POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

dimanche 6 avril 2014

Vote de confiance : le nombre des députés PS qui défient Hollande et Valls grossit

Plus de 100 députés PS posent leurs conditions

Près de 100 députés socialistes en colère ont signé une pétition réclamant un "contrat de majorité"
 
avec le nouveau gouvernement, juste avant le discours de politique générale de Manuel Valls mardi. Soit déjà un tiers du groupe à l'Assemblée nationale.
Ce texte est "une démarche inédite qui répond à une situation politique sans précédent à gauche", explique au journal socialiste Le Monde le député de la Nièvre Christian Paul, un de ses initiateurs. La vague bleue a ébranlé le Parti socialiste aux municipales: c'est, selon lui, "une des plus graves défaites de mi-mandat de la gauche au pouvoir".

Plusieurs députés menacent de ne pas voter la confiance
, sauf à obtenir un "contrat de majorité".  Quoiqu'encore doté d'une cote de popularité positive, Manuel Valls ne connaîtra pas l'état de grâce de ses prédécesseurs. Ayrault a frappé dur. Fiscalité et austérité ont augmenté mais la courbe du chômage  n'a rien cédé et les déficits publics ont crû. La paire de gifles des municipales ne semble pas avoir été assez cuisante pour que Hollande évite de ressortir de rossignols et de reconduire des bras cassés dans le nouveau gouvernement. Hollande et Valls ont tout fait pour que Matignon soit bel et bien le point de confluence des rancœurs, des méfiances et des jalousies. 

Surveillé par François Hollande, qui a placé ses fidèles aux postes clés (même s'il n'a pu imposer son ami François Rebsamen à l'Intérieur) et invite par voie de presse son nouveau Premier ministre à "faire du Valls", le promu qui est déjà dans le collimateur de son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, qui n'a pas digéré les conditions de son limogeage à la façon de Delphine Batho, ni le choix de son successeur, est en butte déjà aux tentatives d'émancipation de l'une (Ségolène Royal) et aux rivalités des autres (Fabius et Montebourg, Montebourg et Sapin…). Lâché par les altermondialistes d'EELV que ses options droitières révulsent, voici Manuel Valls focalise tous reproches des vaincus et des aigris et la fronde de nombreux parlementaires socialistes monte.

La confiance à son gouvernement sera votée mardi soir à l'Assemblée nationale. Cela ne fait guère de doute, mais dans quelles conditions ! Et la question est de savoir si la majorité qu'il obtiendra sera une mise en garde. La confiance sera certainement votée par les velléitaires de gauche, même si l'opposition reçoit le renfort des 10 députés du Front de gauche. Seuls sont comptabilisés en effet les suffrages exprimés. 
Ne seront pas pris en compte dans le résultat final les abstentions possibles des écologistes, voire des trois élus chevènementistes (qui siègent au groupe PS) ou de quelques députés de l'aile gauche du PS. Et les menaces de dissolution brandies par François Hollande devraient refroidir les ardeurs.

Le vent de fronde souffle fort au groupe socialiste
 
Un texte circule, qui serait signé par une centaine de députés. 
La liste des signataires devrait être connue ce week-end. "Le Monde" explique qu'on retrouve plusieurs courants du socialisme : "membres des 'reconstructeurs', sensibilité composée de fabiusiens et d'anciens strauss-kahniens, des proches de Martine Aubry, de Benoît Hamon ou d'Arnaud Montebourg, ainsi que l'aile gauche traditionnelle du PS".

Ce texte pose clairement "les conditions de la confiance" exigeant "un contrat de majorité" qui en dit long sur le climat de défiance au PS. Y figureraient  une "réorientation" de l'Europe, "un plan de relance contre la déflation", "une révision des trajectoires budgétaires" envoyées à Bruxelles, une "réforme fiscale" incluant notamment une CSG progressive, une plus forte régulation des activités bancaires et financières.

Les pétionnaires veulent "agir et ne pas subir" 

"Le temps du Parlement est venu", affirment-ils, posant "les conditions de la confiance". Ils demandent notamment la remise en cause de l'austérité européenne "par un plan de relance contre la déflation" et "une révision des règles budgétaires" qu'ils estiment "insoutenables et ennemies de la croissance et de l'emploi". Pour eux, l'Union européenne doit procéder à des "investissements massifs" dans "les énergies renouvelables, les transports, le numérique, la construction de logements, la recherche", sans quoi il n'y aurait pas "d'échappatoire au déclin".  Le spectre d'Athènes se dresse devant les frondeurs, alors que la Grèce a amorcé son redressement.

Ils demandent également plus de social :"la création réelle d'emplois", "des mesures en faveur des bas salaires" et la revitalisation du Parlement.

Il s'agit aussi de "réaffirmer et amplifier les choix et les engagements de 2012", soit "muscler les efforts de régulation des activités financières et bancaires", "rendre populaire la transition écologique" ou encore "défendre l’égalité des territoires".

"Cette lettre n'est ni une rébellion, ni une dissidence, mais l'expression de ce qu'attendent de nous les Français", affirme Christian Paul au "Monde". Le vote de confiance à Manuel Valls n'est pas remis en question. "Ne pas voter la confiance serait comme nous autodissoudre", reconnaît un signataire.

Les députés exigent une meilleure association à l'action du gouvernement
Alors qu'en 2012 Hollande promettait dialogue et concertation à tous les étages, les signataires brandissent cette menace : "Si le gouvernement rejette systématiquement nos amendements, il manquera plusieurs voix le jour du vote." Ces signataires veulent pour l'heure simplement peser et prendre date. Le danger pour Valls est qu'ils ne viennent pas - ou pas seulement - de la turbulente aile gauche, mais de plusieurs courants, à commencer par celui qui avait porté Martine Aubry à la tête du PS en 2008. Ce sont d'ailleurs deux proches de la maire de Lille qui se trouvent à la manœuvre, à savoir son ancien directeur de cabinet au PS, Jean-Marc Germain, aujourd'hui député des Hauts-de-Seine, et l'ancien ministre Christian Paul.

Les avatars du passage de Martine Aubry rue de Solferino n'en finissent pas de se faire sentir pour François Hollande et ses premiers ministres successifs. Il y avait d'abord eu l'accord passé avec sa complice C. Duflot en faveur des Verts, qui leur a permis d'avoir un groupe grâce à des circonscriptions laissées par le Parti socialiste. Il y a aujourd'hui tous ces députés PS qui doivent leur investiture à Martine Aubry et font du groupe socialiste un groupe bien peu " hollandais". 
À cela s'ajoute l'aversion profonde de Mme Aubry pour Manuel Valls, qu'elle avait même menacé en 2009 d'exclure du Parti socialiste après que celui-ci eut multiplié les prises de position iconoclastes.


Même si ces troupes aubrystes se montrent encore disciplinées, tout le groupe socialiste votera-t-il pour autant la confiance ? "Je n'en mettrais pas ma main au feu, souffle un bon connaisseur des arcanes parlementaires. Il en manquera peut-être quelques-uns, les éternels trublions." 

Nombreux sont sans doute ceux qui partagent la position exprimée hier par Henri Emmanuelli (ci-contre) dans Sud Ouest : "Je ne suis pas enthousiaste à l'idée de voter la confiance à ce nouveau gouvernement, explique le député des Landes. Surtout si, comme je l'entends dire, on y greffe le vote sur le pacte de responsabilité. Cela me paraît difficilement acceptable."

Il paraît en effet probable que le gouvernement n'engagera pas une deuxième fois sa confiance dans un mois ou deux sur le pacte de responsabilité.
Ce pacte ne devrait faire l'objet que d'une déclaration éventuellement suivie d'un vote. Manuel Valls devrait préciser que le vote de confiance portera aussi - et surtout - sur le pacte de responsabilité. Un pack anti-démocratique qui force la main des élus du peuple.  D'où l'indignation croissante d'une partie du PS. 
L'heure de vérité devrait en tout état de cause sonner vraiment lors du vote des textes budgétaires qui intégreront les milliards d'économies annoncés.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):