Bouteflika, ami de TOUS les Français?
La venue du président algérien Abdelaziz Bouteflika, parmi les seize chefs d’Etat et de gouvernement invités par la France aux cérémonies commémorant les 60 ans du débarquement de Provence, le 15 août à Toulon, a lancé une polémique. Les propos du président algérien sur les harkis, lors de sa visite en 2000, soulèvent toujours l’indignation.
Les autorités françaises qui ont organisé les cérémonies commémorant le débarquement de Provence autour d’un hommage à l’armée d’Afrique se seraient bien passé de ce « couac » discordant. Une quarantaine de députés, appartenant à l’UMP, et non pas à l’opposition, ont adressé une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Michel Barnier pour protester contre la venue du président algérien Abdelatif Bouteflika. Les signataires estiment que cette visite officielle est « une insulte à la mémoire de ceux qui sont tombés pour libérer la France et que M. Abdelaziz Bouteflika a toujours ignorés, voire bafoués ». Que dire des propos du socialiste Georges Frèche…
La France, en invitant seize chefs d’Etat et de gouvernement africains, entend rappeler que le 15 août 1944 lors du débarquement allié en Provence, dix semaines après celui de Normandie, des 450 000 hommes de l’opération « Dragoon » environ 200 000 étaient français et, parmi eux, une moitié de Maghrébins et d’Africains. Ces derniers sont restés bien souvent des oubliés de l’Histoire. Et c’est tout le sens de la présence à la parade navale qui aura lieu entre Cannes et Toulon du roi du Maroc Mohammed VI, des présidents algérien Abdelaziz Bouteflika, béninois Mathieu Kérékou, burkinabé Blaise Compaoré, camerounais Paul Biya, centrafricain François Bozizé, comorien Azali Assoumani, djiboutien Ismaël Omar Guelleh, malgache Marc Ravalomanana, malien Amadou Tomani Touré, mauritanien Maaouiya Ould Taya, nigérien Tandja Mamadou, sénégalais Abdoulaye Wade, tchadien Idriss Deby, togolais Gnassingbé Eyadéma et tunisien Zine El Abidine Ben Ali.
Cette fois, la polémique a éclaté sur la personne du président algérien auquel ceux qui s’opposent à sa venue reprochent, en réalité, des propos sans lien direct avec le débarquement de Provence en 1944. Le ministre délégué aux anciens combattants Hamlaoui Mekachera (photo) a demandé qu’aucune confusion ne soit faite « entre cette page d’histoire écrite en commun en août 1944 et d’autres événements ultérieurs aussi douloureux soient-ils ».
En effet le député UMP de Paris Claude Goasguen (photo) , à l’origine de la lettre de protestation, explique que « les Français d’origine algérienne se sont sentis bafoués lors de la dernière venue du président Bouteflika ». En 2000, le président algérien avait qualifié les harkis, ces Algériens ayant servi dans l’armée française pendant la guerre d’indépendance, de « collaborateurs ». Le député demande donc au président algérien de « revenir sur ses propos ».
Signe que ce n’est pas tant la période de la Seconde guerre mondiale que celle de la Guerre d’Algérie qui est présente à tous les esprits, les protestataires souhaitent que le président algérien annonce un certain nombre de mesures attendues par les rapatriés d’Algérie et les harkis. Ces questions non réglées depuis les accords d’Evian en 1962 portent sur les cimetières français d’Algérie, les archives et actes d’état civil des Français rapatriés et la circulation des anciens harkis dont le retour dans le pays demeure impossible.
De son côté, l’Union nationale des harkis demande que l’« insulte, faite par cette venue officielle, soit lavée par la demande expresse du gouvernement français de traiter les différends restés en suspens depuis 40 ans ». Le Parti pied-noir, du surnom donné aux Français d’Algérie, dénonce lui aussi la présence du président Bouteflika et exige que soient « reconnus les droits moraux et historiques des pieds-noirs en Algérie ». En revanche, l’association France-Algérie se félicite que le président algérien participe aux cérémonies « aux cotés des chefs d’Etat et de gouvernement des anciennes colonies françaises dont les ressortissants ont versé leur sang pour la libération de la France ».
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