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samedi 24 août 2019

G7: des milliers d'anticapitalistes manifestent à Hendaye et Bayonne

Opposés au G7, des milliers de manifestants ont marché à Hendaye et Bayonne

L'idée de Macron de réunir les chefs d'Etat des principales puissances mondiales au pays basque est étrange

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Les nationalistes basques militent en effet pour la réunion du Pays basque français et du Pays basque espagnol dans une même nation, en obtenant l'indépendance et une rupture tiers-mondiste avec le modèle capitaliste. Pas étonnant que les altermondialistes y expriment avec force leur esprit d'indépendance et leur idéologie anti-capitaliste, partout comme chez eux dans les alentours de Biarritz, ville morte bunkerisée par d'énormes effectifs de police et de militaires convoqués pour garantir la sécurité des participants à l'entre-soi de leurs rencontres bilatérales. 
Les anti-G7 ont annulé leurs actions et invoquent le dispositif policier "surdimensionné" qui les écarte du sommet.

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Bayonne, ville bouclée
Aux sept chefs d'Etat des pays les plus puissants du monde  - le premier ministre japonais Shinzo Abe est d'abord arrivé vers 11h30, suivi de Donald Trump (Etats-Unis) vers 13h, Boris Johnson (Royaume-Uni) et Angela Merkel (Allemagne) peu après 15h et Giuseppe Conte (Italie) à 16h45. Justin Trudeau (Canada) était arrivé vendredi - ont été associés une vingtaine d'autres.

Téhéran a en outre provoqué un coup de théâtre avec l'annonce de la présence à Biarritz du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Il est "arrivé à Biarritz, où se déroule le G7, pour continuer les discussions à propos des récentes mesures entre les présidents de l'Iran et de la France", a indiqué sur Twitter le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères : ça tombe bien, puisque Macron clame sa volonté d'ouverture... Le site FlightRadar24.com, qui a signalé l'atterrissage inattendu d'un avion officiel iranien vers 14h à l'aéroport de Biarritz, précisait que le même avion, un Airbus 1321, était passé ces derniers jours par plusieurs capitales européennes, notamment Oslo, Helsinki, Stockholm, mais aussi Paris.

A Bayonne, la police a brièvement utilisé des canons à eau et procédé à quelques tirs de gaz lacrymogène. Soixante-huit manifestants ont été interpellés, dont trente-huit placés en garde à vue.
De "bons" motifs pour garder son calme...
Des manifestants marchent en direction de Bayonne pour témoigner 
leur opposition au G7le 24 août. Emilio Morenatti / AP
"On ne va pas casser ici, c’est un quartier populaire", affirme à sa copine un jeune vêtu d’un sweat-shirt noir, capuche rabattue sur les yeux, fuyant, dans une rue du Petit Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le nuage de gaz lacrymogènes qui envahit le quartier. Samedi 24 août, au premier jour du sommet du G7 qui se tient à quelques kilomètres de là, à Biarritz, rendez-vous avait été donné par la frange la plus radicale des Gilets Jaunes et des militants altermondialistes anti-G7 pour se retrouver dans cette ville qui, avec Biarritz et Anglet, fait partie du périmètre interdit aux manifestations.
Un cortège de quelques centaines de personnes a donc arpenté en fin de journée les rues de ce quartier situé entre les rives de l’Adour et de la Nivelle. Tous les ponts étant fermés par les nombreuses forces de la gendarmerie mobile et de la police, les manifestants pacifistes n’avaient d’autres choix que de déambuler, criant "Tout le monde déteste la police" ou "Siamo tutti antifascisti", et s’agglutinant devant les barrières dressées sur les différents ponts.
Plusieurs milliers d'activistes circulent entre Hendaye et Irun, à la frontière espagnole, contre le G7 qui se déroule à Biarritz, le 24 août. Stephane Mahe / Reuters

Etat de siège : une ville quasi morte

Un manifestant est immobilisé par les forces de l’ordre, 
lors d’une marche contre le G7, à Hendaye, le 24 août. SP / Reuters
ImageLà, canons à eau et tirs de grenades lacrymogènes ont repoussé les manifestants, sans que ceux-ci n’aient beaucoup d’issues pour quitter les lieux. Une vingtaine de motos des voltigeursdes équipages de deux avec le pilote et un passager armé notamment d’un bouclier et destiné à faire des interpellations – a fait quelques incursions dans les rues étroites de ce quartier. Les quelques derniers cafés fermaient alors, transformant le Petit Bayonne en quartier quasi mort. Sans attendre ces incidents, en effet, la plupart des commerçants et restaurateurs avaient fermé dès vendredi soir, certains barricadant leur échoppe par de robustes plaques de contreplaqué.


Selon le bilan de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, les forces de l’ordre ont procédé à 68 interpellations, dont 38 ont abouti en placements en garde à vue, notamment pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences, des dégradations, possessions d’objets susceptibles d’être utilisées comme armes par destination, dissimulation de visage et jets de projectiles."

Cette fin de journée tendue rompait avec la matinée durant laquelle, du port d’Hendaye à Irun, ville frontalière du Pays basque espagnol, quelque 15.000 manifestants ont marché (9.000 selon la police), clôturant les travaux du sommet du contre-G7 qui s’est tenu du 21 au 23 août, dans ces deux villes.

Longeant les eaux de la Bidassoa, rivière frontière, sous un soleil de plomb, les marcheurs – anticapitalistes, écologistes, féministes, altermondialistes, abertzale, Gilets Jaunes ou révolutionnaires et anarcho-syndicalistes et tout à la fois… – dont une grande partie venait du Pays basque Sud, ont crié durant deux heures leur opposition au sommet du G7, dénonçant les renoncements des pays les plus puissants de la planète à lutter contre le dérèglement climatique et l’injustice sociale.

Appel du contre-sommet alternatif au G7

Dans une ambiance pourtant qualifiée de "bon enfant et familiale" (c'est l'élément de langage officiel pendant toute la durée du sommet) quelques affrontements avec la police, vendredi soir devant le campement militant du contre-G7, avaient fait redouter des tensions lors de cette manifestation –, sous les drapeaux rouges, verts et blancs du Pays basque, se succédaient les syndicats basques (ELA, LAB…) et "français" (Solidaires, CGT, CNT…), les associations altermondialistes (en lutte contre les injustices sociales et climatiques (Bizi, Oxfam, Alternatiba, Les Amis de la Terre,…), etc.
Bizi est un mouvement altermondialiste dont les objectifs sont la promotion de la justice environnementale et de la justice sociale au niveau mondial comme au niveau local et cette association indépendante et a-partisane [sic, comme on voit !] qui fait sienne l'"urgence climatique" (comme tout le monde depuis quelques semaines)  rejette toute stratégie clandestine ou action violente.



Bixente, 52 ans, militant syndicat basque, est venu dénoncer "l’hypocrisie des chefs d’Etat qui envoient des messages attristés quand la forêt amazonienne brûle". La jeune Elaïa, lycéenne à Bilbao, exigeait elle aussi une action "urgente" et non des discours. José défilait, brandissant un drapeau du FSLN (le Front sandiniste de libération nationale est un parti politique nicaraguayen fondé en 1961 doté d'une organisation politico-militaire socialiste inspirée par la lutte du général Augusto Sandino : ce sommet alternatif se veut néanmoins apolitique et a-partisan...) devant des militants appelant à la solidarité avec les enfants de Palestine, ou encore un cortège portant des canots pneumatiques, vêtu de couvertures de survie, pour rappeler le drame des migrants qui traversent la Méditerranée illégalement.

Une déclaration finale, adoptée par les deux coordinations organisatrices du contre-sommet (basque G7 EZ [non au G7] et française, Alternatives G7), regroupant une centaine d’organisations, était lue, en fin de manifestation, reprenant la tonalité anticapitaliste qui a marqué trois jours de débats sans nuances et entendus. Ce G7 porte, selon ces organisations, "des politiques qui ont creusé les inégalités sociales, renforcé les divisions et les dominations dues au racisme et au patriarcat, organisé l’industrialisation de l’agriculture, nourri l’industrie de l’armement, accéléré les crises environnementales, les dérèglements climatiques et la chute de la biodiversité".

De nombreuses interventions ont demandé que le texte soit musclé sur les questions sociales, climatiques et féministes notamment. Cet appel du contre-G7 lors de l’assemblée citoyenne promeut aussi des alternatives qui " construisent des territoires plus solidaires, plus résilients face aux crises majeures et à l’effondrement à venir et mieux armés contre la marchandisation de nos sociétés et de nos vies, la délocalisation et la mise en compétition des peuples et des individus, la destruction de la nature et des cultures populaires".

"Marche des portraits"
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Se félicitant du succès de ce contre-sommet, qui a attiré quelque 5.000 participants malgré le climat oppressant généré par la présence de plus de 13. 000 membres des forces de l’ordre dans la région, les organisateurs ont aussi fixé un calendrier fourni de mobilisations pour les mois à venir. Dont les premiers rendez-vous, début septembre, concernent les procès des décrocheurs du portrait officiel du président Macron dans les mairies à Lyon, Paris et Orléans, puis les grèves internationales sur le climat, prévues du 20 au 27 septembre, la journée internationale du droit à l’avortement (28 septembre), ou encore la semaine internationale de la rébellion (début octobre).
Dimanche matin, le Petit Bayonne devrait être encore animé par la "Marche des portraits". 128 photos officielles du président de la République ont été décrochées dans des mairies de la France entière, ces derniers mois – la dernière action s’étant déroulée vendredi dans la mairie d’Irissary, au Pays basque intérieur. Les organisateurs de cette marche, ANV-COP21 (Action non violente-COP21), Alternatiba et Bizi, espéraient juste, samedi soir, que la soirée agitée dans le quartier ne compromette pas leur initiative.

Au contre-sommet du G7, deux manifestations, mais deux ambiances

Des militants d’ANV-COP21, vendredi 23 août à Biarritz.
D'après la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, deux manifestations anti-G7  ont eu lieu à Hendaye, dans la matinée, et à Bayonne, en milieu d'après-midi. Si la première s'est déroulée dans le calme, la seconde a dégénéré (jets de projectiles, gaz lacrymogènes, grenade, canon à eau) et se sont au total 68 interpellations et 38 gardes à vue qui ont été comptabilisées, notamment pour "possession d'arme par destination", mais aucun blessé n'est à déplorer, hormis 4 policiers, vendredi soir à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) lors d'affrontements qualifiés de "frictions" par la presse couchée entre des manifestants et les forces de l'ordre, pour dix-sept personnes interpellées et placées en garde à vue. La manifestation a pris fin vers 20h30, avec pour mot d'ordre, minimisation et banalisation.

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