Vous avez dit "liberté de la presse"? A Marianne non plus !
Directeur adjoint de la rédaction et figure médiatique de l'hebdo, il claque la porte et rend publique sa lettre de rupture.
Nicolas Domenach n'en peut plus: burn-out d'un marathonien des studios ? Il vient de rendre publique cet après-midi une lettre qui officialise son départ annoncé. La nouvelle direction de l'hebdomadaire lui avait imposé de cesser ses collaborations télévisuelles (La Nouvelle Édition sur Canal+ et Ça se dispute sur i-télé, avatar du même groupe socialiste). Une façon de le pousser vers la sortie, et dans les bras tendus de Canal+, un journaliste de 60 ans qui depuis des années passait plus de temps dans les media qu'à Marianne et peinait à actualiser son argumentaire.
Dans sa lettre ouverte, il se félicite d'abord d'avoir pu s'appuyer sur ceux qui ont contribué à faire le succès de ce magazine négatif et destructeur qui se croit libre en critiquant tout et tout le monde.
Dans sa lettre ouverte, il se félicite d'abord d'avoir pu s'appuyer sur ceux qui ont contribué à faire le succès de ce magazine négatif et destructeur qui se croit libre en critiquant tout et tout le monde.
"Nous avons inventé [après Le Canard enchaîné ou Charlie Hebdo, chacun dans son créneau !] et porté haut, selon lui, un hebdo indépendant, innovant, d'une incroyable liberté de ton et de plume contre toutes les puissances installées. Elles ont eu peur de nous, et nous pouvons en être fiers, tous, de la rédaction à l'administration, de la diffusion à la maquette en passant par la correction, des abonnements à la pub, de la photo au SR, sans oublier notre veilleur de nuit !" Et ses stagiaires aussi, sans oublier les CDD ?
Nicolas Domenach accuse la direction de la lourde ambiance qui plombe l'hebdo
Il plaide pour sa défense. "La direction aurait fait courir le bruit insane [sic] que j'aurais méprisé, et pire encore détesté, ceux qui ont participé à ce journal, à cette entreprise salvatrice [malsaine, mais donc salvatrice de quoi?]. Rien de plus faux, rien de plus éloigné de mon esprit, j'ai travaillé main dans la main avec cette rédaction, à presque tous les échelons, et j'ai toujours obéi à toute demande, à toute commande. J'ai simplement regretté, c'est vrai, qu'on ne salue pas avec un peu de chaleur ceux qui avaient lancé notre journal et qui en sont partis, quels que soient les conflits et les torts respectifs..." Et de conclure par une phrase chargée de sens : "Sachez que, comme vous, je me fais un sang d'encre."
Il plaide pour sa défense. "La direction aurait fait courir le bruit insane [sic] que j'aurais méprisé, et pire encore détesté, ceux qui ont participé à ce journal, à cette entreprise salvatrice [malsaine, mais donc salvatrice de quoi?]. Rien de plus faux, rien de plus éloigné de mon esprit, j'ai travaillé main dans la main avec cette rédaction, à presque tous les échelons, et j'ai toujours obéi à toute demande, à toute commande. J'ai simplement regretté, c'est vrai, qu'on ne salue pas avec un peu de chaleur ceux qui avaient lancé notre journal et qui en sont partis, quels que soient les conflits et les torts respectifs..." Et de conclure par une phrase chargée de sens : "Sachez que, comme vous, je me fais un sang d'encre."
Sauve qui peut.
Après Maurice Szafran (60 ans, ancien PDG) et Laurent Neumann, Nicolas Domenach est le troisième de l'équipe fondatrice de Marianne à quitter le navire. Aude Lancelin, ancienne patronne des pages culture, a été nommée au printemps numéro deux de la rédaction du Nouvel Observateur.
Après Maurice Szafran (60 ans, ancien PDG) et Laurent Neumann, Nicolas Domenach est le troisième de l'équipe fondatrice de Marianne à quitter le navire. Aude Lancelin, ancienne patronne des pages culture, a été nommée au printemps numéro deux de la rédaction du Nouvel Observateur.
Voici l'intégralité de la lettre de départ de Nicolas Domenach :
Jean-François Kahn (MoDem) affirme en effet que Marianne doit se démarquer des autres magazines d'actualité et se battre contre la "pensée unique".
Mais, à la vérité, l'entreprise est notamment confrontée à une baisse des ventes et doit provisionner 3 millions d'euros de perte pour 2013.
Pour dire plus, lors des élections au comité d'entreprise de juin 2011, la liste SNJ-CGT diffusa un tract dénonçant "la forte augmentation des cinq plus hauts salaires de l'entreprise (87 % sur cinq ans) et l'importance des notes de frais de ces dirigeants (d'un montant total de 280.000 euros pour l'année 2012)".
En avril 2012, la rédaction de Marianne publie les résultats sur les intentions de vote des journalistes de l'hebdomadaire en vue de la présidentielle française : François Hollande obtient 40 % des suffrages devant Mélenchon (31,7 %), François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan arrivent 3e ex-æquo avec 8,3 %. Trois candidats n'obtiennent aucun suffrage: Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et Nathalie Arthaud...
À compter du 29 juin 2013, le magazine est totalement refondu et prend le nom de "Le Nouveau Marianne". Il reste alors ous la direction de Maurice Szafran qui déclare vouloir faire un magazine avec une maquette "pédagogue " et un contenu entre "papiers courts et articles longs, sans papiers de taille moyenne"
Fin 2013, sous la pression de Yves de Chaisemartin, ancien du Figaro et actionnaire majoritaire de Marianne (25%), et de la baisse des ventes du titre, Maurice Szafran (départ) et Laurent Neumann (1954, directeur de la rédaction, licencié) sont écartés (au profit de Joseph Macé-Scaron) et la direction de l'hebdomadaire est remaniée.
L'hebdomadaire, qui a beaucoup profité de son positionnement anti-Sarkozy, doit totalement revoir sa ligne éditoriale et aussi remettre à plat son modèle économique. Une mission délicate pour Joseph Macé-Scaron qui est loin de faire l'unanimité en interne, non pas pour son homosexualité assumée et de son militantisme lors du débat sur le mariage pour tous, mais en raison de plusieurs affaires de plagiat qui ont terni sa réputation.
Un membre éminent du "fast food" idéologique qui appauvrit la pensée et vulgarise la démocratie quitte Marianne pour rejoindre le cercle des faiseurs d'opinion
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