Le 3° et ultime débat télévisé d’hier soir mardi portait sur les questions internationales, "domaine réservé" du président de la République, l’occasion pour Laurent Fabius, Marie-sEGOlène Royal et Dominique Strauss-Kahn d’essayer de convaincre les militants socialistes de leur stature de chef d'Etat.
Chacun a d'emblée placé les enjeux à des niveaux différents, mais la favorisée des sondeurs est apparue moins à l'aise que ses compétiteurs lors de cette prestation. La députée des Deux-Sèvres a appelé à "un ordre international juste". Elle n'a pas fait de distinction entre politique intérieure et politique étrangère, qui doivent obéir "aux mêmes valeurs: "exigence de vérité, efficacité, sécurité et lutte contre les inégalités". Ca fait un peu rengaine : l’ordre juste à toutes les sauces…
Selon DSK, "la mondialisation des profits a entraîné la mondialisation des conflits" et "un président socialiste doit agir pour changer le monde".
Pour Lolo Fabius, le monde souffre (que de souffrance !) d'"un déséquilibre massif du fait de l'unilatéralisme américain" et "le péril écologique est la première arme de destruction massive".
Sans surprise, des divergences se sont exprimées, surtout entre la Maréchale-Me-Voilà-M’As-Tu-Bien-Vue et Laurent Fabius d'un côté, Dominique Strauss-Kahn, nettement plus europhile, de l'autre, sur les moyens de relancer la construction européenne et les frontières de l'Union.
Enfonçant le clou de son "non" au référendum sur la Constitution européenne, M. Fabius s'est déclaré "pour l'Europe par la gauche", se démarquant de la formule de Dame Royal qui veut "une Europe par la preuve". Après l'échec du référendum de mai 2005 sur le traité constitutionnel, l'ex-Premier ministre a affirmé que "le plan B, c'est le projet socialiste" qui veut réorienter le cours de l'Europe.
Dame Royal a donné la priorité à "un grand projet européen qui touche la vie quotidienne des Français", notamment par "la lutte contre le chômage et les délocalisations". On ne saura jamais comment... C'est ensuite seulement, a-t-elle dit, qu'il faudra changer les institutions européennes "dans un texte court". Et vide, à la façon de Bonaparte qui pensez qu’un projet flou heurte le moins de monde possible et laisse ensuite les coudées franches….
A l'inverse, Dominique Strauss Kahn a privilégié "une relance globale" de l'Europe, par la relance du "couple franco-allemand". Il faut "tout mettre à plat", a-t-il lancé. Même clivage à propos de l'éventuelle entrée de la Turquie dans l'UE. Pour Dominique Strauss-Kahn, "si la Turquie n'est pas liée à l'Europe, elle basculera de l'autre côté". La vision de DSK d'une Europe englobant la Méditerranée a donné lieu à une passe d'armes. "Une Europe à 50, c'est l'Europe du libre échange!", a lancé M. Fabius. "Il ne s'agit pas de faire une Europe à 50!", a répondu DSK. L’Europe usine à gaz…Laurent Fabius a redit son hostilité, prônant "un partenariat privilégié", Mme Royal a préconisé -il lui faut le temps de la réflexion?- "une pause" dans l'extension de l'Europe à de nouveaux pays.
En matière de défense, les trois candidats ont promis une remise à plat des dépenses militaires, tout en promettant de ne pas baisser la garde.
Sur le conflit israëlo-palestinien, la Royal Catwoman: "Il faut parler avec tout le monde", sauf avec le MJS, mais y compris avec le Hamas au pouvoir. "Je suis favorable à la reprise de l'aide au peuple palestinien." "Un groupe de pays volontaires au sein de l'Europe pourrait faire oeuvre de médiation en mettant toutes les parties autour de la table." Dominique Strauss-Kahn: "Il faut arriver le plus vite possible à ce que l'aide aux populations palestiniennes soit totalement reconstituée et à l'augmenter, parce que le vrai problème, c'est le développement, notamment dans la Bande de Gaza." Laurent Fabius: "Je crois qu'il faut discuter avec tout le monde. En tant que président de la République, personnellement, je ne recevrai pas les dirigeants du Hamas tant qu'il n'y aura pas eu une évolution officielle, c'est-à-dire la reconnaissance d'Israël."
Prises de positions sur le Moyen-Orient.
- sur les relations avec l’Iran. Laurent Fabius: "Il faut arriver à ce que, pour l'Iran, on développe le nucléaire civil, on prévoit un dialogue, on menace de sanctions." "Je ne recevrai pas, comme président de la République, le président Ahmadinejad, parce que le président de la République française est une autorité morale dans le monde et je ne recevrai pas quelqu'un qui dit qu'il faut détruire Israël".
Dame Royal: "Il faut absolument empêcher ce processus parce que c'est une menace sur le monde." "Quand on contrôle le nucléaire civil, on contrôle une partie de l'enrichissement de l'uranium, c'est une première étape." "Il vaut mieux trouver des coopérations pour produire de l'électricité mais en ne permettant pas aux Iraniens de contrôler tout le processus du nucléaire civil." "Je crois qu'il faut parler avec tout le monde mais être exigeants sur les valeurs, ne pas tolérer un certain nombre de propos qui sont tenus." Elle ne sanctionne plus?.... Que d'eau tiède!
Dominique Strauss-Kahn: "Autant il faut être ferme pour empêcher l'Iran d'accéder au nucléaire militaire, autant il n'y a aucune raison d'empêcher l'Iran de profiter du nucléaire civil". "On est à l'étape où il faut pouvoir envisager des sanctions. Il faut être ferme dans le dialogue et envisager les sanctions." "On ne peut pas considérer que leur président qui a été élu ne peut pas rencontrer le président de la République."
- sur la situation en Irak:
Laurent Fabius: "On est passés d'un Etat voyou à un Etat en faillite. L'objectif doit être un Etat solide, sans partition des différentes provinces qui le composent car sinon, ce serait un risque extraordinaire."
Marie-sEGOlène Royal: "C'est un pays qui aujourd'hui est au bord de la guerre civile, qu'il y a des tensions très fortes. (...) La Constitution irakienne prévoit un Etat fédéral et donc il faut leur laisser le temps de mettre en place ces nouvelles institutions qui permettront aux différentes communautés de coexister, d'apaiser les tensions dans un contexte extrêmement difficile."
Dominique Strauss-Kahn: "C'est le rôle de la France d'aider à ce que la stabilisation se fasse. Nous avons, nous Français, nous Européens, un rôle à jouer pour permettre la stabilisation. Elle ne se fera pas toute seule."
Consensus, enfin,
- sur les relations avec les Etats-Unis : la députée des Deux-Sèvres: "nous ne pouvons absolument pas adhérer au concept de guerre préventive, ni au concept de lutte contre le bien et le mal ni au désengagement au Moyen-Orient, ni à la tentation de puissance, ni à l'unilatéralisme, au protectionnisme (...) nous ne pouvons pas tolérer non plus que la première puissance du monde refuse de ratifier le protocole de Kyoto". "Oui à l'alliance avec le peuple Américain", mais "non pour nous laisser dévorer ou prélever nos cerveaux et notre matière grise en Europe". Espérons qu'elle ne sent pas son cerveau menacé, ce serait incompréhensible! Dominique Strauss-Kahn: "Nous n'avons aucune raison de nous soumettre, nous n'avons aucune raison de nous opposer. Ce sont nos alliés, et il faut leur parler franchement comme à des alliés (et) leur dire quand on n'est pas d'accord." Laurent Fabius: "Les Américains sont nos alliés mais nous n'avons pas à être alignés par rapport à eux." "Je préfère être l'ami du peuple américain plutôt que le caniche de M. Bush."
- sur l'environnement. Laurent Fabius a promis "une présidence sociale et écologique", Marie-sEGOlène Royal a défendu un nouveau modèle de consommation énergétique dans les pays pauvres, où "le soleil est gratuit". Selon Dominique Strauss-Kahn, "l'ensemble de l'économie doit être remodelé en fonction des questions environnementales".
Les mêmes seront à nouveau face aux militants à Toulouse jeudi.
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