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jeudi 16 juin 2011

Eva Joly met le feu à Europe Ecologie-les Verts

L' E.coli norvégien envenime le congrès des écolos

Plus sectaires, tu meurs
Pour la photo, mercredi soir dans la salle Le Gymnase à Lille, les quatre candidats (de gauche à droite, Stéphane Lhomme, Eva Joly, Henri Stoll et Nicolas Hulot) affichaient une belle entente, mais, passé le temps des propos liminaires de Cécile Duflot, ravie du chiffre de votants à la primaire, le débat qui a suivi a donné lieu à une vive passe d'arme entre Eva Joly et Nicolas Hulot.

Si seulement les écolos se détestaient 'cordialement'
Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire du nucléaire, s'est fait rappeler aux règles les plus élémentaires de la courtoisie. Après avoir décliné l'émission sur Fukushima, le malotru a posé un lapin à Pascale Clark qui l'avait à nouveau invité sur France Inter, et dans sa région de Bordeaux : « Venir dans les studios de France bleu Gironde, ç'aurait été trop mauvais pour votre bilan carbone ? », ironise-t-elle ?
Ancien porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, ce petit candidat est d'autant plus hargneux qu'il est ringard. Militant antinucléaire, il se présente comme le candidat "anti-Hulot", qu'il accuse d'être le "candidat des multinationales". Il a commencé par demander à Nicolas Hulot de se retirer de la course "immédiatement". "Ce retrait éviterait à M. Hulot, candidat des shampoings Ushuaia, de nuire gravement à l'écologie politique, ainsi qu'il l'a déjà fait en promouvant l'opération sarkozyste "Grenelle de l'environnement".
Le 9 juin, le gauchiste s'en est pris vertement à son bouc émissaire. "S'il était investi, Hulot devrait passer sa campagne à se justifier : qu'il est antinucléaire, qu'il est de gauche..." s'est écrié le "candidat "bouffi de haine," selon J.-P. Besset. J.-V. Placé, soutien revendiqué d'Eva Joly, le juge d'ailleurs contre-productif: "Cela s'est vu lors du deuxième débat de la primaire à Paris : avoir un contradicteur aussi caricatural que Stéphane Lhomme légitime Nicolas Hulot."

Eva Joly a relancé les hostilités
La bande des quatre candidats à la primaire écologiste d'Europe Ecologie-les Verts s'est à nouveau abandonnée à ses vieux démons.
Invitée comme les trois autres candidats à un propos introductif de sept minutes, Eva Joly s'en est prise, bille en tête, à Nicolas Hulot, l'accusant, verte d'une rage à peine contenue, d'avoir utilisé contre elle les "arguments des adversaires" des écologistes pour la dénigrer et "caricaturer ses idées": du Royal pur jus ! S'adressant en sa présence comme s'il était absent, l'eurodéputée l'a cloué au pilori: "Il a utilisé les armes de ceux qui veulent une écologie soumise, à genou, une écologie aux ordres des lobbies" .

Eva Joly n'a pas digéré que son rival ait souligné qu'elle incarne dans le public, selon les mots de l'ancienne magistrate, une "écologie punitive". Cette idée a d'ailleurs fait son chemin chez les militants Verts qui demandent à la retraitée de se débarrasser de ses réflexes de juge qui pourraient repousser de potentiels électeurs.

Agressive, elle se débat contre son image
Outre son accent à couper au couteau, "l'habit ne fait pas le moine. Je suis déterminée mais pas bornée, combattive mais pas sectaire", s'est défendue la magistrate. Mais Eva Joly ne peut chasser le naturel et, s'érigeant en procureur, n'accorde aucune circonstance atténuante à Nicolas Hulot à qui elle reproche une nouvelle fois d'avoir été tenté par une aventure politique avec Jean-Louis Borloo, l'homme de "la compromission". "Nicolas est trop consensuel, trop naïf", a-t-elle jugé.

Hulot retourne les coups
Nicolas Hulot s'étrangle. Il se défend d'avoir tenu des propos "déplacés" sur sa principale rivale. Ni lui ni son staff de campagne, assure-t-il .

"La réciprocité n'est pas vraie", lance-t-il. "On nous a accusé de vouloir bourrer les urnes", s'est-il indigné. " Une écologie de combat [le slogan de Joly Eva], ce n'est pas l'écologie des coups bas ", a-t-il aussi riposté. Le camp Eva Joly a jeté le doute sur la validité du vote en demandant que 8000 "coopérateurs" (sympathisants non adhérents) transmettent un justificatif d'identité avant de voter. Soucieuse de stopper une polémique naissante, la patronne d'EELV, Cécile Duflot a assuré qu'il n'y aurait pas de "faux électeurs".

Réchauffement climatique pour l'ouverture du vote pour la primaire
L'acrochage Hulot et Joly a jeté un froid norvégien sur la réunion, articulée autour de trois thèmes: sécurité-justice, Formation-emploi, questions internationales.
Le président du conseil fédéral qui veille à la bonne organisation des primaires, Philippe Meirieu, a bien tenté d'apaiser la guerre civile en expliquant que dans un processus comme celui-ci, il était normal que des " tensions " s'expriment, mais qu'il fallait aussi qu'elles " retombent ", demandant à l'assistance de ne pas huer, ni applaudir. Sur le terrain, le théoricien des sciences de l'éducation a le plus grand mal à rétablir l'ordre dans sa classe d'ados attardés.

Ironie de la situation, l'irrésistible Cécile Duflot avait tout juste assuré la presse qu'elle n'avait aucune crainte sur le rassemblement de son parti derrière le candidat désigné, en appelant à la "responsabilité" de chacun. La pipelette des Verts n'a rien vu venir et les plaies qu'elle a laissé s'envenimer au fil des semaines risquent de suppurer encore longtemps.

Impossible de savoir qui a convaincu, de la combattante Eva Joly ou du pacifiste Nicolas Hulot.
Le vote sera clos le 24 juin mais les hostilités, à n'en pas douter, se poursuivront.
Daniel Cohn-Bendit doit ronger son frein.

1 commentaire:

  1. C'est vraiment du grand guignol et pour pas grand chose.
    Car en définitive on peut supposer, notamment sous l'effet du vote utile, que le candidat écologiste que ce soit HULOT ou JOLY risque de faire un score minable comme celui de VOYNET en 2007(1,54%des voix).
    Il n'est donc pas sûr que les écolos aillent jusqu'au bout et il me semble que cette pseudo primaire vise plutôt à faire pression sur les socialistes pour que ceux-ci leurs donnent un nombre non négligeable de circonscriptions pour les législatives.
    Car les Ecolos ne sont rien sans les socialistes.

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