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mardi 14 juin 2011

Primaire PS: stand up de François Hollande à Charleville-Mezières


Hollande se dessine en négatif de Nicolas Sarkozy
En déplacement dans les Ardennes, le favori des sondages dans la primaire socialiste se rêve en chef d'Etat.

L'ancien président Jacques Chirac l'a fait buzzer

Ridiculisé par Jacques Chirac
L'ancien président de la République a suscité stupeur et rires gênés, lorsqu'avec un large sourire il a assuré qu'il voterait pour François Hollande en 2012.
Lors d'une visite à Sarran, en Corrèze, pour l'inauguration du musée qui lui est consacré, Jacques Chirac s'est amusé des prétentions de François Hollande. En pleine campagne pour la primaire, François Hollande, avait aussitôt relativisé: "C'est une plaisanterie, c'est pour énerver ses amis, c'était sur le mode du sourire". Dimanche, l'ancien président confirma d'ailleurs qu'il s'agissait "d'humour corrézien"! Il aura encore fallu à Hollande que le porte-parole du gouvernement, François Baroin, souligne, mardi, que la déclaration est une "blague", pour que le député de Corrèze dégrise.
"C'était une blague, n'accordez pas plus d'importance", a observé sur RTL François Baroin, ministre du Budget, et proche de l'ancien président de la République. "En plus, il s'exprime le lendemain et il donne la lecture qu'il faut avoir, non pas un acte politique, c'était tout sauf un acte politique, c'était une promenade avec le président du Conseil général" de Corrèze, a-t-il ajouté, parlant "du compagnonnage du plateau de Millevaches".

"Il est attaché à sa terre" et "ne fait plus de politique depuis qu'il a quitté l'Elysée le jour de la passation de pouvoir avec Nicolas Sarkozy", a précisé François Baroin, affirmant qu'"il se l'est fixé comme règle". "Il ne veut pas gêner son successeur, il ne formule aucune observation, aucun commentaire sur l'action du gouvernement, il a tourné la page", a encore dit le ministre du budget.

La ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a également penché pour une plaisanterie, soulignant que l'ancien chef d'Etat s'était fixé pour règle de ne pas intervenir dans le débat politique "du moment." "Jacques Chirac a toujours été attaché à défendre sa famille politique et je prends vraiment ça comme une boutade de sa part", a renchéri sur RTL Bruno Le Maire, ministre de l'Agriculture.
Hollande devra se faire une raison.

Flamby 1er profite de la crise

Dans la salle de la mairie de Charleville-Mézières, garnie de 300 sympathisants du Parti socialiste, François Hollande s'est offert un régime protéiné en conclusion de son déplacement dans les Ardennes mardi soir. Le favori de la primaire socialiste s'est dopé en réservant près de la moitié d'un discours de 45 minutes à la caricature de la politique de l'actuel président de la République. "Un bon moyen de chauffer la salle", se félicite François Rebsamen, le maire de Dijon venu le soutenir avec la députée Aurélie Filippetti.

Un peu plus tôt dans l'après midi, l'ancien premier secrétaire du PS s'était échauffé lors d'une séance de questions de syndicalistes et de responsables associatifs à Revin, à quelques kilomètres de là. François Hollande a délivré ses premiers coups contre le chef de l'État. Les Ardennes, "il faut y venir, y revenir et ne pas y mentir" ! Une allusion claire à Nicolas Sarkozy qui, en 2006, avant la crise économique internationale, y avait célébré "la France qui souffre" et avait envisagé que ceux qui "travaillent plus" puisse "gagner plus", avant de revenir le 19 avril dernier. Dans une région soumise à une désindustrialisation massive, de plusieurs plusieurs septennats et quinquennats, et qui a subi de plein fouet le choc de la crise mondiale, l'ex-premier secrétaire du Parti socialiste a choisi la facilité...

Hollande en campagne

Devant les sympathisants socialistes, électeurs de la primaire
, il s'en est donc pris aussi à ce qu'il appelle les "incohérences" de sa politique. Il prend pour exemple le détricotage du fameux paquet fiscal avec la fin de la déduction des intérêts d'emprunt, de l'allègement des droits de succession, du bouclier fiscal, mais aussi la mise en veilleuse de la politique d'immigration choisie. "Dans quelques jours, il va annoncer (...) que c'en est terminé des fermetures de classes dans le primaire (...) Dans la dernière année de son quinquennat, Nicolas Sarkozy essaie de faire oublier les quatre premières," a ironisé l'humoriste corrézien en activité

Anticipant le vote de la population, il confie son espoir.
"Je crois que les Français ne veulent plus de Nicolas Sarkozy (...) Je me demande même si, dans son camp, je ne citerai pas de nom (...), il y en a qui n'en veulent plus (...). La référence à la petite phrase de Jacques Chirac et son envie de voter Hollande est à peine voilée : le candidat à la primaire assume maintenant totalement la boutade de l'ancien chef de l'État qu'il a décidé de récupérer et de considérer plus gênante pour la droite que pour lui. "Ça libère un électorat" las de Nicolas Sarkozy, aurait-il estimé en aparté.

Hollande gagné par l'humour corrézien

Après s'être senti moqué, le favori de la primaire a fait de la surenchère humoristique.
Il a tenté de dessiner son profil présidentiel, s'il était élu. Une sorte d'anti-Sarkozy, dans la veine du candidat "normal" qu'il tente d'incarner depuis plusieurs semaines, au régime. Cherchant à se démarquer de l'actuel président qui a effectué quantité de réformes depuis 2007, le socialiste veut continuer dans sa manière à la tête du PS: observateur consensuel, inactif et terne, se consacrant désormais "à l'essentiel", et "à rassembler les Français". "Moi, je ne fais pas partie de ces responsables politiques (...) qui imaginent qu'ils peuvent avoir réponse à tout, que tout sera possible (...) Je ne peux pas laisser penser que tout sera simple parce que nous aurions gagné en 2012 l'élection présidentielle (...) La France ne sera pas changée, là, en une nuit", a-t-il prévenu. Enthousiasmant.

François Hollande n'a donc toujours pas livré son catalogue de propositions.
Il en est encore à la définition de quelques grandes priorités.
La première d'entre elles, c'est la "jeunesse", qu'il place au coeur de son "engagement présidentiel". Avec comme mesure-phare le "contrat de génération" : toute embauche d'un jeune de moins de 30 ans dans une entreprise associée au maintien parallèle d'un senior dans l'emploi donnerait lieu à des exonérations de charges pour les deux postes. Toutes les marges de manoeuvre budgétaires seraient investies sur les dépenses d'avenir, comme l'éducation, la petite enfance.

Mais pour passer aux actes, François Hollande devra d'abord franchir l'étape primaire.
À Charleville-Mézières, il a reçu le soutien du président sexagénaire de la région Champagne-Ardenne divers-gauche Jean-Paul Bachy (1947), pas rancunier. Un ralliement qui intervient alors qu'avec 17 autres membres dissidents socialistes, il avait été exclu du parti en 2007 par l'ex-premier secrétaire Hollande, pour avoir refusé de laisser la place au candidat choisi par la rue de Solférino, la candidate du MRC, Gisèle Dessieux, dont on a perdu la trace.
Candidat dans la troisième circonscription des Ardennes sous l'étiquette divers gauche, il est battu dès le premier tour par le député UMP sortant, à savoir Jean-Luc Warsmann, en rassemblant un peu moins de 25 % des suffrages exprimés.

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