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mercredi 26 septembre 2012

Duflot, symbole de l'incohérence de Hollande et de la faiblesse de Ayrault

Qui peut se réjouir que les deux ministres écologistes aient sauvé leur porte-feuille ?


Ayrault avale la couleuvre
Cécile Duflot


Malgré la position d'Europe Écologie-les Verts contre le traité européen, la solidarité gouvernementale serait intacte, nous dit-on. 

Cécile Duflot a essuyé une tempête de critiques depuis qu'elle a rejeté l'idée de démissionner suite à la décision d'Europe Ecologie–les Verts de ne pas voter en faveur du traité budgétaire européen. 
L'ancienne patronne des Verts, pistonnée par la Ch'tite Aubry, souscrira-t-elle au traité budgétaire européen ? Et pourquoi ne le ferait-elle pas puisque,  comme elle, le candidat Hollande l'a combattu, alors que le président le propose maintenant en l'état. Et votera-t-elle le budget 2013 sans plus d'états d'âme ? 

Officiellement, Cécile Duflot n'est plus ni pour ni contre le traité budgétaire européen.
Le sacrifice de son honneur vaut bien un maroquin. La presse aux ordres est d'ailleurs vite retournée à ses occupations: la défense d'un gouvernement chéri qui prend des paquets d'eau par tous les bords.


Le chef du gouvernement a avalé son chapeau

Sur le vote du traité européen, Jean-Marc Ayrault avait exigé un "soutien massif" des élus de gauche, avant de le mettre dans sa poche et son mouchoir par-dessus: voilà un Premier ministre qui en a ! Pour solenniser cet appel à la solidarité, il avait pourtant choisi la conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres ! "Plus le vote sera fort, plus la voix de la France sera forte, plus nous pourrons continuer à travailler à la réorientation de l'Europe" avait assené le Premier ministre...

VOIR et ENTENDRE le Premier ministre de Hollande se déconsidérer l'exécutif, alors qu'il donnait des coups de menton, exigeant du Parlement de gauche un "vote massif [qui] donnera plus de force à la voix du Président de la République en Europe":

Il  a même poussé le bouchon très loin, affirmant mardi que la ministre écologiste Cécile Duflot, ministre du Logement, fait un "travail formidable" au sein de son gouvernement. Elle est ainsi devenue indispensable et inamovible. Jean-Marc Ayrault a ajouté : "Est-ce que je vais lui demander de quitter son parti pour adhérer au Parti socialiste ? Non". Bafoué, son autorité est terriblement ébranlée.

Le chef de gouvernement tance les journalistes impertinents

S'adressant encore aux journalistes, il leur a lancé une admonestation : "Je trouve assez ridicule que vous veniez à Rennes non pas pour poser des questions sur la priorité nationale qu'est le logement, mais de vous intéresser toujours aux couloirs de la politique (...), MOI, je m'intéresse aux Français." Les journalistes militants n'ont pas demandé leur reste. Ils avaient pourtant matière, puisque Duflot n'était pas prévue à l'agenda et que les comparses ont donc éprouvé la nécessité d'afficher leur cohésion.

Les Français entrevoyaient la possibilité d'être débarrassés de cette greluche dont ils ne peuvent supporter ni la voix de crécelle, ni le débit de kalachnikov, ni la flexibilité des idées, ni les magouilles incessantes. Elle se fait sans cesse pincer, mais les media, qu'ils soient estomaqués ou complices, encaissent ses turpitudes et leurs justifications, impressionnés qu'ils sont par la conviction qu'elle met à l'énonciation de contre-vérités. Il n'est cependant pas certain que son aplomb soit incomparable. 
Sans sourciller, donc, Cécile Duflot vient de répondre à ses nombreux détracteurs qu'elle doit rester au gouvernement... parce qu'elle estime y être utile. Elle n'est certes pas plus inutile que les autres. Après quelques années passées à sauver la planète, Duflot a un lourd passif de verbiage qui ne semble pas l'avoir décrédibilisée à gauche. Si la presse peine toutefois à suivre le fil ses incartades, couacs et coups bas, tant le rythme où elle les enfile est soutenu, elle y trouve un bon client et continue à supporter le volume sonore.  
Elle a donc réduit ses ambitions: du sauvetage de la planète, elle est passée au sauvetage de son portefeuille ministériel et de sa retraite de ministre: piètre trajectoire de la couche d'ozone au marigot parisien. Depuis septembre 2012, l'intéressée n'est plus seulement suffisante, elle est devenue indispensable à Ayrault et Hollande. 

L'attitude politicienne des Verts
Certains voient en Duflot un fin stratège, mais les socialistes ne lui ont-ils pas montré la voie ?
La ministre du gouvernement Ayrault aurait pu être mal à l'aise pour articuler intelligiblement sa position sur un traité qu'elle soutient après l'avoir dénoncé haut et fort, mais rien n'a jamais troublé la politicarde. 
François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont fort mal placés pour lui reprocher son manque de cohérence puisqu'eux aussi ont changé d'avis sur le sujet - et sans même faire semblant d'hésiter... Les uns comme les autres ne disaient-ils pas que le traité était "inacceptable" et n'assuraient-ils pas également qu'ils le renégocieraient. Sans foi ni loi autant qu'ils sont, ils se sont reconnus et apprécient chez l'autre les aptitudes au contorsionnisme. 
On présente souvent les écologistes comme des idéologues psycho-rigides, mais c'est leur faire crédit d'une capacité à défendre des convictions qu'ils n'ont pas. Ils sont en fait doués pour les débats et leurs arguties et peuvent à la fois voter de la main gauche contre le traité budgétaire européens (sauf quelques professionnels de l'abstention) qui contraint les finances publiques nationales, mais aussi de la main droite pour un budget d'austérité. En temps que reptile politiqueCécile Duflot est un invertébré : "Quand on est ministre, on exprime la position du gouvernement." Rafraîchissons-lui toutefois la mémoire, puisqu'elle a quand même fait le contraire sur la dépénalisation du cannabis. Cette fois, elle ne peut ni parler ni se taire. Elle parle donc, pour ne rien dire  et pour embrouiller tout le monde.
Cet épisode fournissait une formidable prétexte à François Hollande pour se débarrasser d'un allié impudique et encombrant. 
Le PS dispose en effet de tous les pouvoirs, sans Europe Ecologie-les Verts, et du strict point de vue politique, il a eu tort de ne pas saisir l'occasion de les renvoyer dans l'opposition où ils ont conservé un pied.
En refusant de trancher, François Hollande donne le signal du bazar au gouvernement et met Jean-Marc Ayrault dans la panade. 
Le président a toujours une majorité, mais la France n'a plus vraiment de chef.

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