Le "gouvernement de combat" impose un "nervi" à la tête du parti présidentiel
Jean-Christophe Cambadélis a hérité, mardi 15 avril, d’un poste de premier secrétaire du Parti socialiste en CDD de dix-huit mois jusqu’au congrès d’octobre 2015. Autrement dit, une mission de sauvetage d’un parti en détresse, qu’Henri Emmanuelli qualifiait récemment de "parc à moutons" en "coma dépassé".
Au lendemain d’un désastre électoral qui, avec la perte de quelque 160 villes de plus de 10 000 habitants, a sapé le socialisme municipal, le diagnostic impitoyable de Michel Rocard en 1994, maître à penser de Manolo Valls, s’impose de nouveau, vingt ans après. L’ancien premier ministre décrivait alors le PS comme "un champ de ruines", "pratiquement vidé de toute idée, de toute force, de toute influence ".
Si l'aile gauche du parti refusait de voter et appliquait ainsi ses menace, le parti n’existerait plus, alors que les socialistes ont encore tous les pouvoirs (Elysée, Matignon, Assemblée nationale, Sénat, régions, majorité des départements). Mais pour combien de temps? Attendons-nous à ce qu'elle rentre dans le rang, au prétexte d'une menace del'extrême droite... Le PS est devenu un astre mort. Les premiers symptômes du mal ne sont pas apparus avec l’élection de François Hollande. Ils remontent loin.
En 1995, Lionel Jospin n'était pas parvenu à faire le ménage nécessaire dans les baronnies locales d’un appareil de plus en plus sclérosé. Il avait favorisé un certain renouveau idéologique, dit-on Son successeur, François Hollande, a développé une opposition systématque au gouvernement pendant la cohabitation de 1997 à 2002, mais il n’a pas rénové le PS, introduisant un laisser-aller général à l'intérieur du PS. Il favorisa une poussée du FN en 2002, à l'éjection de son candidat au second tour de la présidentielle et à la réélection de Jacques Chirac. Depuis le 21 avril 2002 fatal, ce parti dérive sans boussole, sans autre stratégie que la reconquête du pouvoir, sans renouvellement de sa doctrine. A partir de 2008, Martine Aubry a développé un méchant état d'esprit marqué par des comportements agressifs faits d'invectives et d'insultes qui a fini de pourrir le PS et lui attirant le ressentiment de la population stupéfaite de tant d'injustice et de méchanceté. La presse a commencé pris parti éhontément sous les yeux des Français ravis d'assister à des débats truqués, façon matches de catch, des joutes rappelant les mises à mort des arènes de Néron.
Jusqu’au séisme municipal de 2014, le PS s’est satisafit de sa supériorité et s'est paresseusement replié sur son seul rôle de machine électorale. Depuis 2002, en dehors de vagues considérations sur "un nouveau modèle de civilisation" et de velléités de "rénovation", le PS n’a accouché de rien. Pour la présidentielle de 2012, il s'est inspiré de l'étranger et a certes adapté la procédure démocratique, mais envahissante, de la primaire. Elle a conduit à des frictions longues et irritantes qui ont laissé des susceptibilités à vif et une désignation par défaut, la pire qui pouvait être. Et depuis, sa machine tourne sourdement à vide.
Avec les législatives, ont émergé des parlementaires arrogants dont l'insolence tient lieu de réflexion. L'Assemblée nationale rose horizon de lendemain qui chante faux a d'abord voté tous les textes qui lui étaient présentés, histoire de manifester leur toute puissance retrouvée après une aussi longue traversée du désert. Chacun a vécu comme un triomphe personnel le vote de la loi transgressive sur le mariage entre personnes du même sexe, une jouissance extrême de damer le pion des maîtres d'hier, tandis que, pendant qu'ils avaient la tête ailleurs, le chômage et les déficits publics grimpaient en flèche. Le Conseil Constitutionnel a bien tenté de ramener gouvernement, élus et militants à la raison, retoquant plusieurss textes entérinés les yeux fermés. Le Conseil d'Etat en a sanctionnés quelques-uns, sans qu'ils voient venir le danger.
Le PS s’est montré incapable de formuler des idées neuves, soit pour aider l’action gouvernementale, soit pour préparer l’avenir, soit pour redéfinir ce qu’est le socialisme en 2014. Depuis douze ans – et le phénomène s’est aggravé avec la calamiteuse gouvernance d’Harlem Désir –, il est en panne de tout, pensée, âme et morale.
La crise existentielle du PS est si profonde qu’on se demande à quoi il sert.
Formé à la double école du trotskisme et du jospinisme, Cambadélis est un apparatchik coupé des réalités de la vie. Il n'a jamais rien fait de ses dix doigts, sinon pour taper sur l'adversaire. Il a une stature physique, un aplomb et une connaissance du milieu fermé de la politique suffisants pour empêcher "le bateau ivre" de couler. Mais son aptitude aux magouilles de parti ne lui ont pas permis de s'imposer contre Désir et son arrivée à la tête du PS n'est nullement la réussite d'un stratège, puisque Hollande joue tout bêtement au jeu des chaises musicales. Au secrétariat général de l'Elysée, il enlève Lamas pour y mettre Jouyet et le place à la Caisse des Dépôts laissée vide. L'arrivée de Cambadélis Rue de Solférino n'est pas non plus le résultat d'une tir à trois bandes.
Camba-le-Grec n'est ni un penseur, ni un stratège, mais un pion.
"L’enjeu pour le Parti socialiste, a-t-il déclaré, c’est la glissade ou le renouveau, la dispersion ou le sursaut." Outre un entourage fort et fidèle, il lui faudra beaucoup d’énergie pour remettre à flot un parti dont les militants sont désemparés au point de se détourner de leur président et une aile gauche en lutte ouverte contre Valls, un premier ministre autoritaire et répressif.
Bien qu'interimaire, Cambadélis se fixe pour ambitieux objectif de "reformuler idéologiquement le socialisme pour qu’il soit à nouveau une doctrine vivante, capable de transformer le monde et pas seulement de le gérer". Les "think tank" socialistes vont devoir carburer à plein régime. A cette condition seulement, le nouveau "patron" de transition du PS pourrait être davantage qu’un syndic de faillite.
Pour commencer, la démission d'Aquilino Morelle, collaborateur de Hollande accusé de conflit d'intérêts, s'est faite au-dessus de sa tête...
Quels sont les avantages de faire la faillite? Je suis curieuse. J'ai besoin d'appeler Bresse.
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