Gérard Dalongeville, le maire socialiste d'Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais, a été mis en examen jeudi 9 avril pour détournement de fonds publics, faux en écriture et favoritisme avant d'être écroué pour son implication présumée dans un système de fausses factures qui pourraient atteindre 4 millions d'euros.
Historique d’une nouvelle escroquerie d’un patron socialiste
Ca dure officiellement depuis …2002 !
Dalongeville a été élu en mars 2001 à la suite d’un autre socialiste, Pierre Darchicourt, et la chambre a été saisie par le préfet du Pas-de-Calais d’un déficit excessif pour 2002. Dans un avis rendu le 7 novembre 2003, la chambre a proposé à la commune d’Hénin-Beaumont un plan de rétablissement de son équilibre budgétaire par la résorption sur 3 exercices (2004 à 2006) du déficit constaté fin 2002, établi à 12 390 703 €. Ce plan incluait une augmentation de la fiscalité de 85%.
La chambre a relevé des « insincérités » dans son budget 2006 et invité la commune dans son dernier avis à poursuivre les efforts d'économie, notamment s’agissant de la politique d’investissement et des dépenses de personnel, donc des suppressions de postes...
Saisie par le préfet du Pas-de-Calais en raison de l'insincérité du budget, en juin et juillet la CRC (Cour Régionale des Comptes) a constaté un déficit de 12,7 M€, et imposé une augmentation de la fiscalité de 10%. Fin 2008, le conseil municipal a pris une délibération augmentant ses dépenses de 2,2 M€, sans recettes en face. La chambre, saisie, a constaté dans son avis du 12 décembre 2008 que l'augmentation de 10% des impôts avait été absorbée intégralement par des dépenses nouvelles.
Dans le même temps, la Chambre a été saisie d'une demande de paiement de dépense obligatoire de la part des services fiscaux, à propos de TVA mal déclarée. La chambre a rendu en novembre 2008 un nouvel avis, constatant finalement le réglement par la ville des sommes dues, plus de 6 mois après la notification du redressement fiscal.
La CRC a aussi été saisie par EDF, du fait que 132 factures étaient impayées. L'avis du 4 décembre 2009 constate que le paiement des factures n'avait pas pu être fait, faute de trésorerie suffisante : 6 millions d'euros de facture de fournisseurs en attente.
Interpellé mardi matin à son domicile, il avait été placé en garde à vue pendant 48 heures. Son ancien premier adjoint chargé des finances de 2001 à 2008, Claude Chopin, ainsi que l'éditeur du bulletin municipal de la commune Le journal du pays , en liquidation judiciaire, Guy Mollet, ont également été mis en examen pour les mêmes chefs et placés en détention provisoire. Les trois hommes, qui "n'ont pas apporté d'explications précises" lors de leurs auditions, selon le parquet, encourent dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
L'enquête, lancée en juin 2008, a mis au jour un système de fausses factures établies entre 2006 et 2008 au bénéfice de sociétés qui n'ont jamais honoré les prestations correspondantes. Ces factures, dont le montant a été provisoirement établi à 900.000 euros mais pourrait atteindre pas moins de 4 millions d'euros, ont été "avalisées" par Gérard Dalongeville et Claude Chopin, selon le parquet de Béthune. Par ailleurs, l'éditeur du bulletin municipal a bénéficié de voyages privés en avion-taxi, notamment au Luxembourg, réglés par la mairie d'Hénin via l'établissement d'autres fausses factures. "L'enquête tend plutôt vers la thèse de l'enrichissement personnel", selon le procureur de la République de Béthune, Brigitte Lamy.
Les enquêteurs ont découvert dans le bureau du maire à la mairie 13.000 euros en liquide pour lesquels il "n'a fourni aucune explication". L'élu avait fait savoir mercredi, par la voix de son avocat, qu'il réfutait toute accusation d'enrichissement personnel. Épinglé à plusieurs reprises depuis 2003 pour sa gestion dispendieuse, le maire a récemment fait les frais d'un nouveau rapport accablant de la Chambre régionale des comptes (CRC) du Pas-de-Calais, ce qui lui vaut d'être menacé de suspension par le préfet. "La décision n'a toujours pas été prise", a fait savoir jeudi la préfecture du Pas-de-Calais. Hollande va-t-il exiger de l’autorité judiciaire qu’elle suspende Dalongeville sans délai (lien PaSiDupes)
Il pourrait aussi être à nouveau exclu du PS après avoir fait voter lundi le retrait des délégations de sa première adjointe socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, et d'un élu communiste, qui avaient refusé de voter son budget.
Historique d’une investiture socialiste
En 2001, dissident du PS, Gérard Dalongeville (DVG) avait conquis la mairie d'Hénin-Beaumont face au sortant socialiste. Il a été réélu en 2008, face à Marine Le Pen du Front National, à la tête d'une liste constituée avec le PS, qui l'a ensuite réintégré.
Gérard Dalongeville était devenu maire au terme d'une triangulaire face au maire PS sortant. Soutenu par François Hollande, alors Premier secrétaire du PS (photo ci-dessus), Gérard Dalongeville avait été exclu du PS, puis investi candidat, à l'approche de la Municipale... Un sondage Ifop le donna vainqueur en cas de duel avec le FN et même de triangulaire avec "l'Alliance républicaine". Le PS avait toutefois mis le paquet et parachuté la sœur de l’agité de Sauvons la Recherche, l'ancienne ministre et membre de son bureau national, Marie-Noëlle Lienemann, deuxième de la liste Dalongeville. Caution parisienne, elle tenta de recoller les morceaux avec les différentes composantes de la gauche. Depuis le Congrès de Reims, elle appartient en effet au courant de Benoît Hamon et Riton Emmanuelli, à la gauche du PS. Plus sociale au PS, on ne peut pas.
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