNEF, une mutuelle maquillée depuis en LMDE.
=> Des femmes se mobilisent; le silence d'autres fait du bruit...
Pour Sihem Habchi, présidente du mouvement Ni putes ni soumises, à l'origine du rassemblement, "c'est un acte criminel. On s'est attaqué à une femme libre qui crée des pièces qui dérangent certains".
Mais pour d'autres, qui se disent féministes, ce n'est rien
Dans le souci de ne pas perdre des voix aux régionales, par exemple Sa Cynique Majesté Royal, en Poitou-Charentes. Quant à Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, ou Martine Aubry, premier secrétaire du PS, ni l'une ni l'autre, si promptes à dénoncer la passivité du gouvernement, n'était présente et solidaire.
Dans le souci de ne pas perdre des voix aux régionales, par exemple Sa Cynique Majesté Royal, en Poitou-Charentes. Quant à Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, ou Martine Aubry, premier secrétaire du PS, ni l'une ni l'autre, si promptes à dénoncer la passivité du gouvernement, n'était présente et solidaire.
Mais que dire de Clémentine Autain,dont le témoignage de sympathie n'est pas parvenu jusqu'à nous
=> En revanche, la secrétaire d'Etat à la Ville
Fadela Amara, se dit "révoltée par l’agression intolérable" dont a été victime l'auteur et comédienne féministe Rayhana, dans un communiqué. Elle lui fait part de "tout son soutien [...] et salue son engagement dans le combat pour l'émancipation des femmes".
"Le combat pour le droit des femmes ne reculera devant aucune menace", déclare Fadela Amara qui ajoute : "Cette agression nous rappelle malheureusement que la lutte pour l’émancipation des femmes et contre l’obscurantisme est toujours d’actualité".
=> En revanche, la secrétaire d'Etat à la Ville
Fadela Amara, se dit "révoltée par l’agression intolérable" dont a été victime l'auteur et comédienne féministe Rayhana, dans un communiqué. Elle lui fait part de "tout son soutien [...] et salue son engagement dans le combat pour l'émancipation des femmes".
"Le combat pour le droit des femmes ne reculera devant aucune menace", déclare Fadela Amara qui ajoute : "Cette agression nous rappelle malheureusement que la lutte pour l’émancipation des femmes et contre l’obscurantisme est toujours d’actualité".
il n'y a pas souvent de commentaire sur votre blog, d'ailleurs c'est mon premier, simplement pour vous dire surtout continuez c'est un véritable plaisir de vous lire tous les jours
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