L'objectif révolutionnaire de la réforme du dialogue social prônée par Jacques Chirac devant le Conseil économique et social, c’est : "Sortir de la logique du conflit" pour "fonder une culture de la négociation" via une "véritable révolution des esprits".
Un projet de loi, qui devrait être adopté par le Parlement d'ici la fin de la législature, doit donc faire en sorte qu'il ne soit "plus possible de modifier le code du travail sans que les partenaires sociaux aient (pu) négocier sur le contenu de la réforme engagée", a-t-il annoncé. "Et aucun projet de loi ne sera présenté au Parlement sans que les partenaires sociaux soient consultés sur son contenu". Ces "négociations devront se dérouler dans un délai clairement délimité", a-t-il précisé. Et "le dernier mot restera à la représentation nationale". L'objectif est pour Jacques Chirac de pousser les gouvernements à "apprendre à légiférer, ou à prendre des ordonnances, sur la base du travail des partenaires sociaux".
Chaque année, le Premier ministre devra par ailleurs prononcer devant le Conseil économique et social "un discours sur l'état social de la Nation". Il sera aussi instauré "un rendez-vous annuel" entre l'Etat et les partenaires sociaux. "Cette nouvelle règle du jeu va radicalement transformer nos façons de penser et d'agir", voulait croire Jacques Chirac, tout en concédant qu'il s'agissait là d'un "pari" reposant largement sur la bonne volonté des acteurs.
Les partenaires dans l’ensemble sont visés. L'Etat est "trop souvent arc-bouté sur une conception abstraite de l'intérêt général", a estimé le Président Chirac. "La légitimité de l'alternance politique ne justifie pas (...) les logiques de table rase, les à-coups systématiques dans les politiques" ni "les changements incessants de législation, où l'effet d'annonce l'emporte trop souvent sur l'efficacité, voire sur la réalité de l'action". Les syndicats "doivent se libérer d'une ancienne tradition protestataire" qui aboutit au "conservatisme". Quant au patronat, il a "tendance à se complaire dans une vision trop étroite des intérêts de l'entreprise", a-t-il déploré. "Comme si la juste augmentation des salaires était un frein à la croissance!".
Les réactions. La présidente du MEDEF, Laurence Parisot, a applaudi mardi "un discours modernisateur et fondateur", en notant qu'avait été évoquée la possibilité pour le gouvernement de légiférer par ordonnances -c'est-à-dire sans permettre d'amendements parlementaires- sur un accord qui aurait été conclu entre partenaires sociaux.
S'il Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a approuvé "le sens de la démarche" mais déploré que Jacques Chirac n'ait guère évoqué le dossier de la représentativité syndicale. Il faut "accepter que seules des réformes acceptées par des syndicats représentant une majorité des salariés soient mises en oeuvre", "sinon on ne réglera rien", a-t-il prévenu. Chasse gardée ? Ce syndicat ne souhaite pas partager son pouvoir sur les travailleurs…
Même tonalité du côté d'Alain Olive, secrétaire général de l'UNSA, qui a déploré dans un communiqué une "omission de taille […] :le refus d'engager une réforme de la représentativité syndicale risque de rendre inopérante et inapplicable la future loi", a-t-il prévenu. Cet autre syndicat, mais qui n’a pas la culture du dialogue, ne veut pas débattre…
En somme, le chef de l'Etat veut donc "placer les partenaires sociaux au coeur de l'élaboration (...) des réformes sociales" et face à leurs responsabilités. Il tire ainsi la leçon de la crise du contrat première embauche (CPE). "C'est une réforme capitale pour l'avenir", a insisté Jacques Chirac, pour qui l'objectif est de faciliter les futures réformes afin de permettre la "modernisation de notre pacte social" et, au-delà, de "libérer notre pays du chômage de masse" en "invent(ant) de nouveaux équilibres".
Car, face aux "idéologues, aux pessimistes professionnels", Jacques Chirac a défendu un pacte social qui, "loin d'être dépassé", est "bien vivant". Et "la solution n'est pas dans l'imitation d'autres modèles", a-t-il lancé, à l'attention de sEGOlène Royal -bien que fort peu idéologue?....
Mais, contre sa volonté de réforme, il doit s’attendre à voir se dresser les partenaires les plus conservateurs, voire ringards ! Les syndicats français sont-ils capables de suivre les exemples européens : au lieu de commencer par manifester leur force et négocier APRES, négocier AVANT de déclencher une grève ?
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