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mercredi 1 juin 2011

Alain Richard nie être resté les 'bras ballants' face à Ratko Mladic


Le ministre de Jospin met en cause le soutien populaire serbe

Une arrestation, après 16 années

Cinq jours après son arrestation, et après le rejet de son appel, l'ex-général serbe Ratko Mladic a été extradé mardi soir à bord d'un avion gouvernemental serbe qui s'est discrètement posé à Rotterdam aux Pays-Bas en début de soirée.
L'ancien chef militaire des séparatistes serbes de Bosnie a passé sa première nuit au centre de détention de Scheveningen avant de comparaître devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).
Il a ensuite été transféré par hélicoptère jusqu'au quartier pénitentiaire de Scheveningen, où l'ont précédé Slobodan Milosevic, mort dans sa cellule en mars 2006, et Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie en cours de procès.
Aujourd'hui âgé de 69 ans, Ratko Mladic est inculpé de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide pour le massacre de 8.000 Musulmans à Srebrenica, en juillet 1995, et les 43 mois de siège de Sarajevo (1992-1995).
Le 12 mai 1992, une "assemblée serbe de Bosnie" vote la création d'une Armée de la République serbe de Bosnie-Herzégovine (VRS). Général de corps d’armée , Mladić prend le commandement de l'Armée populaire yougoslave (JNA, juin 1994) jusqu'au 22 décembre 1996.
A la mi-juillet 1995, le général Mladic -appelé par la presse francophone "le boucher des Balkans"- était à Potocari, un village d'environ 28 000 musulmans réfugiés de Srebrenica auprès des Casques bleus néerlandais. Entre 6 000 et 8 000 hommes musulmans capturés furent massacrés en quelques jours, "parce qu'ils avaient essayé de s'enfuir de Srebrenica", selon les termes de Mladic, rapportés par le commandant néerlandais de l'ONU. Le bilan des morts est estimé à 8 100 victimes.

Les conséquences de cette arrestation

Si l'arrestation de Mlavic, seize ans après la fin de la guerre de Bosnie, est considérée comme un développement-clé pour le dossier d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne, la capture du dernier grand criminel de guerre présumé dans les Balkans, considéré par les nationalistes serbes comme un héros, a relancé les tensions ethniques en ex-Yougoslavie.

Un sondage réalisé avant son arrestation indique que 51% des Serbes se déclaraient hostiles à son extradition, contre 34% s'y disant favorables. D'après la même étude, près de huit Serbes sur dix affirmaient que s'ils avaient disposé d'informations sur sa cache, ils ne les auraient pas communiquées aux autorités, malgré les 10 millions d'euros de récompense promis par Belgrade.

Quelque 10.000 Serbes ont manifesté leur soutien à Ratko Mladic dans un rassemblement mardi à Banja Luka, la capitale de la République serbe de Bosnie. Une partie des manifestants est arrivée par car de Serbie.

Dimanche soir, une manifestation de soutien dans la capitale serbe avait dégénéré en affrontements entre plusieurs centaines de jeunes partisans et forces de police. Le rassemblement était organisé par le Parti radical serbe (SRS), pilier du mouvement nationaliste serbe dont le chef de file, Vojislav Seselj, est actuellement jugé à La Haye.

VOIR et ENTENDRE

Le rôle du gouvernement Jospin

Mladic était suspecté de se cacher soit en Serbie, soit en République serbe de Bosnie avec la complicité de l'armée et de la police locale.

Invité sur Europe 1 jeudi 26 mai, Radomir Diklic, ambassadeur de la Serbie en Belgique, a affirmé que le criminel de guerre Ratko Mladic bénéficiait d'une "protection silencieuse de certains politiciens", même après la chute de Slobodan Milosevic en 2000. Selon le diplomate, ce n'est que depuis l'arrivée au pouvoir du président serbe actuel, Boris Tadic, qu'un "effort énorme" a été fait pour rechercher Ratko Mladic. Avant, les responsables le recherchaient "sans vouloir vraiment le trouver", a-t-il poursuivi. "Boris Tadic a purgé les services de renseignement, et les services secrets" à son arrivée à la tête de l'Etat, a-t-il ajouté.

Cette déclaration contredit clairement l'agence Reuters parlant d' "une arrestation qui met fin à une longue traque de la communauté internationale".

VOIR et ENTENDRE Alain Richard (1945), ancien ministre de la Défense (1997-2002), donner sa version sur les protections dont a bénéficié Mladic et l'arrestation de Ratko Mladic.


En 1999, Ivan Rioufol, journaliste du Figaro, dénonça une “réelle épuration” ainsi que l’indifférence des bonnes consciences de la communauté internationale.
Nul n'a oublié l’indignation à géométrie variable du “philosophe” bobo des plateaux télé Bernard Henry Lévy.
Rioufol, qui n’a pas la mémoire courte, cite une édifiante déclaration d’Alain Richard alors ministre de la Défense de Lionel Jospin. Au cours des interventions de l’OTAN sur la Serbie au printemps 1999, le socialiste Alain Richard affirmait: "Nous avons vocation partout en Europe à avoir des états multiethniques qui tolèrent les minorités".
Rioufol, rappelant au passage que la Serbie a héroïquement combattu le nazisme durant la seconde guerre mondiale, dénonçait aussi l’imposture politique du concept de sociétés multiethniques et culturelles, qui s'imposerait à tous , sauf aux pays musulmans.


En revanche, un précédent « Boucher des Balkans », Andrija Artuković (1899 - 1988), également surnommé le « Himmler yougoslave », collabora avec les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ministre de l'Intérieur croate, peuple d'origine du Moyen Orient (Iran, "pays des Aryens"), il est donc non slave. Il autorisa une législation anti-serbe et antisémite en Croatie, encourageant des déportations, et la création de camps de concentrations.

Devoir de mémoire


Ex-Yougoslavie

Alors qu'Alain Richard était ministre de la Défense de Jospin, le Kosovo (Albanie), qui à la différence de Tito resta proche de Staline, s'engagea en 1997 dans une campagne de guérilla : il revendiqua plusieurs attentats contre l’armée et la police serbes.

En réponse, en février et mars 1998 Milošević massacra les familles de guérilleros présumés.

Les pogroms anti-Serbes furent en retour d'une violence extrême.
Pour la première fois depuis 1999, des fonctionnaires internationaux évoquèrent publiquement un “nettoyage ethnique”. Objectif des extrémistes albanais : liquider 100 000 derniers Serbes de la province. L’ONU, qui l'administrait, se montra incapable d’empêcher ces crimes perpétrés par des albanais dans les enclaves serbes.

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