Unitaire, l'appel a mobilisé moins que le 19 mars dernier
« Appel sans précédent des syndicats à un 1er mai unitaire »
C'était le titre d'Europe 1, le 30 avril. Les syndicats s'étaient mis en effet à huit: un 'G8 syndical', pour les sympathisants soucieux de formules médiatiques sensationnalistes.
Les exploiteurs syndicaux comptaient instrumentaliser la crise
Dans la suite des journées d'action du 29 janvier et du 19 mars et dans un contexte exceptionnel, les organisations syndicales s'entendirent pour faire du 1er mai un nouveau temps fort de mobilisation, pour peser sur le gouvernement et le patronat", annoncèrent les huit centrales. La mobilisation du 19 mars avait rassemblé entre 1,2 et 3 millions de manifestants.
Jamais les huit syndicats français n'ont défilé ensemble sur des revendications communes lors d'une Fête du Travail. La CFTC et FO ont chacune l'habitude de défiler de leur côté pour affirmer leur identité. La CFTC n'avait jamais fait cortège commun un 1er mai, même lors de l'élection présidentielle de 2002, contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. A cette occasion, FO avait renoncé à tenir son propre défilé, pour la seule fois depuis sa scission avec la CGT en 1948 et comptait mobiliser 3 millions d'anxieux, de l'aveu du lunaire . Elle avait manifesté avec les autres organisations, mais ne s'était pas jointe à la plateforme commune de revendications syndicales. Pour sa part, la CFE-CGC reste habituellement à l'écart des cortèges du 1er mai.
Le dialogue social existe
Lundi matin, les meneurs des cinq confédérations représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC (des cadres peu reancuniers, après les séqestrations...): le G8 syndical réduit à un G5...) ont été reçus par Nicolas Sarkozy à l'Elysée dans le cadre d'une rencontre prévue de longue date pour préparer la rencontre du G20, jeudi à Londres.
Or, lundi après midi, CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires (SUD), UNSA lançaient un appel à manifester ensemble le vendredi 1er mai, ce qui n'était jamais arrivé. Mieux, on avait appris fin mars que ce 1er mai unitaire inédit serait "préparé" en avril par "un mois de mobilisation", pouvait-on lire alors dans la déclaration commune. Une réunion commune était également programmée au 27 avril. D'ailleurs, les agences de presse avait mis le paquet et mâché le travail des salles de rédaction, avec des dépêches prêtes à l'emploi, comme 1er Mai: Martine Aubry s'attend à une "grande mobilisation" - A* -Mercredi 29 avril, 21h31
Et qu'a donné tout ce conditionnement?
La mobilisation pour le 1er mai, deux fois moins forte qu'en mars
C'est l'un des grands titres d'agences (R*****s), mais la presse dite dévouée à la majorité, fait des prodiges de maquillage: la même en avait rabattu peu après et admettait: « La mobilisation du 1er mai moindre que le 19 mars en province », tandis que l'A*P, lemonde ou lematin, ne démordaient guère. «Défilés plus fournis que les années précédentes en France mais moins que le 19 mars », tel était le titre 'unitaire', aussi alambiqué qu'honnête. La presse engagée aurait-elle du mal à admettre la vérité? Evidemment non, puisqu'elle est objective et n'abuse nullement de sa liberté illimitée d'expression, au service de la cause...
Libération: une manif contre la crise !
'Voilà une mesure non gouvernementale, qu'elle est bonne !'
Les Français sont plus réalistes que les journalistes 'joffrinisés' de Libération.fr. Outre que le site voit dans la mobilisation du 1er Mai «une unité syndicale historique », tout en titrant par ailleurs « Derrière la façade du 1er Mai unitaire, radicaux et réalistes s'opposent" (Jeudi 30 avril), le quotidien financé par Rothschild y voit une mobilisation « face à la crise ». Chacun sa méthode!
Les leaders syndicaux refusent d'enregistrer cette lassitude
Ils ont salué "une mobilisation exceptionnelle pour un 1er mai"! Ils devraient donc avoir une rencontre intersyndicale particulièrement sereine lundi, pour dresser un bilan réaliste et décider des prochaines initiatives tout aussi unitaires.
C'est moins qu'en 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes) mais nettement plus qu'en 2003, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites : la CGT avançait alors 426.000 manifestants, la police 165.000. Si la mobilisation du 1er Mai 2009 a les mêmes effets « face à la crise » que celle de 2003 contre la réforme des retraites, les victimes de la crise ont du souci à se faire.
Les marcheurs étaient du simple au double, selon les sources comme à Toulouse (15.000 à 30.000), voire jusqu'au quatruple: Caen (8.000 à 20.000), Bordeaux (13.500 à 50.000) et Marseille (8.500 à 35.000)...
=> Affluence assez modeste en revanche à Lille (de 2.800 à 5.000), ville désertée par son maire, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, à qui Sa Cynique Majesté Royal avait posé un lapin à Paris. D'autant plus 'modeste' donc si l'on compare Lille à Bordeaux ou Marseille, pour des raisons politiques.
=> Dans beaucoup de villes, les salariés directement touchés par les réductions d'effectifs occupaient les premiers rangs des cortèges, comme à Toulouse avec les salariés de Molex, à Grenoble avec ceux de Caterpillar, où ils étaient entre 10.000 et 30.000 , et à Compiègne (Oise) où les ouvriers de Continental étaient quasiment tous présents (et où la population avait donc vaqué normalement à ses occupations). "Du travail, pas la mort", pouvait-on lire sur la banderole des ouvriers de l'équipementier automobile allemand Schaeffler, dont une usine va être fermée dans la région.
=> A noter toutefois qu' à Marseille où les ouvriers d'ArcelorMittal ouvraient le défilé, devant ceux des bassins industriels de Fos-sur-Mer, le front syndical unitaire était mis à mal par l'absence de FO.
Contre le gouvernement pour mieux faire face à la crise internationale !
L'immense majorité des Français, qui le 1er Mai n'ont pas marché contre la crise, a refusé d'en rajouter aux difficultés historiques du gouvernement. Car les cortèges ont été dirigés contre la politique du gouvernement accusé de ne pas suffisamment relancer la consommation et de maintenir certaines réformes contestées (hôpital, éducation..) par l'opposition conservatrice.
Etait aussi visé le patronat. "Banquez pour nos salaires, pas pour les actionnaires", affirmait une pancarte de poète nostalgique de la lutte des classes .
Sachant que la gauche critique les mesures gouvernementales et propose le défilé en antidote à la crise, les salariés qui ne sont guère descendus dans la rue, ont opté contre les remèdes de grand-mères...
Selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, il n'y a "rien d'étonnant" à ce que "des inquiétudes se soient exprimées dans la rue". Le gouvernement y répond en agissant "progressivement" sur "l'emploi" et les personnes "les plus fragiles".
L'après 1er Mai
A Paris, les dirigeants syndicaux se sont dit persuadés de trouver un accord pour de nouvelles initiatives communes.
Selon le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, la mobilisation s'est "enracinée": une routine qui permet probablement de soutenir l'économie face à la crise.
Son homologue CFDT François Chérèque s'est déclaré "certain" que tous les syndicats trouveraient à nouveau un terrain d'entente dès lundi.
Mais la façade de l'unité syndicale se fissure
Le désaccord, lui, ne serait pas « historique ». Sur le choix entre la grève ou la journée d'action, l'unité syndicale n'est plus garantie.
Mais la façade de l'unité syndicale se fissure
Le désaccord, lui, ne serait pas « historique ». Sur le choix entre la grève ou la journée d'action, l'unité syndicale n'est plus garantie.
Le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, veut prolonger le 1er mai par une grève générale public-privé de 24 heures, pour voir.
Mais François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, a réaffirmé son opposition à une grève "qui ne règlerait pas" les problèmes. Etrange: les promenades familiales et digestives du 1er Mai ne devaient-elles pas y réussir ?...
Le terrain d'entente syndicale consisterait donc à ne pas travailler un jour supplémentaire en mai !
Des rapports partis-syndicats tout sauf unitaires
Le terrain d'entente syndicale consisterait donc à ne pas travailler un jour supplémentaire en mai !
Des rapports partis-syndicats tout sauf unitaires
Le NPA d'Olivier Besancenot, nouvellement créé, était très présent le long du parcours, mais sans son principal porte-parole qui avait rejoint le LKP pour un long weekend: il aurait encore des leçons d'insurrection à recevoir du LKP.
Boosté par la crise et menacé sur sa gauche par le NPA, le PS est descendu dans la rue à Paris pour la première fois depuis 2002. Le parti a vu 10.000 militants mais la police seulement 4.000, autour de la lilloise Martine Aubry qui a demandé à Nicolas Sarkozy d'"interdire les licenciements financiers". La capricieuse Royal a posé un lapin à sa meilleure amie, la Ch'tite Aubry descendue à Paris. Bien qu'elle se soit auto-proclamée sauveteur d'Heuliez, comme de ses amis professeurs à 35 heures, la Toquée Royal, déguisé en Petit Chapeau Rouge croqué par le méchant loup Sarkozy, a préféré s'afficher à Niort avec les salariés, en tenue de scène rouge !
Au total, c'était "une manifestation de plus"
Et c'est François Chérèque qui le dit.
Si, du moins nous pouvons utiliser les mêmes procédés que Laurent Joffrin à propos du vrai-faux jugement de Sarkozy sur Zapatero. Le PS ne manquera pas de juger "injurieux" les propos de Chérèque et la pénitente Royal d'adresser son pardon au nom de la France...
Lecture recommandée par PaSiDupes:
Derrière la façade du 1er Mai unitaire, radicaux et réalistes s'opposent (Libération.fr -Jeudi 30 avril, 10h54)
Au total, c'était "une manifestation de plus"
Et c'est François Chérèque qui le dit.
Si, du moins nous pouvons utiliser les mêmes procédés que Laurent Joffrin à propos du vrai-faux jugement de Sarkozy sur Zapatero. Le PS ne manquera pas de juger "injurieux" les propos de Chérèque et la pénitente Royal d'adresser son pardon au nom de la France...
Lecture recommandée par PaSiDupes:
Derrière la façade du 1er Mai unitaire, radicaux et réalistes s'opposent (Libération.fr -Jeudi 30 avril, 10h54)
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