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mercredi 30 avril 2014

Dossier Alstom: Hollande tente de laisser Montebourg sur la touche

Coup d'éclat de Montebourg qui refuse les rôles d'appoint

Le président a décidé de prendre en main ce sujet sensible


Le bouffon
Parce que sensible, l'affaire de la vente d'Alstom est retirée à Montebourg. Elle est traitée depuis l'Elysée, bien que Hollande ne soit pas au fait de la question. Lundi, François Hollande devait pourtant recevoir à l’Elysée les patrons de General Electric et de Siemens, ainsi que l’actionnaire principal d’Alstom, Martin Bouygues.

Le ministre caractériel de l'Economie Arnaud Montebourg a annulé son rendez-vous prévu le 27 après-midi avec Jeff Immelt et lui a adressé une lettre. Dans cette missive, il regrette d'avoir été mis devant le fait accompli de la candidature au rachat et justifie ses humeurs en rappelant qu'Alstom a des actifs stratégiques dans le nucléaire. Une vraie mise en garde pour empêcher l'annonce d'une transaction le lendemain.

Arnaud Montebourg a dû céder sa place en première ligne sur ce dossier.
"C’est du niveau du chef de l’Etat", a-t-on expliqué au Château. Une petite phrase lâchée dans l’entourage du chef de l’Etat confirme la mise à l’écart du ministre de l’Economie : "vous savez, il ne faut pas sur-interpréter les propos d’Arnaud Montebourg" qui passe de plus en plus pour un agité. Quand ce dernier donne l’impression d’avoir fait le choix européen de l’Allemand Siemens, au détriment de GE, l’Elysée s’empresse de reprendre les discussions en main. "Le sujet est devenu très vite hautement symbolique, c’est du niveau du chef de l’Etat", décrypte un conseiller de Hollande. Il est trop risqué de laisser un sujet aussi sensible, qui concerne 18.000 emplois en France, entre les mains de l’imprévisible Arnaud Montebourg.

Le conseiller économique de François Hollande a dû recevoir le patron d’Alstom discrètement et en urgence 

Montebourg se la joue à Florange
Montebourg a une propension au conflit avec les grands patrons
Le chef de l'Etat redoute qu'il maltraite le patron de GE, comme ce fut le cas à l'encontre de Lakshmi Mittal à Florange ou Philippe Varin dans l'affaire Peugeot. Pour empêcher Mittal de fermer des sites en Europe, Montebourg avait brandi la menace de droits de douanes sur les importations d'acier d'ArcelorMittal. "Tous les jours, cette entreprise privée cause du tort et du préjudice aux Etats et à leurs populations, utilise, quand elle sait le demander, l'argent public, et n'a aucune conscience de ses responsabilités", avait-il accusé en ténor de l'aile gauche du PS. Et de conclure: "Nous ne voulons plus de Mittal en France." 
Montebourg toise Ph. Varin
Il avait également taclé PSA sévèrement pour la gestion hasardeuse de son plan social, avant de faire son mea culpa. En juillet 2012, Montebourg a fait sortir la famille Peugeot de ses gonds, pour avoir comparé PSA à un "malade imaginaire", parle de "dissimulations", dit ne pas avoir une "confiance extraordinaire" en la direction du groupe...
Le 23 octobre 2012, le président de Mitsubishi France avait qualifié Arnaud Montebourg d'"abruti mental". Je ne comprends pas ce ministre qui ne connaît pas ses dossiers sur l’automobile qui représente 25% des revenus de la France et 10% de l’emploi dans notre pays, car il n’y a pas seulement les constructeurs mais aussi ceux qui travaillent par ou pour l’automobile directement ou indirectement." "Cet abruti mental, ce débile, augmente les malus écologique, réduit la vitesse des conducteurs sur le périphérique de Paris et pourrit la vie des automobilistes, de toutes les origines sociales… Tous le subissent !" "Il est bête et ne comprend rien. Vous pouvez me citer sans vous inquiéter… Grâce à mes précédentes déclarations sur les chaines de télévision nationales, j’ai déjà un contrôle fiscal ! "

Alors que Titan, le fabricant américain de pneus, essaie de racheter l'usine Goodyear à Amiens, le PDG Maurice Taylor adresse à Arnaud Montebourg une lettre 
raillant les "soi-disant ouvriers" de l'usine d'Amiens-Nord. "Les ouvriers français sont beaucoup payés, mais ne travaillent que trois heures (...). J'ai fait part de cette remarque aux syndicats. Ils m'ont dit que ça marchait comme ça en France !", écrit Taylor. Et l'Américain ironise : "Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français." Le ministre du Redressement productif réplique aux propos de la missive et ne retient pas sa colère qualifiant les propos de "ridicules" et "désobligeants". "Vos propos, aussi extrémistes qu'insultants, témoignent d'une ignorance parfaite de ce qu'est notre pays, la France, de ses solides atouts, comme de son attractivité mondialement reconnue et de ses liens avec les Etats-Unis d'Amérique", assène-t-il.
Le PDG de Titan campe sur ses positions et riposte à Arnaud Montebourg : "L'extrémiste Monsieur le ministre, c'est votre gouvernement et son manque de connaissances sur la façon de bâtir une entreprise." Un peu plus tard, interrogé par Europe 1, Maurice Taylor s'en donne à cœur joie : "Mais pourquoi il m’embête avec ça, votre ministre ? Il est stupide ou quoi ? On parle de l’usine Goodyear et il s’adresse à moi. Vous devriez poser vos questions à cet imbécile !"

Montebourg pique maintenant une crise contre le président d'Alstom
"Depuis le mois de février, j’interroge Monsieur Patrick Kron, président de cette entreprise qui est notre fleuron national. Et Monsieur Patrick Kron, alors que je l’ai interrogé dûment, solennellement et sérieusement, m’a toujours dit qu’il n’avait aucun projet d’alliance", a lancé Arnaud Montebourg. "Est-ce que le ministre de l’Economie doit aller installer un détecteur de mensonges dans son bureau ? Pour les présidents du CAC 40 qui n’ont pas le civisme élémentaire d’avertir leur gouvernement ?" a-t-il ajouté.

L’affaire Alstom est menée par  Emmanuel Macron, à l’Elysée, même si, pour sauver les apparences, Arnaud Montebourg a assisté aux rendez vous avec les capitaines d’industrie qui se sont tenus au château. "François Hollande sait de toute façon que, politiquement, c’est lui qui sera jugé", assure l’entourage du président pour justifier son interventionnisme.

Hollande rêverait d'arriver à la cheville de Sarkozy. 
Le dossier est à la fois politique et européen. Berlin pousse pour arriver à une entente entre les européenne Alstom et Siemens. Et François Hollande ne peut pas donner le sentiment de laisser gagner l'américain GE sans tenter la solution européenne. Voilà aussi pourquoi il ne pouvait pas rester spectateur sur ce dossier. 
Une autre explication tient davantage au symbole : François Hollande sait qu’Alstom a été le succès de Nicolas Sarkozy qui, en 2004, sauva l'entrepris, et le socialiste fera tout pour que ce ne soit pas perçu comme son échec.

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