Cachan : ce qu’il faut savoir de ce squat géant et insalubre.
Effluves de couscous et chants du griot s’entremêlent. Au squat de Cachan (Val-de-Marne), pas moins de soixante-huit nationalités cohabitent. Sénégalais, Togolais ou Algériens, c’est toute l’Afrique qui palpite dans cette ancienne résidence universitaire de l’École normale supérieure (ENS). Les Ivoiriens et les Maliens représentent l’immense majorité des habitants. « Il y a 80 % environ d’Ivoiriens et de Maliens, 15 % de Maghrébins et 5 % de Français », témoigne Pierre Derouche, directeur de cabinet du préfet du Val-de-Marne. La moitié d’entre eux sont des clandestins, 30 % sont en situation régulière et 20 % en attente de régularisation.
Combien sont-ils dans ce bâtiment F à vivre dans ces 330 chambres de 9 mètres carrés naguère occupées par les jeunes normaliennes ? Difficile à dire. Selon les sources, leur nombre varie de 538 à plus de 800. Les squatteurs estiment qu’ils sont un bon millier. Clin d’œil, leur collectif créé au cours de l’été 2003 qu’ils ont baptisé “Les 1 000 de Cachan”. « Lors de la venue du préfet du Val-de-Marne, le 4 août, nous avons fait un recensement. 750 personnes ont été dénombrées, dont 200 enfants environ. Mais 73 chambres n’ont pas été comptabilisées », explique Fidèle Nitiéma, Ivoirien de 33 ans propulsé coordinateur du collectif. Le personnel du Crous (Centre régional des œuvres de la vie universitaire et scolaire), le 5 août, n’a compté que 531 adultes et 144 enfants. « 64 chambres n’ont pas été recensées », indique Serge Perron, directeur du Crous du Val-de-Marne. Des squatteurs, semble-t-il, n’ont pas souhaité être fichés.
Aucun loyer, aucun bail ne lient les habitants du bâtiment F au Crous. « Mais nous sommes prêts à payer un loyer. Beaucoup d’entre nous travaillons, même si c’est au noir », déclare Fidèle Nitiéma. Y a-t-il eu des tentatives d’extorsion de fonds entre squatteurs ? « Certains ont profité de la misère des autres. Il y a eu des marchands de squat », s’insurge Jean-Yves Le Bouillonnec. C’est au cinquième étage que ces pratiques ont eu cours. « Le cinquième étage est le dernier à avoir été occupé. Il était barricadé. Des gens l’ont ouvert et s’y sont installés. Il semblerait que des habitants ayant quitté le squat faisaient payer leur chambre aux nouveaux arrivants. Mais nous avons mis un terme à ce trafic », affirme Fidèle Nitiéma (…)
Le squat ne provoque pas de gros problèmes de délinquance, mais les incidents sont internes. Quelques bagarres au couteau ont nécessité la venue des forces de l’ordre. « La nuit, les abords du squat sont peu sûrs », prévient quand même Serge Perron. « C’est plutôt en termes d’image que cela pose un problème. Le squat est situé au cœur d’un pôle d’excellence universitaire. Des familles d’étudiants nous appellent pour exprimer leurs craintes », précise Jean-Yves Le Bouillonnec.
Une lutte fratricide se déroule au sein du comité de soutien aux 1 000 de Cachan. 50% sont des clandestins, 30 % sont en situation régulière et 20 % en attente de régularisation. Fin août 2006, Droit au logement, Ligue des droits de l’homme, Ligue communiste révolutionnaire, Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), Attac, Sud-éducation n’avaient adopté aucune position commune à propos des propositions de la préfecture.
Mais dans ce désordre, les 1 000 de Cachan prétendent attendre que leurs dossiers soient traités, si possible loin des querelles intestines et des tentatives de récupération politique...
On y croit dur comme fer!
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