Menace islamiste sur le système éducatif laïc français
Une confrérie turque ouvre un collège républicain en France
C'est en toute discrétion que s'est ouvert le collège privé « Educ'active ». Installé en pleine région parisienne, dans un quartier résidentiel, à quelques rues de la gare de Villeneuve-Saint-Georges, en septembre 2008, l'établissement a bénéficié d'une présentation factuelle du journal Le Parisien.
Le réseau de Fethullah Gülen, un penseur turc en vogue dans les cercles musulmans, est à la tête d’une 'confrérie' religieuse controversée, souvent accusée en Turquie de favoriser l’islamisation de la société.
Déjà présentes dans toute l’Europe, depuis plusieurs années, les écoles de Gülen se sont appuyées sur la communauté franco-turque pour franchir le pas et s’implanter en France.
La méthode islamiste: catimini, modération et progessivité
Avec 64 élèves - exclusivement des garçons, en uniformes - et cinq classes pour commencer, le démarrage est modeste, mais le projet a de grandes ambitions.
"L’objectif, c’est d’être le meilleur collège du département du Val-de-Marne, d’ici trois ans" , affirme l’un de ses fondateurs, Nihat Sarier, 35 ans, qui a grandi à Strasbourg, dans une famille d’origine turque. « Mais il faut d’abord lutter contre les préjugés, se plaint-il. La première question qu’on nous pose, c’est : « Etes-vous une école turque ? » On répond que non, nous sommes une école française. » Une école coranique ? « Non, un établissement laïc et républicain. Même l’inspection du travail nous a demandé pourquoi nous n’avions pas ouvert une école musulmane… Notre objectif est différent : nous voulons former de bons citoyens, pas promouvoir l’islam ! » Sauf qu'un bon musulman n'est pas un bon citoyen, en ce qu'il accorde la primauté à la loi religieuse sur la loi républicaine.
Educ'active affiche un rejet de toute démarche communautariste
« Il y a une cinquantaine d’élèves franco-turcs parce qu’ils nous connaissent, mais nous ne voulons pas nous limiter à cette cible », précise Necati Kertel, professeur de technologie et président de l’association scolaire.
La réalité du terrain mondial
Avant de prendre forme en France, le concept a déjà fait ses preuves.
Depuis une vingtaine d’années, des écoles bâties sur le même modèle ont essaimé partout dans le monde. Il en existerait aujourd’hui près de 2 000, réparties dans plus de 110 pays : du Chili au Japon en passant par Soweto, Oslo ou Astana. En Pologne, "notre lycée est devenu rapidement l’un des meilleurs du pays" , note Salih Karakaya, un jeune professeur, turc également, qui est parti y enseigner les mathématiques quelques années. En Afrique et en Asie, une nouvelle élite turcophile émerge de ces établissements, loués pour leur rigueur morale et la qualité de leur enseignement.
Ce réseau éducatif tentaculaire est la vitrine de la communauté musulmane de Fethullah Gülen, un imam et penseur turc âgé de 70 ans (né en 1938, selon d'autres sources), exilé aux Etats-Unis depuis dix ans, dont l’influence ne cesse de s’étendre. Ses disciples seraient plusieurs millions, principalement en Turquie, et constituent « le réseau musulman le plus puissant du monde », selon la sociologue Nilüfer Göle, directrice de recherches à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris. Une nébuleuse active dans l’éducation, dotée de solides appuis financiers et politiques et à la tête d’un véritable empire médiatique organisé autour du journal conservateur Zaman.
L’organisation est particulièrement bien implantée aux Etats-Unis, où elle compte des dizaines d’écoles et de fondations et entretient d’étroites relations avec des universités chrétiennes. Subventionnée par des "mécènes" aussi généreux que mystérieux, elle disposerait d’une puissance de frappe financière d’environ 25 milliards de dollars à travers le monde, selon un rapport de la justice américaine.
Elle est en fait organisée en mafia. Des entrepreneurs et des petits commerçants reçoivent soutienet protection de l'organisation en échange de 10% de leur chiffre d'affaire en expansion.
Qu’ils soient étudiants, professeurs, journalistes ou hommes d’affaires, les missionnaires « gülenistes » appliquent les préceptes de leur maître : spiritualité et exemplarité. Ces « jésuites de l’islam », qui érigent des écoles plutôt que des mosquées, forment la base d’un mouvement charismatique, intégriste moderne, qui prétend réconcilier la science et la religion et prône le dialogue prosélyte interreligieux. Fethullah Gülen a montré l’exemple en rendant notamment visite au pape Jean Paul II, au Vatican, en 1998. Il fut également l’un des premiers, dans le monde musulman, à condamner sans appel les attentats du 11-Septembre.
Mais, en Turquie, son pays d’origine, soupçonné d'activisme anti-laique, Fethullah Gülen suscite la méfiance autant que l’admiration. Sous la pression de la justice turque, qui l’accusait, sur la base de sermons enregistrés dans une mosquée, de fomenter un complot islamiste contre le gouvernement de l’époque, le prêcheur a d’ailleurs préféré s’exiler en Pennsylvanie, en 1999. Les tribunaux turcs l’ont blanchi, en 2008, ouvrant la voie à son possible retour en Turquie. Ses écoles et son université installée dans la banlieue d’Istanbul connaissent un succès grandissant.
Mais, pour les élites kémalistes, son influence menacerait la pérennité de la République laïque. Les disciples de Fethullah Gülen sont régulièrement accusés de noyauter la bureaucratie et la police turques et de soutenir de tout leur poids le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. « Nous n’avons pas d’agenda politique », rétorquent-ils. Résolument conservateurs et pieux, leur ferveur religieuse inquiète. Et le mystère reste entier sur les ressources financières et les desseins de la confrérie qui serait, pour certains, un simple pion de la politique étrangère américaine en Asie centrale et au Moyen-Orient.
En France, les missionnaires sont passés à l’offensive après les émeutes dans les banlieues de Paris, en 2005.
« Investissez-vous dans l’éducation de cette jeunesse ! », a commandé, à l’époque, Fethullah Gülen, pointant les lacunes du système français, par l’intermédiaire de l’un des nombreux sites Internet qui assurent la promotion de ses idées. « Nous vivons ici, remarque Mehmet Nam, un membre actif, et nous pensons que les Turcs peuvent contribuer à résoudre certains problèmes d’intégration et d’adaptation à la culture française. »
La France est l’un des derniers terrains à défricher pour l’organisation.
Comme ailleurs, elle s’y est installée par étapes.
Les étudiants en éclaireurs : formés dans les meilleures facultés turques, certains poursuivent leur cursus en France. Ces universitaires ascètes vivent souvent en communauté, dans des appartements collectifs, les « maisons de lumière », où l’on travaille, on prie et on débat.
La présence sur le terrain éducatif a commencé avec des centres d’études et des cours du soir, ouverts à Strasbourg (PS), à Montfermeil ( PCF jusqu'en 1983) ou à Vénissieux (PCF).
A Pantin (PS), le centre « Etudes Plus » accompagne avec succès une centaine de lycéens. Résultat : 100 % de réussite au bac en juin. « On rend visite aux familles, on leur bâtit un emploi du temps, on leur explique l’importance de la lecture », détaille la directrice pédagogique, Anaïde Armagan, une Française d’origine arménienne.
Cette expérience a mis sur orbite le collège Educ'active de Villeneuve-Saint-Georges (PCF).
C'est aussi la ville de Rachid Nekkaz: lien PaSiDupes (et libellé ci-dessous)
La France est l’un des derniers terrains à défricher pour l’organisation.
Comme ailleurs, elle s’y est installée par étapes.
Les étudiants en éclaireurs : formés dans les meilleures facultés turques, certains poursuivent leur cursus en France. Ces universitaires ascètes vivent souvent en communauté, dans des appartements collectifs, les « maisons de lumière », où l’on travaille, on prie et on débat.
La présence sur le terrain éducatif a commencé avec des centres d’études et des cours du soir, ouverts à Strasbourg (PS), à Montfermeil ( PCF jusqu'en 1983) ou à Vénissieux (PCF).
A Pantin (PS), le centre « Etudes Plus » accompagne avec succès une centaine de lycéens. Résultat : 100 % de réussite au bac en juin. « On rend visite aux familles, on leur bâtit un emploi du temps, on leur explique l’importance de la lecture », détaille la directrice pédagogique, Anaïde Armagan, une Française d’origine arménienne.
Cette expérience a mis sur orbite le collège Educ'active de Villeneuve-Saint-Georges (PCF).
C'est aussi la ville de Rachid Nekkaz: lien PaSiDupes (et libellé ci-dessous)
Discret sur son origine, l’établissement met l’accent sur le projet pédagogique pour se faire connaître : des effectifs limités à une quinzaine d’élèves par classe, un effort sur les langues et les sciences, un programme densifié et une implication totale des enseignants. « Nous essayons de développer une « ingénierie éducative » pour la France, en reprenant de bonnes méthodes parfois abandonnées. Par exemple l’uniforme, qui est un moyen de faire respecter égalité et discipline. L’enfant a besoin de cadres », estime Nihat Sarier. Au moindre écart de conduite – fumer, cracher, insulter, téléphoner -, les sanctions tombent. Et qu'en pense Philippe Meirieu (Europe Ecologie), maître à penser de Jospin et fossoyeur des IUFM et de l'E.N. ?
Les familles, qui déboursent 4 500 euros par an, sont tenues de s’intéresser de près aux résultats de leur progéniture : « On apprend aux parents à être des parents d’élèves », des militants, explique Ilhan Dogan, le principal adjoint. Les enseignants rendent visite aux parents Nous n’avons jamais vu ailleurs de telles conditions de travail », constate Walter Pacelat, le professeur de musique. A côté de cela, les "hussards de la République" de 2011 réclament effectifs, confort et ... bien-être.
Les enseignants et le proviseur, formés et recrutés dans un collège catholique, ont dû s’adapter. « Pour eux aussi, c’est un gros effort à fournir. Ils étaient habitués à une méthode plus laxiste, estime Ilhan Dogan. L’enseignant doit être noté et payé à la performance. Il doit être un modèle. C’est lui qui porte l’image de l’école. » Ces missions, proposées par Luc Ferry, seront combattues par la FSU et la FCPE.
« Le but est de monter un groupe scolaire, étendu à l’école primaire et au lycée », précise Necati Kertel. « Ce serait bien d’avoir des dizaines d’écoles en France. Nous allons démarcher des municipalités, mais pour le moment, nous apprenons », complète Nihat Sarier. Les responsables du collège ont en effet multiplié les rencontres avec les élus locaux et se sont heurtés, parfois, à leur méfiance, comme à la mairie communiste de Villeneuve-Saint-Georges, où ils sont pourtant implantés...
Le deuxième pilier du mouvement, après l'éducation, ce sont les hommes d’affaires.
A Paris, le groupement des entrepreneurs franco-turcs (Fatiad), affilié à la galaxie Gülen, promeut les échanges entre les deux pays et finance les écoles.
Le réseau tout entier s’investit et a pour ambition de créer un pont entre Paris et Ankara. Depuis quelques années, les deux pays entretiennent des relations diplomatiques compliquées et s’opposent sur l’adhésion de la Turquie à l’UE. Pour soutenir le dialogue franco-turc, les gülenistes ont créé la « plateforme de Paris » et ont organisé, en 2007, des rencontres entre intellectuels français et turcs à l’Assemblée nationale, en partenariat avec la revue Esprit.
Lien L'Expansion
La plus grande discrétion reste de mise sur la source d’inspiration du mouvement et les idées de Fethullah Gülen.
« C’est une inspiration personnelle, poursuit Nihat Sarier. Mais notre approche est locale, car les préjugés restent nombreux contre les Turcs. La France n’est pas tout à fait prête : d’ici un an ou deux, il sera temps de mieux faire connaître le mouvement. »
La plus grande discrétion reste de mise sur la source d’inspiration du mouvement et les idées de Fethullah Gülen.
« C’est une inspiration personnelle, poursuit Nihat Sarier. Mais notre approche est locale, car les préjugés restent nombreux contre les Turcs. La France n’est pas tout à fait prête : d’ici un an ou deux, il sera temps de mieux faire connaître le mouvement. »
Les Turcs islamistes fondent les plus grands espoirs sur une victoire de la gauche à la présidentielle.
Mais qui est exactement Fetullah Güllen ?
L'organisation Fetullah Gülen fait les feux de l'actualité en ce moment dans la presse turque. Un journaliste, récemment arrêté dans le cadre de l'affaire Ergenekon, a écrit un livre évoquant la galaxie Fethullah Gülen, ses réseaux et ses liens avec le pouvoir actuellement en place en Turquie. Ce livre vient de voir sa publication interdite et son manuscrit saisi par la justice.
Mais le journal Libération est serein...
"Son positionnement est assez clair, écrit-il à propos du mouvement de l'imam, y compris dans ses ambiguïtés et ses limites.
Il se réclame d'un héritage turco-ottoman dans lequel il englobe les Balkans et l'Asie centrale, dissimule mal son arabophobie et son iranophobie, voit dans l'islam une source de moralité et d'identité, exalte la réalisation du Soi à travers l'éducation, le travail et l'éthique. Il se veut résolument moderne, optant pour la démocratie, les droits de l'Homme, le « contrat social », l'économie de marché, l'égalité des sexes, la langue anglaise, la technologie, bien que ses critiques aient beau jeu de constater que de la coupe aux lèvres les choses puissent être différentes dans la vie concrète des institutions fethullahci, et notamment de leurs « Maisons de Lumière », ces foyers étudiants qui servent à la fois de résidences universitaires, de cercles de socialisation et de lieux de dévotion."
Libération est déjà conquis !...
"Quelles que soient les gloses ou les théories du complot qu'elle peut inspirer, la saga du mouvement de Fethtullah Gülen incarne une interaction, peut-être conflictuelle, peut-être ambivalente, mais non moins tangible, entre un islam positiviste et moderniste, pour ne pas dire futuriste, et une République dont il épaule, accompagne ou dévoie, c'est selon, la politique étrangère, l'orientation néolibérale et l'effort dans le domaine de l'Enseignement supérieur."
Libération est-il toujours laïc ? Ou fait-il du prosélytisme pro-islamiste ?
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L'organisation Fetullah Gülen fait les feux de l'actualité en ce moment dans la presse turque. Un journaliste, récemment arrêté dans le cadre de l'affaire Ergenekon, a écrit un livre évoquant la galaxie Fethullah Gülen, ses réseaux et ses liens avec le pouvoir actuellement en place en Turquie. Ce livre vient de voir sa publication interdite et son manuscrit saisi par la justice.
Mais le journal Libération est serein...
"Son positionnement est assez clair, écrit-il à propos du mouvement de l'imam, y compris dans ses ambiguïtés et ses limites.
Il se réclame d'un héritage turco-ottoman dans lequel il englobe les Balkans et l'Asie centrale, dissimule mal son arabophobie et son iranophobie, voit dans l'islam une source de moralité et d'identité, exalte la réalisation du Soi à travers l'éducation, le travail et l'éthique. Il se veut résolument moderne, optant pour la démocratie, les droits de l'Homme, le « contrat social », l'économie de marché, l'égalité des sexes, la langue anglaise, la technologie, bien que ses critiques aient beau jeu de constater que de la coupe aux lèvres les choses puissent être différentes dans la vie concrète des institutions fethullahci, et notamment de leurs « Maisons de Lumière », ces foyers étudiants qui servent à la fois de résidences universitaires, de cercles de socialisation et de lieux de dévotion."
Libération est déjà conquis !...
"Quelles que soient les gloses ou les théories du complot qu'elle peut inspirer, la saga du mouvement de Fethtullah Gülen incarne une interaction, peut-être conflictuelle, peut-être ambivalente, mais non moins tangible, entre un islam positiviste et moderniste, pour ne pas dire futuriste, et une République dont il épaule, accompagne ou dévoie, c'est selon, la politique étrangère, l'orientation néolibérale et l'effort dans le domaine de l'Enseignement supérieur."
Libération est-il toujours laïc ? Ou fait-il du prosélytisme pro-islamiste ?
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