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mercredi 18 mai 2011

La presse anglo-saxonne épingle la « loi du silence» française

La presse donneuse de leçons, la tête dans le caleçon

La presse dite de qualité est-elle coupable ?

Les comportements parfois ambigus de Dominique Strauss-Kahn envers les femmes n'ont d'égal que l'ambiguïté de la presse hexagonale : les milieux politiques mais aussi la presse indépendante et insolente et impertinente (et quoi encore...) étaient au courant de tout, ce que les éditorialistes étrangers se plaisent à souligner.

« Une loi de silence protégeait le chef du FMI », titre The Australian.
« Quand il s'agit de sexe, de mensonges et de politique, les Français et nous, les Anglo-Saxons, venons de planètes différentes », affirme le quotidien australien. Une phrase qui résume bien la tonalité de plusieurs articles publiés mardi dans la presse anglo-saxonne, qui soulignent la discrétion complice des media français dont aurait profité Dominique Strauss-Kahn à propos de sa vie privée.Sous la Ve République, le plus grand dissimulateur, le socialiste François Mitterrand, n'a pu parvenir à masquer sa double vie qu'avec la connivence de la presse de qualité... Et des écoutes téléphoniques !

« Tout le monde dans les cercles politiques et médiatiques français savait que le talon d'achille de Strauss-Kahn était son attitude à l'égard des femmes», avance The Guardian. Mais la presse exemplaire de France préférait polémiquer sur sa judaïcité, estimant qu'elle pourrait lui nuire, malgré ses immenses qualités: rideau de fumée ? Pour le quotidien britannique, l'affaire qui ébranle le patron du FMI « soulève pour les media et politiques français la question gênante de deux mondes parallèles : ce qui est écrit, et ce qu'il y a derrière, les potins, et ce qui doit officiellement rester dans le domaine du «non-dit». C'est-à-dire l'auto-censure que des Français du type Laurent Mouchard, aka. Joffrin présentent cyniquement comme une marque de leur maîtrise professionnelle, mais qui est le signe de leur duplicité.

«Une tradition séculaire de tolérance»

«L'intérêt compulsif [doux euphémisme] de M. Strauss-Kahn pour le sexe opposé était connu du tout Paris depuis des années», renchérit le journal The Times. « Les récits de ses méthodes sauvages envers des collègues, journalistes et connaissances abondent, mais on a toujours fermé les yeux, grâce à la tradition séculaire de tolérance badine parmi les puissants ».

« De façon historique, les Français font le commerce des rumeurs et des secrets », note le New York Times, pour qui ces pratiques remontent «à l'époque de la cour royale». Et le quotidien américain de rappeler le silence qui a entouré la fille cachée de François Mitterrand jusqu'en 1994 : « Les Français ont été complices en acceptant cette façon de garder le secret ».

Dans un article sans langue de bois, un éditorialiste du Daily Mail va plus loin et n'hésite pas à parler de « conspiration ». « Si M. Strauss-Kahn était un potentiel dirigeant britannique ou américain, ses appétits sexuels d'ampleur apparemment gargantuesque auraient été rendus publics et commentés dans les médias ».
A l'inverse, « alors que la presse française grand public n'a pour l'instant prêté aucun intérêt à ses exploits sexuels, il est probable que ceux-ci n'auraient pas été davantage mentionnés pendant la campagne» présidentielle.
Le tabloïd britannique enfonce le clou, pointant du doigt « la classe politique française masculine », qui « aime à se décrire comme une nation de grands séducteurs ».

Le tournant de la présidence Sarkozy

A la décharge des journalistes, le Daily Telegraph souligne la sévérité des lois françaises protégeant la vie privée
, décrites comme faisant partie « des plus strictes d'Europe ».
Par ailleurs, s'ils font globalement montre de sévérité envers leurs collègues français, les journalistes anglo-saxons concèdent que certains tabous ont récemment commencé à tomber. « L'affaire Strauss-Kahn coïncide avec des changements dans la vie publique française, dans laquelle les codes ont déjà commencé à sauter et les secrets commençaient à être révélés», souligne le New York Times, de centre gauche: Libération s'est déjà illustré dans la publication des attaques concertées et conjointes de la presse internationale (lien PaSiDupes). Un tournant lié au « caractère personnel de la présidence de Nicolas Sarkozy », malgré les pouvoirs conférés à l'Assemblée nationale, parmi lesquels la présidence de la Commission des Finances au parti dominant d'opposition: les idées reçues et archaïques ont la vie dure!

« Il y a plus que cet éternel choc des civilisations entre les Français sexuellement désinhibés et le monde anglo-saxon puritain. Il s'agit du droit qu'a le public de savoir », conclut un blog du Hill, un journal politique de Washington. «En France, le débat intérieur a commencé. Il était temps. »
Lire PaSiDupes

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