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dimanche 13 avril 2014

Algérie: la présidentielle soulèvera-t-elle le couvercle du chaudron ?

Un changement en Algérie menace-t-il la France? 

Une atmosphère de fin de règne
Cette campagne présidentielle inquiète de part et d'autre de la Méditerranée
Elle se déroule en Algérie pour l'élection présidentielle du 17 avril, marquée par l'absence physique du principal acteur, le président, Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, élu depuis 1999 et candidat à un quatrième mandat. A une semaine du scrutin, le climat se tend. 

La contestation se manifeste désormais sur le terrain. La rumeur bruisse : Abdelaziz Bouteflika pourrait être présent lors du dernier meeting de sa campagne, prévu à Alger dimanche 13 avril. "Le peuple algérien va le voir et l'entendre; je ne sais pas sous quelle forme mais il va s'exprimer", a assuré l'un de ses porte-parole, Amara Benyounès, ministre du développement industriel.

Six candidats en lice
Composée de sept personnalités, trois anciens premiers ministres, deux ministres, le président du Conseil de la nation (équivalent du Sénat) et le président du principal parti politique, le Front de libération nationale, l'équipe représentant le candidat Bouteflika se déploie sans relâche sur tout le territoire, jusqu'en France et en Tunisie où résident d'importantes communautés algériennes. 

Mais les réunions publiques  sont de plus en plus l'objet d'incidents 
A Ghardaïa, aux portes du Sahara, mercredi 9 avril, la presse algérienne a rapporté la présence de manifestants hostiles en marge de plusieurs meetings tenus dans la vallée du Mzab par le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, ex-premier ministre. Dans cette région située à 600 kilomètres au sud d'Alger, théâtre d'affrontements depuis des mois entre les communautés berbères musulmanes et arabes, des habitants, excédés par la reprise de violences qui ont de nouveau provoqué une quarantaine de blessés, ont crié des slogans hostiles et jeté des œufs sur le cortège.
A Béjaïa, en Kabylie, le 5 avril, la maison de la culture, où devait se tenir une rencontre animée par Sellal, a été incendiée. Ce mouvement de colère, au cours duquel ont été blessés des journalistes qui accompagnaient le directeur de campagne de Bouteflika, a provoqué l'annulation du meeting. Trois jours plus tard, quelque 2.000 étudiants sont sortis dans la rue pour exprimer leur rejet de l'élection présidentielle au cri de "système dégage". Un portrait géant du président-candidat a été déchiré. 

A Paris, le 6 avril, où avaient été dépêchés deux ministres, Amara Benyounès, et Amar Ghoul, un groupe de jeunes a tenté de perturber la rencontre et s'est fait évacuer sans ménagement de la salle. "Laissez-les crier, ils ne sont à chaque fois pas plus de dix", s'est indigné Benyounès à la tribune . "C'est hallucinant et ahurissant, des démocrates qui appellent l'armée à faire un coup d'Etat contre un président démocratiquement élu. On a tout vu dans ce pays ! ", a enchaîné le ministre, en référence à des appels lancés par des personnalités et des opposants.

A Batna, capitale des Aurès, un scénario identique à celui de Paris s'est déroulé : un groupe de jeunes a été expulsé manu militari. Résultat : la plupart des meetings de campagne se déroulent en présence d'un dispositif policier renforcé. Parfois, les salles sont fournies, parfois, elles ne le sont pas.

Le camp Bouteflika n'est pas le seul camp exposé à de rudes critiques  
Ali Benflis, 69 ans, prône une 
nouvelle Constitution "plus consensuelle"
A M'Chedallah, dans la région de Bouira,
un représentant d'Ali Benflis, principal rival du président sortant (photo ci-contre) a dû lui aussi renoncer. "On ne laissera personne organiser de meeting à M'Chedallah, nous rejetons carrément cette élection", ont clamé une centaine de jeunes manifestants selon l'agence algérienne APS. 

C'est un changement en Algérie où, avant le "printemps arabe", les  élections se déroulaient dans une quasi indifférence de la population.
Le président sortant paraît affaibli

Cette fois, l'entourage du président tente de faire campagne tant bien que mal, en l'absence de son candidat, affaibli par un accident vasculaire cérébral en 2013. Depuis mai 2012, Bouteflika ne s'est plus adressé directement au peuple algérien. Il n'apparaît plus à la télévision qu'à de courtes occasions, lorsqu'il reçoit des délégations étrangères. Ce fut le cas lors de la venue le 3 avril du secrétaire d'Etat américain John Kerry. Des images montrant le président saluant brièvement son hôte debout avaient alors été diffusées. "Il va bien", "il va de mieux en mieux", assurent à tour de rôle ses représentants. "C'est quelqu'un dont les fonctions mentales fonctionnent très bien, il a un problème de rééducation fonctionnelle", a affirmé Benyounès, interrogé le 6 avril dans le cadre de l'émission "Internationales" sur TV5, en partenariat avec RFI et Le Monde.

Suite au traumatisme de la décennie noire des années 1990-2000, qui avait vu s'opposer des groupes islamistes à l'armée, 
les hommes du président utilisent l'argument de la stabilité. 
Dans un meeting intégralement filmé à Tizi Ouzou, M. Sellal, qui s'est exprimé en arabe et en français, l'a dit et répété : « Si nous perdons la stabilité, nous perdons la souveraineté. (…) La stabilité est un acte de souveraineté, si on touche à la stabilité, on a touché à la souveraineté nationale ».

Cet argument a cependant été retourné par les opposants au quatrième mandat qui dénoncent le facteur d'instabilité que constituerait, selon eux, la réélection d'un chef de l'Etat malade. « Il a tout sacrifié » à l'Algérie, a répliqué M. Sellal, « jusqu'à sa santé », avait-il déjà affirmé dans une autre réunion. "Pourquoi ne pas vouloir le faire roi ?" s'est-il écrié à Alger le 8 avril.

Manifestation d’étudiants hostiles à Abdelaziz Bouteflika, à Tizi Ouzou, en Kabylie, le 6 avril.A Tizi Ouzou, au lendemain des incidents de Béjaïa, des jeunes venus manifester sont restés à l'extérieur de la salle sans que cela dégénère, et le directeur de campagne du président a mis en garde contre les impatiences qui s'expriment. "On doit avancer doucement, car nous avons une société compliquée et complexe". Celui qui a déjà qualifié de "moustique" le " printemps arabe" contre lequel l'Algérie dispose du "fly-tox" [insecticide], a insisté : "Les Algériens connaissent leur bonheur". Et il a promis des lendemains encore meilleurs. " Une République démocratique, égalitaire, où nous ne connaîtrons que le bonheur, où nous respecterons que les libertés individuelles et collectives !"

Puis, les promesses se sont accumulées. Le programme de constructions de logements commencé depuis le début du deuxième mandat de Bouteflika en 2004, à l'origine de nombreuses émeutes dans le pays, "continuera" a annoncé Sellal "jusqu'à ce qu'il n'y ait plus une demande en Algérie… selon les capacités financières du pays".

Pas d'observateurs européens

Extrême gauche souriante...
"Tant qu'il y aura une rente [pétrolière], elle profitera aux Algériens, aux plus démunis", a-t-il enchaîné. La préoccupation majeure dans le camp Bouteflika reste le taux de participation, déjà faible par le passé et qui pourrait s'aggraver pour ce scrutin si particulier suivi avec attention par la communauté internationale.

Dans un mémorandum sur les relations avec l'Algérie à laquelle elle est liée par un accord de coopération depuis 2002, l'Union européenne s'est inquiétée de la lenteur des réformes politiques. Rendu public le 27 mars, le rapport relève aussi qu' "aucun progrès notable n'a été enregistré dans la mise en œuvre des recommandations de la mission d'observation électorale de l'UE" lors des législatives de 2012. Or, cette fois, aucun observateur européen ne sera présent le 17 avril.  "Nous avons reçu très tard l'invitation à observer les élections présidentielles algériennes", indique au Monde Michael Mann, porte-parole de Catherine Ashton, représentante de l'UE pour les affaires étrangères. "Conformément à notre méthodologie, nous ne pouvions déployer, avec un préavis aussi court, une mission d'observation électorale à part entière », ajoute-t-il. Deux experts seulement seront dépêchés. Pour une "évaluation technique".

Un parti islamiste menace l'Algérie d'une révolution

Président fondateur du Front de la justice et du développement qui porte une idéologie islamiste réformiste, Abdallah Djaballah dénonce la "mascarade" des élections.

Les partis islamistes qui totalisent 59 députés constituent la 3e force à l'Assemblée.  Abdallah Djaballah est fondateur des deux partis Al-Islah (Réforme) et Ennahda (Renaissance), dont il a été éjecté et qui ont gagné des sièges dans le Parlement actuel. Il a été deux fois candidat à la présidentielle en 1999 et 2004 contre Abdelaziz Bouteflika, et il est arrivé troisième avec un score de 4,8 % en 2004.
Parmi les contestataires, l'Alliance de l'Algérie verte, formée du Mouvement de la société et la paix (MSP), Al-Islah et Ennahda, pour lesquels "le Printemps algérien par les urnes a été reporté".

Hollande menacé de mort sur un site islamiste: le Parquet de Paris a ouvert une enquête
Il s'agit de représailles après les interventions françaises au Mali et en République centrafricaine, où les troupes françaises ont à plusieurs reprises, tué des rebelles musulmans de la Séléka, indique SITE, le service qui surveille l'activisme fondamentaliste sur le web.
"A nos loups solitaires en France, nous disons : assassinez le président." C'est le message diffusé par un site internet islamiste, rapporte, mardi 11 mars, SITE, le service qui surveille l'activisme fondamentaliste sur le web. "Terrifiez son gouvernement maudit, et faites exploser des bombes, effrayez-les, en signe de soutien à ceux qui sont vulnérables en République centrafricaine !" pouvait-on également lire.Au total, six bannières ont été publiées sur ce site islamiste qui publie des informations à destination de la mouvance Al-Qaïda et des autres jihadistes, et dispose d'un magazine en ligne depuis juillet 2013.

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