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mercredi 7 août 2019

Hommage à Toni Morrison : Nadine Morano fait figure d'intellectuelle face à Muriel Pénicaud

"Muriel Pénicaud réussit l'hommage à Toni Morrison le plus insultant de l'Histoire", note 'Marianne'

Aimé Césaire et Léopold Cedar Senghor s'en sont retournés dans leurs tombes.
 
Un ministre blanc rend hommage à l'écrivaine, 
le mercredi 3 novembre 2010 à Paris   
Le niveau culturel de la ministre du Travail fait prendre Macron pour un Phoenix. Ce mercredi 7 août, dans son hommage à Toni Morrison, lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de littérature en 1993 et décédée mardi 6 août, la ministre du Travail a jugé que l'écrivaine a permis aux Noirs "d'entrer par la grande porte dans la littérature", ce qui fait disparaître de la photo toute une lignée de grands auteurs noirs avant elle...

Ce mercredi 7 août, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, est sortie de sa zone de confort pour tenter de rendre hommage à l'écrivaine Toni Morrison. Pour l'occasion, l'ancienne DRH de Danone s'est surestimée en prenant l'initiative d'un tweet, mais n'a pas eu conscience de ses relents de paternalisme colonial : "Hommage à une très grande dame, écrivaine, poète [poétesse, tant qu'à faire] et militante, Toni Morrison. Grâce à elle, les noirs [la majuscule est trop lui demander pour désigner des êtres humains] ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature. Les mots réveillent les consciences et les coeurs, ils font reculer le racisme et la haine. Les mots ont un pouvoir." Du Macron à jeun...
La ministre du Travail Muriel nous apprend à travers un tweet (effacé depuis) qu'avant Toni Morrison (au demeurant très grande dame de la littérature) les Noirs n'étaient pas encore "entrés dans la littérature". Des décennies, des siècles d'oeuvres niées en une phrase.

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La ministre a supprimé ce premier tweet, qui la classe parmi les brêles, avant d'en republier cet après-midi une version expurgée de son analyse, au mieux très maladroite, selon laquelle les Noirs seraient "entrés dans la grande porte dans la littérature" [ça doit faire mal !] avec Toni Morrison. 
Un commentaire qui rappellerait, selon certains, suivez mon regard, le discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy, en juillet 2007, lorsque les propos du président de la République avaient été déformés : il avait déploré que "l'homme africain ne [soit] pas assez entré dans l'histoire". "Assez" - qui donnait tout sons sens à son observation - avait été négligé pour créer la polémique. 
Avec Pénicaud, on n'est plus dans l'interprétation malveillante de mots justes, mais dans l'étalage de l'ignorance satisfaite. On tombe en effet au niveau de Fleur Pellerin, ministre de la Culture qui n'a lu aucun livre de Patrick Modiano, au moment de saluer son attribution du Prix Nobel Nobel. La "fashion victim" avoua alors n'avoir pas lu un seul livre en deux ans !

Plusieurs utilisateurs de Twitter ont voulu recycler la ministre de Macron et lui ont dressé une liste non exhaustive d'auteurs noirs significatifs : "James Baldwin, Chester Himes, Richard Wright, Ralph Ellison, Gwendolyn Brooks, Maya Angelou... Il y a longtemps que les auteurs afro-américains ont franchi 'la grande porte' de la littérature", fait ainsi remarquer l'un d'eux. Certaines de ces oeuvres sont étudiées au collège...
Hommage à une minuscule dame, ministre, visiblement pas à une violence près : Muriel Pénicaud. Grâce à elle, les barbares ont enfin pu entrer par la grande porte dans les ministères pour dépouiller les services publics. Les mots ont non seulement un pouvoir mais surtout un sens.
La personne que vous citez n'a visiblement jamais lu James Baldwin, Chester Himes, Richard Wright, Ralph Ellison, Gwendolyn Brooks, Maya Angelou... Il y a longtemps que les auteurs afro-américains ont franchi "la grande porte" de la littérature

L'ultime essai de l'écrivaine américaine Toni Morrison, The Source of Self-Regard, paraîtra en français le 3 octobre sous le titre 'La source de l'amour-propre', a annoncé mercredi son éditeur.


Même le garagiste au ministère de la Culture a échappé à la honte...

Franck Riester a rendu hommage à l’écrivaine, prix Nobel de littérature en 1993, bien que catholique : son oeuvre est en effet marquée à gauche
Une écriture libre, radicale, visionnaire mais aussi poétique pour une femme qui sera toujours restée fidèle à ses combats. Un certain regard sur l’Amérique aussi et une large reconnaissance internationale.
Au revoir Madame.

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Au moins le garagiste a-t-il dans son entourage quelqu'un qui a pris la peine de se renseigner. Mais quelqu'un qui n'a pas d'ambition de carrière, évoquant celle qui est "restée fidèle à ses combats"... Riester, un ancien membre de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), puis des Républicains (LR), a-t-il reçu le message ?


La France avait 
faite Antoni Morrison chevalier de la Légion d’honneur en 2010, c'est-à-dire des mains de Frédéric Mitterrand, il faut le rappeler à la presse qui, encore en cette circonstance, affiche sa mémoire sélective. Mitterrand, le neveu, affirma : "You were the first woman writer to tell the painful history of Afro-Americans" [vous avez été la première écrivaine à raconter la douloureuse histoire des Afro-américains"]. Or, une autre écrivaine afro-américaine de renommée internationale, Maya Angelou, s'inscrit dans cette lignée [Lire "Je sais pourquoi l’oiseau chante en cage"] et, décédée en 2014, a dû ressentir l'affront: elle est en effet une figure importante du mouvement américain pour les droits civiques. Elle suivit jusqu'en Egypte le Sud-Africain Vusumzi Make, compagnon de lutte de Nelson Mandela et, à la fin de leur union, s'installa avec son fils Guy au Ghana,où elle côtoya Malcom X. Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame.

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