La liberté de la presse confisquée
La liberté d'expression bafouée
PaSiDupes vous propose l’article que Rue 89 lui consacrait le 01/11/2008
PaSiDupes vous propose l’article que Rue 89 lui consacrait le 01/11/2008
répandus sur la route par le syndicat du Livre en 2002
Retour sur les méthodes passées et présentes du syndicat du Livre, connu pour être un adepte de la négociation musclée.
Mercredi matin, aux aurores, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le siège des Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP, cf. libellé PaSiDupes ), le groupe qui assure la distribution des quotidiens, dans le XIIe arrondissement de la capitale. Certaines étaient casquées ou encagoulées et brandissaient des masses.
Ces ouvriers, membres du Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE-CGT, cf. libellé PaSiDupes) qui proteste contre un plan de modernisation plutôt avantageux, entendaient entrer à l'intérieur du bâtiment.
L'un d'eux, qui travaille au service maintenance du Journal officiel, a donc tenté de fracturer la porte en verre à coup de masse. Il a été interpellé par les CRS présents et a passé la journée en garde à vue.
« Vous voulez réécrire “Les Protocoles des Sages de Sion'”
Une telle action est dans la tradition du syndicat du Livre, communément surnommé “la bête noire des patrons de presse”. Ces derniers ne se sont pas pressés pour répondre aux questions de Rue89.
Certes, Laurent Joffrin (PDG de Libération) ou Nicolas Beytout (patron des Echos) dénoncent leurs méthodes -le premier a évoqué jeudi sur France Inter des menaces physiques constantes, le second l'avait fait en juin lors d'une précédente grève.
Mais beaucoup d'autres se taisent : très susceptible, le Livre peut bloquer la parution de leurs journaux et leur faire perdre des millions d'euros. “Off the record” cependant, des patrons se répandent sur des méthodes qu'ils jugent “mafieuses”, voire “terroristes”.
Il y a un an, alors que j'enquêtais sur une censure ordonnée par la direction du Progrès par peur de la réaction du syndicat, j'avais joint un chargé de communication du Livre.
Avec une violence inouïe, cet homme m'avait accusé de “vouloir réécrire les Protocoles des Sages de Sion”, m'avait traité d'“antisémite”… alors que le sujet n'avait évidemment rien à voir avec le judaïsme et que, surtout, son syndicat n'était pas en cause dans la censure…
Un ancien patron : “très aimables, très policés, jamais violents”
Mais tous les ouvriers du Livre ne sont pas si énervés. Ancien numéro 2 de l'imprimerie du Figaro puis patron de celle du Monde jusqu'en 2004, Jean-Pierre Guérin assure qu'ils ont toujours été “très aimables, très policés, jamais violents” avec lui :
« Ce que je retiens surtout, c'est l'impression de ne pas avoir été le patron chez moi. Quand, dans une imprimerie, on est 10 sur 300 à ne pas avoir sa carte du syndicat, il faut tout négocier. »
Selon Guérin, qui est aujourd'hui l'un des dirigeants du Syndicat de la presse quotidienne nationale, la période violente du Livre est en grande partie révolue. “D'ailleurs, on ne peut plus parler ‘du’ Livre. Il y en a qui ont évolué, comme le Syndicat des imprimeries parisiennes. D'autres continuent comme avant, et c'est le cas du SGLCE.”
Dans le conflit les NMMP, les positions de ce dernier (seul syndicat représenté chez les ouvriers de la presse parisienne et des NMPP) ne sont d'ailleurs pas suivies par sa fédération, la Filpac-CGT (cf.libellé PaSiDupes).
5000 armes et leurs munitions planquées aux NMPP
Avant, les ouvriers du Livre pouvaient cacher des armes, détourner du papier par tonnes pour l'envoyer aux camarades cubains, ou se battre à coups de battes de base-ball. “J'en ai déjà vu manier la batte, mais entre eux, des gens du service départ contre les rotativistes”, relate Jean-Pierre Guérin.
Fin 1991, le patron du syndicat du Livre de l'époque, Roger Lancry, appelle un des dirigeants des NMPP et lui annonce une curieuse nouvelle : “On vient de me dire que vous détenez dans vos locaux un stock d'armes.”
Pas moins de 5 000 armes dormaient dans un entrepôt des NMPP : fusils, carabines, armes de guerre et munitions ad hoc, toutes issues de la faillite de Manufrance dix ans plus tôt, et stockées là par des ouvriers CGT. Elles n'avaient pas été vendues pour soutenir les ouvriers licenciés, comme dans le cas des montres de Lip.
Alors pourquoi ? “Les ouvriers ont considéré les NMPP comme l'entreprise la plus sûre de France, car ils y ont entreposé des matériels d'un intérêt stratégique, voire révolutionnaire”, croit savoir Emmanuel Schwartzenberg, qui relate cette histoire dans son livre “Spécial Dernière” (Calmann-Lévy, 2007).
Finalement, le gouvernement a négocié avec la CGT la remise de tout le stock d'armes contre l'impunité des auteurs. Discrètement transportées par des gendarmes, on les a retrouvées un beau matin dans un champ d'Eure-et-Loir.
Du papier détourné par centaines de tonnes pour le camarade Fidel
Pour Marc Norguez, actuel secrétaire général du SGLCE, ce matériel avait été stocké là pour “récupérer un pécule”. “D'ailleurs, il y avait aussi des vélos”, rappelle-t-il.
A la fin des années 80, c'est un trafic de bobines de papier qui est découvert. Chaque mois, 200 tonnes de papier étaient expédiées vers Cuba pour imprimer le journal Granma.
Selon Schwartzenberg, “les imprimeries de tous les quotidiens nationaux” étaient concernées, et Castro lui-même traitait avec les ouvriers du Livre. Robert Hersant, le “papivore”, propriétaire notamment du Figaro, a préféré étouffer l'affaire plutôt que d'affronter une grève.
Pour cette raison, jamais les éditeurs n'ont osé porter plainte contre le Livre. Ils l'ont fait une fois, mais pas directement contre le syndicat, en 2003, quand un trafic de journaux a été découvert. Chaque jour pendant plusieurs années, entre 500 et 2 000 exemplaires de quotidiens étaient détournés par certains ouvriers et vendus par des kiosquiers.
Préjudice estimé : 3 millions d'euros par an. Des brebis galeuses du Livre étaient complices des trafiquants. Le syndicat s'est totalement désolidarisé des agissements de ces ouvriers, dont “un adhérent” ; qui a été licencié, selon Marc Norguez.
2002 : des courses poursuites sur l'autoroute
La récupération des plaques d'imprimerie offset, en revanche, est tacitement allouée au syndicat par les patrons de journaux, sauf ceux du groupe Amaury (Le Parisien, L'Equipe). Ces plaques de métal peuvent se revendre, et rapporter jusqu'à 100 000 euros par an, en fonction des cours des métaux qui les composent. Le trafic de la “gâche” (les rebuts) du papier peut représenter, par quotidien, environ 500 000 euros par an. Là aussi, parfois avec l'accord des patrons, le Livre serait impliqué.
Voilà pour la routine. En cas de conflit, c'est moins paisible. Au moment de l'arrivée en France des premiers gratuits, en 2002-2003, les ouvriers ont donné le coup de poing, selon les patrons des groupes concernés. Metro se plaignait de colporteurs agressés. Frédéric Filloux, qui dirigeait à l'époque la rédaction de 20 Minutes, raconte que son groupe avait donné pour consigne aux colporteurs de “ne pas résister” :
« C'était trop dangereux, on en a eu qui se sont fait poursuivre sur l'autoroute par des voitures qui leur faisaient des queues de poisson. Ce qui m'a marqué, c'est ce jour de 2002 où ils ont répandu place de la Nation 600 000 exemplaires volés aux distributeurs.
Je me souviens de l'un d'eux disant aux CRS de ne pas intervenir, car il était en ligne avec le ministère de l'Intérieur. Il leur disait que s'ils intervenaient, Le Monde ne paraîtrait pas l'après-midi. Quelques minutes plus tard, j'ai entendu l'ordre d'annuler l'intervention dans un talkie-walkie de CRS. »
Pour le secrétaire général du Livre, “qui veut tuer son chien l'accuse de la rage”
Pour Marc Norguez, absolument tout ce qui est relaté ci-dessus est faux.
Les hommes encagoulés devant les NMPP ?
« Il faisait froid ce matin-là. Il y a eu une vitre cassée, mais si on avait été si méchants et déterminés, on serait entrés. »
Leur entrée mouvementée au siège de Lagardère, cette semaine ?
« On a peut-être mis un coup d'épaule, on a des gars un peu costauds. »
La guerre des gratuits ?
« Il n'y a eu aucune plainte de déposée. »
Les trafics ?
« Il y a des indélicats dans toutes les professions. »
Selon le syndicaliste, cette “psychose” autour du Livre n'a qu'une origine : “Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage. Ce qu'on gagne, on le mérite et on veut pouvoir le garder.” D'après Emmanuel Schwartzenberg, un rotativiste perçoit environ 4 500 euros bruts par mois pour 32h30 de travail hebdomadaire (nocturne).
“Laurent Joffrin ferait mieux de faire un bon journal plutôt que de chercher des boucs émissaires”, poursuit Marc Norguez, qui rappelle que la diffusion des quotidiens est déficitaire, et couverte par celle des magazines. “Nous traiter de terroristes, c'est diffamatoire. Mais on ne le poursuivra pas, ça ne fait pas partie de nos méthodes.”
Aucune plainte déposé ? (guerre des gratuits)
RépondreSupprimerJe me suis déplacé dans 6 commissariats pour déposer des main courantes a chaque agressions physique des colporteurs....
Violent, menteur, arnaque et protégé !