Ils étaient tous là...
Le glorieux bilan du G8 syndical
Les taux de grévistes étaient beaucoup plus faibles que lors des journées de mobilisation précédentes, les 29 janvier, 19 mars et 1er mai, aujourd’hui mythifiées en « trois glorieuses »
Le soufflet syndical est retombé
Si on prend l’exemple de Toulouse, ville en pointe en matière de contestation, quelque 10.000 manifestants, selon la CGT (8.000 selon la police), se sont rassemblés à la mi-journée sur la place du Capitole pour lutter contre "la casse du système social français". Ce chiffre est nettement supérieur à ceux recensés mardi dans les autres grandes villes de France, mais toutefois largement inférieur aux nombres de personnes ayant défilé à Toulouse les 1er mai (20.000) et lors de la journée de mobilisation du 19 mars (entre 41.000 et 110.00 !). La pâte avait bien levé, mais s’est affaissée mardi à 10% de l’estimation le plus partisane...
->L’action des cheminots devait être particulièrement sensible, avec le soutien accepté de SUD rail, mais « à 11 heures, la direction de la SNCF comptabilisait seulement 19,8 % d'agents en grève dans l'entreprise ferroviaire contre 35,9 % le 19 mars. Du côté de la CGT, les chiffres évoqués sont légèrement supérieurs, avec 26,6 % de grévistes contre 41 % lors de la précédente journée de manifestations ». La CGT aurait-elle un système de comptage inspiré de celui de la police ?
-> A la RATP, un train sur deux fonctionnait sur la ligne du RER B et du côté des bus et tramways, « aucune perturbation majeure n'était à signaler », semble se féliciter Le Monde.
-> Même bilan positif en province, où le trafic urbain n'a été que peu touché par les grèves, avec "108 réseaux fonctionn[ant] normalement", d'après l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP), syndicat patronal qui regroupe quelque 170 entreprises de transport urbain. Les réseaux les plus perturbés étaient ceux de Chartres, Le Creusot/Montceau-les-Mines, L'Isle-d'Abeau, Lorient, Montluçon et Pau, avec entre 30 et 60 % du service assuré, selon l'UTP ». Sur les autres, le trafic était assuré à plus de 60%, comme à Nancy et Besançon, où le service atteignait de 65% à 80%, selon les exploitants.
-> Dans l'Education Nationale, les enseignants ont mis Gérard Aschiéri et la FSU au coin.
Le ministère a fait état d'un taux global de participation de 2,30 % à la mi-journée, la plus forte mobilisation étant constatée parmi le personnel enseignant des collèges (3,08 %). Or, c’estle SNU-ipp (dans le primaire) qui fait habituellement les plus beaux scores : comment a-t-il pu faire moins de 3% ?...
-> Dans les airs, Air France a annulé quelques vols préventivement dans la matinée à Orly et prévu de légers retards au départ ou à l'arrivée de cet aéroport. On mesure donc la représentativité des pilotes de lignes SNPL qui se préparent pourtant à paralyser d’autorité les aéroports au plus fort des migrations estivales.
Le journal Le Monde positive et embrouille
Comme si c’était le but recherché par les syndicats, ils écrivent que le trafic SNCF a connu quelques « ralentissements » aux premières prises de service des agents.
«Trafic peu perturbé », dans les autres secteurs, se félicite sournoisement Le Monde. «le trafic était normal dans la matinée ». L’opposition a donc des raisons de satisfaction et peut se féliciter de ne pas avoir perturbé les Parisiens. Le but recherché par les syndicats est probablement atteint, puisque tout s’est déroulé: «conformément aux prévisions » !…
Plutôt que de lancer les chiffres des syndicats, ces journalistes militants préfèrent d’ailleurs lâcher ceux de la direction de la SNCF, pour le cas où le lecteur prendrait les uns pour les autres. Et ça donne ceci « La SNCF prévoit pour la journée d'assurer 50 % des TER, 75 % des TGV et 60 % des Transilien en moyenne. Le préavis des quatre syndicats représentatifs au plan national à la SNCF (CGT, SUD-Rail, UNSA, CFDT) court jusqu'à mercredi 8 heures. » Entre les matins du mardi et du mercredi, tous les espoirs restaient peut-être permis…
Le Monde trouve des excuses cousues de fil blanc
-> Ni « fédératrice » ni justifiée
Que la CGT n’a-t-elle consultée les « spin doctors » du Monde ? Ils ont diagnostiqué la cause de l’échec syndical. La journée de mobilisation s'est avérée « beaucoup moins fédératrice que celle organisée il y a deux mois». Or, en observant que la journée interprofessionnelle n’était pas « fédératrice », Le Monde ne trouve pas, comme il le croit, une excuse aux syndicats, il les accable. Il ne pouvait en effet rien arriver de pire à cette action du mardi 26 mai qui se voulait ... interprofessionnelle et décentralisée.
-> Mais Le Monde n’est pas sérieux !
Selon Le Monde, si les cortèges en province n'ont pas fait le plein, c’est la faute de la météo !
« En Normandie, les manifestants ont notamment pâti des mauvaises conditions météorologiques. A Caen, on dénombrait ainsi 1 500 manifestants, selon la police. En Seine-Maritime, ils étaient 2 000 à Rouen, 500 au Havre »
Et la litanie continue : « A Nice, le défilé, où l'on retrouvait de nombreux retraités de la fonction publique, a réuni seulement 600 personnes, selon la police et les organisateurs. » Même en raclant les fonds de tiroirs ! Et le temps était comment à Nice ?...
-> Et pourquoi si peu d’écho dans les villes frappées par la crise ?
Ainsi, les salariés de Continental de Clairoix (Oise) devaient manifester à Compiègne, et un rassemblement était prévu à Molsheim (Bas-Rhin) autour de ceux de Kronenbourg et Steelcase. Le Monde n’a-t-il plus rien à en dire ?
-> Le Monde a de ces titres !
« La mobilisation syndicale du 26 mai risque d'être discrète » Le quotidien du soir n’insiste guère sur les dissensions syndicales.
Mais il prévenait néanmoins: « Cette journée du 26 mai avait été décidée au lendemain du 1er mai, malgré les divergences des syndicats. Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), n'avait pas caché sa préférence pour "une journée de grève" plus classique. Sur son site, FO n'évoque d'ailleurs même pas l'appel à la mobilisation de mardi. Citant les plus radicaux, Le Monde commente: FO "n'était toutefois pas prêt à rompre l'unité qui a prévalu jusque là. Tout comme Solidaires et les syndicats SUD, qui auraient également préféré un appel plus net à la grève." D’où le titre du Monde, donc :« La mobilisation syndicale du 26 mai risque d'être discrète » La discrétion n’étant pas une vertu cardinale des syndicats, il fallait peut-être comprendre « modeste », voire « médiocre ». Daniel Cohn-Bendit dirait « minable ».
Réactions diverses
Deux réactions radicales dans Le Monde :
«Je commence à avoir l'impression d'être roulée dans la farine par le gouvernement et les syndicats. J'attends que l'on passe à la vitesse supérieure. »
« Je n'ai pas fait grève aujourd'hui par ras-le-bol des journées unitaires ponctuelles et pour dire aux "grandes" centrales : arrêtez de nous mener en bateau. Après les mobilisations de janvier et mars 2009, la grève reconductible aurait pesé très fortement sur le gouvernement. Le secteur public pouvait probablement entraîner le secteur privé. Les revendications sur le pouvoir d'achat, l'emploi et la sauvegarde des services publics étaient et restent populaires. »
Les salariés en ont jugé autrement : la démocratie, ça commence à bien faire ?
A la CGT, Bernard Thibault, l’étalon à la réforme, s’est mis au repos et a mené une vieille rosse, la numéro deux de la CGT, Maryse Dumas, aux journalistes. Pour elle, la journée de mardi est « un galop d'essai ». Depuis le temps qu’elle en est aux préliminaires et ne conclut pas, la CGT serait-elle une allumeuse ? L'enjeu était d'ouvrir un "large débat avec le plus grand nombre possible de salariés, de demandeurs d'emploi et de retraités" pour permettre "la réalisation de mouvements plus importants", a-t-elle expliqué, sur France Info.
Et que la fête continue: "Nous avons en ligne de mire effectivement la grande journée de manifestation du samedi 13 juin dans tout le pays où nous escomptons avoir des centaines de milliers de manifestants", a ajouté Désirdavenir Cégétiste.
-> Le Parti socialiste avait appelé à la mobilisation contre "une politique inefficace sur le plan économique et injuste sur le plan social". Considérant le taux dérisoire de participation, le PS est clairement contredit et la politique actuelle du gouvernement apparaît donc aux Français plus efficace aux plans économique et social qu'aux socialistes.
Flagrant délit de double langage au PS
Il ne transforme pas les élections européennes en vote interne de sanction, mais assure toutefois que pour "donner un débouché politique" à ces actions, il faut aller voter massivement lors du scrutin des européennes, le 7 juin, et unifier les voix de la gauche face à la droite, dans un communiqué du PS.
-> « Message bien reçu », a ironisé l'ancien ministre du travail Xavier Bertrand sur France Info. Huit syndicats avaient appelé mardi à une mobilisation interprofessionnelle pour …exiger, avec ce résultat massif. La CGT alerte les salariés, mais les salariés ont estimé que pour lutter contre la crise, il y a mieux à faire que de distribuer des tracts.
Et quand Le Monde conclut, il accuse
« L'UMP a minimisé la portée, même symbolique (lien PaSiDupes), de cette nouvelle journée d'action. » ‘Minimiser’ ce qui est de l’ordre du ‘symbolique’, est-ce vraiment sérieusement possible ?
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