Libération : psychodrame à son terme ?
Ne pas avoir l’air de céder à un Rothschild !
Les administrateurs de Libération n’ont pas les moyens de se prévaloir de leur idéologie et doivent entériner ce lundi le plan de relance de l'actionnaire principal, Edouard de Rothschild, qui prévoit l'arrivée de Laurent Joffrin à la tête du journal et un lourd plan social, mettant ainsi un terme à un bras de fer de deux mois. Les actionnaires de Libération, qui risque un dépôt de bilan, doivent se réunir vers 16H30 au siège du quotidien pour un sixième conseil d'administration en deux mois.
Le personnel a approuvé à 56% des suffrages exprimés (mais à seulement 47% en tenant compte des courageux votes blancs !) le plan de relance proposé par l'actionnaire de référence, Edouard de Rothschild (38,8%). Ce vote a mis fin au bras de fer engagé entre Edouard de Rothschild et la Société civile des personnels de Libération (SCPL, 18,4%) depuis la fin septembre sur les moyens de sortir le quotidien de l'ornière financière.
Alors que l'homme d'affaires a "félicité" les salariés d'avoir "fait le choix de la raison" vendredi, la SCPL a fait la fine bouche et a averti que leur vote ne constituait ni un "blanc-seing", ni un "plébiscite". Elle s'est cependant engagée à respecter leur "choix". Sauf coup de théâtre, ses trois représentants au conseil d'administation devraient donc approuver le plan lors de la réunion de ce lundi. Le projet prévoit l'arrivée à la tête de Libération de Laurent Joffrin, ancien directeur de la rédaction de 1996 à 1999.
Les salariés ont également accepté le principe d'un important plan social, dont l'ampleur reste à négocier. Le point d'arrivée devrait se situer entre les 66 suppressions de postes sur 280 proposées par la SCPL et la centaine de licenciements réclamée par M. de Rothschild. Nostalgique de l’époque des vaches grasses, des dépenses somptuaires et des salaires mirifiques, le SNJ a d'ores et déjà demandé que cette réduction d'effectifs se fasse par des "départs volontaires", avertissant qu'"aucun plan de relance ne peut réussir avec une équipe qui se réduirait à moins de 200 salariés".
Le conseil d'administration devra également avancer sur la modification des statuts de Libération. Le quotidien devrait se doter d'un directoire, dirigé par Laurent Joffrin. Celui-ci rendrait compte à un conseil de surveillance, rassemblant les actionnaires et présidé par Edouard de Rothschild ou un de ses représentants.
Dans ce schéma, la SCPL devrait abandonner le droit de veto qu'elle détient ( !) sur les grandes décisions touchant au journal (nomination du PDG, changement dans la structure du capital, utilisation de la marque Libération...). S'il est entériné par le conseil d'administration, ce changement de statut devra faire l'objet d'un vote statutaire de l'équipe, qui peut bloquer le processus. Les avantages acquis sont-ils réalistes ? Oui, pour les archaïques !
Dans cette perspective, Edouard de Rothschild devrait être amené à détailler rapidement son plan de recapitalisation. L'homme d'affaires s'est engagé à réinjecter 5 millions d'euros -- après les 20 M EUR qu'il a investis en 2005 -- et à trouver de nouveaux partenaires. Ces derniers investiraient 10 millions d'euros, probablement en plusieurs tranches. L'objectif est de parvenir à rééquilibrer les comptes sur environ deux ans, alors que Libération devrait accuser une perte de 12 M EUR en 2006.
C’est le trou de la Sécu ?... Les anciens administrateurs ne sont-ils pas légalement responsables ? Tranquille, la presse !
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