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mardi 8 avril 2014

Déficits publics: cacophonie de Sapin et Montebourg auprès des Allemands à Berlin

Premier couac entre Sapin et Montebourg sur les déficits publics
Les ministres de Valls sont venus à deux et en ordre dispersé 
pour tenter de démontrer le sérieux économique de la France.
 
Ministre allemand hermétique
à la sémantique socialiste française
Lundi, le nouvelle paire de Bercy, le ministre des Finances, Michel Sapin, et le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, ont rencontré leurs homologues allemands, Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel dans la capitale, mais sans se croiser de la journée. Ils n'ont même pas pris les mêmes avions de ligne. La faute aux agendas des ministres allemands, accuse Michel Sapin, qui ne semblait cependant pas mécontent de laisser Arnaud Montebourg à l'écart.

À midi, tandis que le premier s'attardait au ministère des Finances, le second déjeunait à l'ambassade de France, à quelques centaines de mètres. "Nous pouvons avoir des personnalités différentes, des manières de s'exprimer différentes et travailler dans une seule direction, au service d'une seule politique", a assuré Michel Sapin. Les deux rivaux avaient même mis en scène leur arrivée conjointe lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Valls.
Or, les "conjoints" ont effectué leurs voyages simultanés en solos 
Un voyage le même jour pour la même destination, mais réalisé dans deux avions différents, avec un souci évident d'économie et de sauvegarde de la planète.

Sapin entendait bien faire comprendre que le ministre des Finances était porteur du message principal au gouvernement allemand. Il refusa d'ailleurs de commenter la visite parallèle d'Arnaud Montebourg: "c'est avec Sigmar Gabriel qu'il va discuter". À la veille du discours de politique générale du premier ministre, Manuel Valls, Michel Sapin a présenté à son homologue le pacte de responsabilité en avant-première. Sans rien dévoiler ensuite à la presse, il a plaidé pour un équilibre entre "respect des engagements budgétaires" et "retour de la croissance".

Langue et têtes de bois

Dans l'incapacité d'atteindre les 3% de déficit prévus en 2015,
 la France quémande l'assentiment de Berlin sur une révision du "rythme" de réduction de la dette publique de la France. "Je sais à quel point il faut aller chercher chez l'autre la confiance", a expliqué Michel Sapin dans un parallèle avec la coopération entre la France et l'Allemagne en 1992, quand les deux pays faisaient face à des difficultés économiques.

L'Allemagne accueille avec scepticisme les annonces françaisesLa France "est consciente de ses responsabilités", avait ironiquement déclaré Wolfgang Schäublela semaine dernière . Si un nouveau délai est accordé à Paris, Berlin craint d'envoyer un mauvais signal aux autres économies en crise en Europe. 

Lundi, le ton avait changé. "La France est sur un très bon chemin", a assuré le ministre des Finances allemand, tout en se disant diplomatiquement "convaincu" par les explications françaises. "On ne se donne pas des notes l'un l'autre", a-t-il commenté. Du côté de Michel Sapin, on s'est officiellement félicité, après la rencontre, d'un climat de "compréhension" qui pourrait, s'il se concrétise, faciliter les discussions avec la Commission européenne. "Est-ce que cela se fera sans difficultés? Elles font partie du chemin", a raconté le ministre des Finances, qui rencontrera à la fin de la semaine les représentants de la Commission.
Arnaud Montebourg ne compte pas laisser le monopole du débat à Michel Sapin. 
"La question des comptes publics est accessoire par rapport à la croissance", a-t-il en revanche estimé à i-télé depuis Berlin, quitte à brouiller le message global. En parallèle à la visite du ministre des Finances, qui avait été prévue seule dans un tout premier temps, le ministre de l'Économie a paradé pour marquer son existence: avant de s'entretenir avec Sigmar Gabriel, il a rencontré des chefs d'entreprise, puis des économistes, dont Peter Bofinger, économiste auprès du "conseil des sages" qui épaule le gouvernement allemand.
Montebourg a survolé un champ large de questions: politique industrielle, politique européenne, politique énergétique… Il a notamment plaidé pour une approche "économique et non sociétale" des questions énergétiques. Il a aussi répété sa résolution à une réorientation européenne: "Notre objectif est que l'Europe change et bouge." Montebourg veut être partout, sûr de porter le message de la gauche française.

Les deux ministres de Bercy 
tiennent des propos discordants

Moins d'une semaine après avoir été nommés à la tête de Bercy, Michel Sapin et Arnaud Montebourg tiennent déjà
des propos aux tonalités bien différentes sur les déficits publics.
Ils ne devaient parler que d'une seule voix. "Nous sommes deux jambes pour faire avancer le même corps", disait Arnaud Montebourg au sujet de la direction bicéphale de Bercy, confiée à un ancien ministre du Redressement productif incapable d'empêcher les fermetures d'usines et à Michel Sapin, ancien ministre du Travail 
impuissant à faire reculer le chômage mais devenu ministre des Finances et des comptes publics. 

Un premier signe d'incompatibilité d'humeurs du couple ?  

"Pas du tout, tout va bien entre les deux", nie au Scan l'entourage du ministre de l'Economie et du Redressement productif. "Rien d'autre que l'envie pour d'aucuns de repérer un signe de dysfonctionnement", polémique-t-ils.

Les comptes publics tenus par Sapin ? "Accessoires", selon Arnaud Montebourg 
La dysfonctionnement vient pourtant bel et bien de Bercy. Interrogé depuis l'Allemagne par i-Télé, 
Montebourg a néanmoins estimé que les déficits publics peuvent détruire des emplois: "La question des comptes publics est accessoire par rapport à la croissance. La croissance, c'est elle qui créé les emplois. Les comptes publics, ça ne crée aucun emploi, ça peut même en détruire. C'est le message que j'adresse à mes amis allemands."

Problème. Quelques heures auparavant, Sapin vantait les efforts de la France pour tenir ses engagements sur la question des déficits. Le nouveau ministre des Finances est venu vendre les réformes "difficiles" que doit exposer mardi le premier ministre devant l'Assemblée nationale.

S'imaginant en "Schäuble français", le Sapin de nos forêts a garanti la "poursuite de la remise en ordre des finances publiques", soulignant que la France a déjà fait "des efforts considérables", si improductifs soient-ils, et va les "amplifier", mais pas à n'importe quel prix. 


Deux délais n'y ont pas encore suffi
La France s'est engagée à ramener son déficit public sous la barre de 3% du PIB l'an prochain. Un défi auquel plus personne ne croit, le déficit public français ayant atteint 4,3% en 2013. Mais ce "nouveau" gouvernement continue sur sa lancée des mensonges: en reprenant les mêmes, Hollande  espérait-il qu'ils fassent leur auto-critique ?


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