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mardi 10 juillet 2018

Conflit d'intérêts: le gouvernement garde Nyssen, mais lui retire la régulation de l'édition

La Culture réduite comme une peau de chagrin

Nouveau coup dur pour la Culture, du fait de sa ministre

Toujours régulièrement contestée plus d'un an après sa nomination, le gouvernement a retiré par décret à l'ex-patronne d'Actes Sud la régulation économique du secteur de l'édition.
Par décret du Premier ministre Edouard Philippe, publié mardi au Journal officiel, Mme Nyssen se voit couper les ailes, privée, d'une part, de ses attributions concernant "la tutelle du Centre national du livre" et, d'autre part, "la régulation économique du secteur de l'édition littéraire". Elle devra ainsi cesser d'intervenir dans tout dossier impliquant "la société 'Actes Sud' ".

Ces attributions sont désormais "exercées par le Premier ministre", ajoute ce texte, prétendant que ces décisions auraient été prises "sur la proposition de la ministre de la Culture". Mieux vaut tard que jamais...

La ministre a indiqué qu'elle "prend acte" de cette décision. Curieux, si elle a été prise à son initiative ! "Ce qui m'importe, c'est de continuer à faire. Je suis là pour faire", a-t-elle raconté.

La ministre ne se sent pas amputée

Elle précise qu'elle n'est pas pour autant un emploi fictif. Elle continuera à piloter la concertation sur la réforme du statut social des artistes auteurs, après une première réunion qui s'est déroulée lundi. "Je suis vraiment à la manoeuvre sur cette question qui est importante et me tient à coeur", indique-t-elle, se voulant rassurante.

Selon son entourage, le retrait d'une partie de ses attributions concernant l'édition résulte d'une série d'échanges entre la ministre et la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, dont F. Nyssen a fini par solliciter un avis officiel, le 23 janvier 2018, après huit mois de conflit d'intérêts.
Nommée ministre en mai 2017, Françoise Nyssen, 67 ans, a dirigé à partir du début des années 80 les éditions Actes Sud, fondées à Arles en 1978 par son père Hubert Nyssen (1925-2011), et en a fait l'un des fleurons de l'édition française.
En arrivant au gouvernement, la ministre avait laissé à son mari, Jean-Paul Capitani, les rênes d'Actes Sud, qui compte à son palmarès quatre Prix Goncourt (Laurent Gaudé, Jérôme Ferrari, Mathias Enard et Eric Vuillard) et deux prix Nobel de littérature (Imre Kertész et Svetlana Alexievitch).

Nyssen croyait pouvoir passe au travers du renouvellement de la vie publique

Au gouvernement Philippe, Françoise Nyssen n'est pas le premier exemple de chevauchement de la vie publique par le privé.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait fait l'objet du même genre de mesure pour cause de conflit d'intérêt.
Son mari, Yves Lévy, est le PDG sortant de l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), organisme placé sous la double tutelle des ministères de la Santé et de la Recherche. Lorsque Buzyn est entrée au gouvernement en mai 2017, un décret l'a déchargée de tout ce qui touche à l'Inserm, qui doit être géré par Matignon et le ministère de la Recherche.
"La question est pourquoi on nomme des gens à ce point dans des situations de conflit d'intérêts ? Il y a d'autres gens à nommer. Pour moi, le cas le plus évident est celui de Mme Parly", a réagi Vincent Jauvert, journaliste de l'Obs, auteur du livre "Intouchables d'Etat" (Robert Laffont). Une satisfaction pour les féministes ?

Egalement nommée par Macron juin 2017, la ministre des Armées Florence Parly s'était placée en situation de conflit d'intérêts.
Elle avait renoncé à ses mandats dans le groupe de conseil en technologies Altran, du fabricant de terminaux de paiement Ingenico et de l'équipementier aéronautique Zodiac Aerospace.
Son mari, Martin Vial, patron de l'Agence des participations de l'Etat (APE) - chargée de gérer le patrimoine de l'Etat actionnaire dans différentes industries et services, dont Safran, Thales et Airbus dans la défense - avait mis entre parenthèses toutes ses responsabilités liées aux industries de défense. C'est lui qui garde les enfants.

Françoise Nyssen ne cesse de faire l'objet de critiques

Son plan pour lutter contre les déserts culturels s'était attiré en avril les foudres des Centres dramatiques nationaux. Le quotidien Libération avait alors consacré sa Une à la ministre et aux "maladresses sur les dossiers dont elle a la charge".

Depuis, la ministre a multiplié les annonces, dont la présentation début juin de premières pistes pour réformer l'audiovisuel public.

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