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mercredi 2 octobre 2013

François Hollande, de plus en plus irascible

Réputé "bonhomme", Hollande perd son sourire niais. 

Les difficultés s'accumulant, il maîtrise de moins en moins ses nerfs 

Longtemps, François Hollande a cru que le temps travaillerait pour lui.
Confiant en sa bonne étoile, optimiste par nature, il laissait les ennuis glisser sur lui, là où d'autres en font des migraines. 

Depuis un an et demi, avec l'accumulation des dossiers, de la fatigue, de son amateurisme et des ratés, il est gagné par une exaspération qui s'extériorise de plus en plus souvent. Aux petites blagues ont succédé les propos foudroyants lâchés à huis clos. 

François Hollande, "mini-absorbant" et "maxi-énervé"


Ce 18 septembre est révélateur, au petit matin. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, déclare, dans un entretien du 17 septembre à Metronews, que 2014 sera une année de "ralentissement pour aller à une pause fiscale [...] effective en 2015". Or, le président de la République a promis cette fameuse "pause fiscale" dès 2014. "En 2014, nous aurions pu poursuivre dans cette trajectoire d'augmenter les impôts. Qu'est-ce que j'ai décidé ? De faire d'abord des économies", a prétendu François au JT de 20h de TF1, dimanche 15 septembre
Bobard aux Français plutôt que couac, c'est ce que révèle la mise au point du Chef du gouvernementAu début, le chef de l'Etat prend sur lui. Il préside le Conseil des ministres à 10 heures, comme si de rien n'était, mais l'image de placidité se craquelle bientôt.
Lien L'Expansion: "Bernard Cazeneuve promet la pause fiscale pour 2015" (ministre du Budget)

Alors qu'un séminaire sur l'industrie numérique est programmé à 11h30 et qu'une poignée de ministres reste donc mobilisée, la réunion ne peut pas commencer:
manquent François Hollande et Jean-Marc Ayrault, dix minutes, vingt minutes, trente... 


Une tension artérielle excessive
Quand la réunion peut enfin commencer, le président affiche une mine grincheuse. Il s'assoit et feuillette le résumé, rédigé par le gouvernement et des diplomates de l'Elysée, de la position française dans les négociations européennes sur l'avenir du numérique.
"Je ne comprends rien à la première partie, râle-t-il d'abord. Vous ne pouvez pas me rédiger quelque chose qui ne soit pas de la bouillie?" Il poursuit, sèchement: "On doit arriver au Conseil européen avec des objectifs clairs et précis, là, c'est technocratique, c'est du jargon. Que veut-on obtenir?" 
Un coup de sang qui en annonce un autre. "Il avait la tête ailleurs", note un participant. "Il était maxi-énervé", ajoute un autre. En face de lui, Jean-Marc Ayrault se fait tout petit. "Mais si, monsieur le président, c'est bien détaillé...", tente-t-il en vain. 

La presse a construit du Normand une image publique de bonhomie qui contraste avec la dureté réelle dont ses proches ont fait l'expérience. 

Ministres accablés,
lors de la conférence de presse
de Hollande d'avril 2013

A la grosse artillerie, il préfère le petit plomb. Avec lui, les chaises ne volaient pas encore: il n'était pas connu comme un Philippe Séguin. Pas de propos grossiers ni d'emportements, mais des vacheries: rappelez-vous lorsqu'il s'était défendu d'avoir traité son rival Sarkozy de "sale mec."
L’expression avait provoqué une sombre polémique dans la classe politique, après la parution d’un article dans Le Parisien sur "le nouvel appétit de Hollande". On pouvait y lire : "Pour Hollande, il n’y a pas de mystère : c’est bien le chef de l’Etat, ‘un président en échec’, ‘un sale mec’, qui se cache derrière les formules de l’UMP". Mais l'AFP avait déclaré les propos sortis de leur contexte et Le Parisien avait même dû se renier. Après coup, Alexandre Kara avait en effet assuré que le candidat Hollande n'avait fait qu'imaginer l'auto-critique qu'aurait dû prononcer le président sortant!... Le cafouillage médiatique aurait pu mettre les Français en garde contre la nature profonde du socialiste trop mou pour être vrai.
VOIR et ENTENDRE la première partie d’un entretien que Gérard Colé a accordé à L'Express en avril 2013. Une conversation libre, où cet expert en communication politique et en développement commercial, ancien conseiller de François Mitterrand, officiellement à l'Elysée en 1984, parle de son métier, où il juge sévèrement les "communicants " en général, et la communication de François Hollande en particulier:

Les colères froides et rentrées, les pires qui soient


Quand elles s'extériorisent, le couperet est tranchant 
Comme, par exemple, au moment de la réforme des retraites, lorsqu'il découvre  des fuites dans la presse.
Les journaux révèlent des informations confidentielles et François Hollande fulmine. 

Hollande installe un régime de la méfiance
 et du secret 
Il décide donc de dissimuler en prenant un maximum de précautions dans l'organisation de la dernière réunion d'arbitrage à l'Elysée. Le 23 août arrivent au palais Jean-Marc Ayrault, les ministres de l'Economie Pierre Moscovici, des Affaires sociales Marisol Touraine, de l'Emploi Michel Sapin et des Relations avec le Parlement Alain Vidalies. Tous ont reçu la même consigne, à valeur de sommation: "Venez sans vos conseillers." 
"C'est insupportable, ces fuites, sermonne bientôt le président. Il faut maîtriser la communication." Moment crucial: la décision est définitivement prise de ne pas augmenter la CSG. Les pensions seront financées par les cotisations. "Qui informe-t-on dans notre entourage?" demande le Premier ministre. Hollande, lapidaire: "Personne." "On peut quand même en parler aux collaborateurs de ton cabinet s'ils nous appellent pour avoir des infos?" rebondit Pierre Moscovici. Le chef de l'Etat fronce les sourcils: "Non, les ministres, c'est vous. Pas eux. Ils n'ont pas à être informés." 

Hollande pratique l
a répression dans les enceintes diplomatiques.

Lorsqu'il fut invité au  sommet des chefs d'Etat des Balkans, le 25 juillet 2013, Hollande rencontra les huit dirigeants des pays de la région et eut un tête-à-tête avec Bujar Nishani, président de l'Albanie musulmane (2,5 millions de musulmans pour une population totale de 3,1 millions), candidate à l'entrée dans l'Union européenne. Les deux hommes s'isolèrent dans un salon, à l'abri des regards et des oreilles, et leur échange s'éternisa. A l'extérieur, on s'impatientait car c'était l'heure de la séance plénière avec tous les intervenants. Le chef d'Etat slovène, Borut Pahor, se permit alors d'ouvrir la porte pour presser les retardataires,mais François Hollande se retourna alors et  fusilla son hôte du regard.


TER>Un président cyclothymique: tantôt cajolant, tantôt abrupt


Avec ses collaborateurs, le président ne fait pas dans le détail. 
Dans le secret de l'Elysée, il peut les balafrer d'un "Vous ne m'apportez pas de conseils", "Vous ne servez à rien", "Tu as peut-être raison, mais c'est moi qui décide". A la différence des élus, ses pairs, les conseillers ne sont que du petit personnel qui, aux yeux du président socialiste, ne bénéficient pas de l'aura du suffrage universel. Du coup, leur traitement est plus rugueux. Il est arrivé, lors d'un déplacement européen, que François Hollande s'empare lui-même de la liste des passagers pour barrer des noms, notamment ceux de certains conseillers qui partagent son wagon  Falcon - le chef de l'Etat préférant faire monter avec lui une poignée de journalistes choisis...

Au printemps et en présence d'une dizaine d'invités d'outre-mer, il s'en est déjà pris à un membre de sa cellule de communication, qui n'a pas prévenu les photographes de la tenue de cette réception: "J'ai le seul conseiller de presse qui interdit aux journalistes de couvrir les événements auxquels je participe", gronda-t-il.

Une année de pouvoir sans partage a rendu Hollande exigeant et tatillon. 

Il attend beaucoup de son entourage, sans pour autant lui dire précisément dans quelle direction aller, incapable de fixer une ligne, sa stratégie personnelle louvoyant au gré des événements et des pressions. Plus que tout, il déteste se sentir enfermé dans un carcan, entravé dans ses revirements par des contraintes extérieures. Au moins conserve-t-il le droit et la liberté d'accabler ses collaborateurs, selon l'un de  ses proches. Ainsi, sur le pédalo élyséen, le cabinet se sent-il ballotté du flotteur de babord à celui de tribord, jusqu'à la nausée. 

Lorsque le 3 avril, le président enregistra son allocution télévisée juste avant de s'envoler pour un voyage officiel au Maroc, on avait branché à la va-vite les projecteurs et installé les caméras au rez-de-chaussée du palais et sa déclaration était prête: l'affaire Cahuzac, après les aveux de l'ex-ministre du Budget, menace le quinquennat tout entier. "C'est une faute, une faute impardonnable" ; "Il faut lutter de manière impitoyable contre le mélange des intérêts publics et privés", avait-il lancé.

De nombreux collaborateurs avaient alors quitté leurs bureaux pour s'abreuver de ce discours. L'orateur tenta bien de se concentrer, mais n'y parvint pas: trop de monde autour de lui l'empêchait de se concentrer.
"Sortez tous", leur ordonna-t-il, hors de lui. Il ne resta bientôt plus que trois personnes: le cameraman, le chargé du prompteur et l'un de ses conseillers presse. Qui ne tardèrent pas à prendre la foudre: "Toi aussi, tu sors", lui intima Hollande. Le chef de l'Etat s'exprimera finalement devant deux techniciens, auxquels il donnera lui-même le top départ pour l'enregistrement. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Difficile donc de servir la République: le président est incertain, mais cassant.



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