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mardi 29 août 2006

Villepin se soucie du pouvoir d’achat des Français.
Après une période estivale qui n’a pas été de tout repos pour les membres du gouvernement, avec le conflit du Liban et avec l’activisme de l’extrême gauche ciblée sur les sans papiers avec le réseau anarchiste ESF et sur les thoniers avec Greenpeace et WWF, le Premier ministre doit faire face à une relance de l’offensive de l’opposition sur tous les fronts.
Il ne fallait donc pas s’attendre à ce que les mesures qu’il annonce reçoivent l’approbation de cette gauche qui ne s’est pas réjouie de l’embellie économique du 2° trimestre, pourtant incontestable.
Les socialistes, sans surprise, ont vu dans les mesures annoncées par le gouvernement "un rideau de fumée chargé de faire écran à une situation extrêmement dégradée".
François Hollande, fort badin, a immédiatement raillé dimanche les "mesurettes" annoncées pour cette rentrée par le gouvernement qui "sont au pouvoir d'achat ce que sont les Apéricubes à la gastronomie". Flamby 1er sait de quoi il parle, lui qui n’a jamais été aux affaires. Et ne s’est toujours pas déclaré dans la course à l’Elysée…Les plus précaires d’entre nous apprécieront le mépris du PS pour les actions qui peuvent améliorer leur situation.
Les syndicats, qui réclamaient depuis un an le chèque transport et ont fait du pouvoir d'achat leur première revendication de la rentrée, redoutent que les entreprises saisissent le prétexte de l'augmentation de la PPE pour ne pas augmenter les salaires. "Progressivement, ce sont des compléments de salaire payés par l'impôt qui viendraient se substituer à la politique salariale", a observé Jacques Voisin (CFTC) sur France-Info.
Mais les représentants des salariés se sont globalement réjouis de sa création. Il en est pourtant un qui se distingue. "Le Premier ministre a voulu apparaître un peu comme le Père Noël au mois d'août", a ainsi ironisé mardi Jean-Claude Mailly (Force ouvrière), pour qui il n’est pas de sujet plus amusant que la précarité. Il ne sait pas davantage apprécier l’augmentation des efforts des Français en faveur des plus exposés. Quant à saluer cette démonstration de la volonté du Premier ministre d’être à l’écoute des partenaires sociaux, il ne faut pas demander l’impossible à FO, visière sur les yeux!

Le Premier ministre a reconnu le "malaise que ressentent beaucoup de (ses) compatriotes sur le plan des revenus" entre la "réalité d'une vie difficile" pour les bas salaires, la "perspective de ne pas voir progresser ses revenus" pour les moyens salaires, et "certains très gros salaires déconnectés de la réalité".
Dominique de Villepin a détaillé lundi soir sur TF1 deux mesures nouvelles pour augmenter le pouvoir d'achat, sujet de préoccupation majeur en cette rentrée pour beaucoup de Français et de revendication des syndicats.
Il a ainsi annoncé un effort supplémentaire de l'Etat sur la prime pour l'emploi 2007 et la création au 1er janvier d'un "chèque transport" pour compenser la hausse des carburants des plus défavorisés.
Concernant la PPE, qui se traduit par un crédit d'impôt ou même un chèque du Trésor public pour les ménages non imposables, ce qui permet de les encourager à reprendre ou à conserver un emploi, il a précisé que la PPE serait portée non pas seulement à 809 euros au niveau du smic en 2007, comme initialement prévue, mais à 940 euros au 1er janvier 2007 pour un salarié au smic sans enfant, au lieu de 714 euros en 2006 et 538 euros en 2005. "C'est presque un 13e mois pour ceux qui sont au smic", a-t-il souligné. "Cela touchera d'une manière générale (...) neuf millions de personnes."
Pour un couple de "smicards" sans enfant, la PPE représentera un revenu de 1.880 euros par an, auquel s'ajoutera 35 euros par enfant, précise-t-on à Matignon.
"Pour ceux qui sont au SMIC, c'est un doublement", a-t-il calculé. Le Premier ministre a expliqué que le gouvernement ferait au total un "effort tout à fait substantiel" en augmentant la PPE pour 9 millions de personnes.
Concernant le "chèque transport" facultatif, qui fonctionnera sur le modèle du chèque restaurant, il pourra "concerner toutes les entreprises, tous les salariés sur l'ensemble du territoire national", a expliqué Dominique de Villepin. Les entreprises seront incitées à y recourir par un allègement de charges sociales et fiscales et l'Etat prendra en charge la moitié du coût de cette mesure.
"Là où il y a des transports collectifs, nous prendrons en charge à travers le chèque transport la moitié de l'abonnement pour un montant qui sera de l'ordre approximativement de 200 euros", a expliqué Dominique de Villepin. "Là où il n'y a pas de transport collectif (ce sera) une compensation de la hausse du prix de l'essence pour un montant de 100 euros."
S’agissant de la création d'une allocation de rentrée de 300 euros pour 80.000 étudiants déjà annoncée la semaine dernière, le Premier ministre a assuré que ces mesures seraient financées grâce à des économies sur le train de vie de l'Etat, sans remettre en cause ses objectifs de réduction des déficits publics et de désendettement. Il a ainsi confirmé que la totalité des recettes fiscales supplémentaires engrangées grâce à l'amélioration de l'économie irait à la réduction de la dette publique.
Il a également annoncé la tenue "d'ici la fin de l'année" d'une "conférence sur les revenus et l'emploi", face au "malaise" suscité par la question du pouvoir d'achat. Il s'agira, sur la base d'un rapport du Conseil supérieur pour l'emploi et les revenus présidés par l'ancien président socialiste de la Commission européenne Jacques Delors, d'établir avec les partenaires sociaux un "diagnostic commun". Il a assuré qu'il n'était pas question de "dilapider l'argent des Français". Les recettes fiscales supplémentaires amenées par la croissance -entre un et trois milliards d'euros- iront au désendettement, a confirmé le Premier ministre.
L'objectif sera notamment de remédier à "un certain nombre d'effets pervers" comme les "trappes à bas salaires" et le nombre croissant de salariés payés au niveau du Smic.
Il a enfin annoncé qu'une troisième phase de son "plan emploi" serait présentée jeudi à Troyes par le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo. "Nous voulons cibler l'effort sur ceux qui rencontrent le plus de difficultés", a-t-il dit - "ceux qui n'ont ni diplômes ni qualifications", ainsi que les chômeurs de longue durée de plus de 50 ans.

Plus globalement, Dominique de Villepin a de nouveau souligné son désir de placer les huit mois qui le sépare de l'élection présidentielle sous le signe de "l'action" et du "rassemblement au service des Français" jusqu'au "dernier jour". "Je sais que le mécontentement peut exister dans notre pays et c'est pour cela que je souhaite (...) revaloriser le sens de l'action politique", a-t-il ajouté.
Dominique de Villepin a dit compter sur ces mesures pour "apporter de nouvelles sécurités aux Français" et réduire le "décalage" entre les "bons résultats" économiques annoncés depuis quelques mois et la perception des Français. A cet égard, il s'est à nouveau réjoui de la baisse du chômage, qui irrite la gauche -260.000 chômeurs en moins dans les 12 derniers mois- et de la reprise de la croissance "sur une tendance de plus de 2%".
L'hôte de Matignon espère par ces différentes mesures "répondre aux préoccupations des Français" et préparer "un débat serein, démocratique" lors des élections du printemps prochain. "Etre dans l'action jusqu'au dernier jour, cela permettra aux Français d'éclairer leur choix en responsabilité", a dit celui qui "n'oublie pas le 21 avril".
Interrogé sur la candidature aux présidentielles de son ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, il a dit considérer celui-ci comme un "atout" pour son camp grâce à la faveur dont il jouit dans "une grande partie de l'opinion".

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