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mercredi 21 mars 2018

Comment les syndicats en grève manifesteront-ils leur mépris des usagers, demain ?

Les usagers vont pouvoir apprécier l'étendue du respect des grévistes pour leurs concitoyens

A l'AFP, il n'est question que de la SNCF

Un employé de la SNCF en grève, le 17 juin 2014.

La grève qui commence demain, jeudi 22, à la SNCF va se traduire par la circulation de 40% des TGV, 25% des Intercités et 50% des TER, tandis que 30% des trains d'Ile-de-France seront assurés, soit à 70% et 75% désorganisées, a annoncé mercredi le patron de l'entreprise publique, Guillaume Pepy. Les lignes les plus fréquentées par des salariés français subiront les perturbations les plus dérangeantes.
Le patron d'entreprise a précisé que la grève commencera à se traduire dans les faits dès 19h00 mercredi et jusqu'à 8h00 du matin vendredi.

Les syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD, CFDT) organisent une "manifestation nationale"  jeudi à Paris contre la réforme du ferroviaire, avec "plus de 25.000" personnes attendues.

Il faut s'attendre à "des perturbations importantes à la SNCF"a prévenu la ministre des Transports Elisabeth Borne, évoquant sur RMC les mêmes chiffres que Pepy.
"On va tout faire pour accompagner nos voyageurs, raconte Pépy. On va fermer les sièges de l'entreprise en région et au plan national pour que le maximum possible de personnels soient aux côtés des voyageurs" touchés par ce mouvement social, a-t-il promis au micro de RTL, plutôt que de faire en sorte que le dialogue avec les syndicats soit positif.

Or, "la CGT a appelé à manifester, mais quatre autre syndicats de la SNCF ont appelé eux à la grève"deux jours sur cinq, du 3 avril au 28 juin, pour s'opposer aux projets de réforme du secteur ferroviaire.
"Pour les grèves qui sont annoncées dans les semaines à venir, notre engagement est très clair: à 17h00 la veille, nous publierons la liste précise de tous les trains qui circulent", a par ailleurs promis Pepy. 

Un front commun inédit depuis des années à la SNCF.
Sur ce front, l’unité est concrète. Au lendemain de la présentation du rapport Spinetta sur l’avenir de l’entreprise publique, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, avait annoncé, le 16 février, une "mobilisation nationale" des cheminots, également le 22 mars. Au final, les quatre organisations représentatives de la SNCF (CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT), soutenues par FO, marqueront leur désaccord avec la réforme ferroviaire. La fin du statut pour les nouveaux embauchés prévue par le gouvernement a mis le feu aux poudres et a permis ce front commun que l’on n’avait pas vu depuis des années.
Au PS, le nouveau premier secrétaire, Olivier Faure, déclare que son parti s’inscrit dans l’opposition et le déclaremobilisé.

Depuis, les syndicats ont fait savoir qu’ils appellent à une grève perlée à partir du 3 avril. 
Sont ainsi programmés trente-six jours de grève, deux par deux, séparés par trois jours de non-grève. Une guerre d’usure qui doit durer jusqu’au 28 juin et pénalisera lourdement les usagers. "Face à un gouvernement autoritaire, il sera nécessaire d’être en capacité de tenir un conflit intensif sur une très longue durée", ont-ils tenté de se justifier dans un communiqué commun. Pour jeudi, ils attendent "25.000 manifestants", soit presque un cheminot sur cinq

En solidarité avec leurs collègues et bien qu’ils ne soient pas touchés par la réforme, trois syndicats radicaux de la RATP (CGT, UNSA et SUD) n'ont pas hésité à demander aux agents de la Régie des transports parisiens de cesser le travail jeudi.

Outre les cheminots, les fonctionnaires aussi sont en marche contre Macron

Rassemblement du personnel SNCF de Nouvelle-Aquitaine, le 28 février, à Bordeaux.
Le candidat Macron avait annoncé la suppression de 120.000 postes dans la fonction publique. Devenu président,  il a fait descendre plusieurs centaines de milliers de salariés dans la rue le 10 octobre 2017 pour dénoncer le gel de la valeur du point d’indice qui sert à calculer les rémunérations, le rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt maladie ou la simple compensation de la hausse de la CSG sans gain de pouvoir d’achat.
 
A cela se sont ajoutées les mesures dévoilées le 1er février 2018 qui prévoient un recours accru aux contractuels, le développement de la rémunération au mérite et l’instauration de plans de départs volontaires. Autant d’éléments qui constituent "une réelle menace contre le statut général des fonctionnaires", selon les sept syndicats mobilisés sur la durée. 

Sept syndicats de fonctionnaires ont donc appelé à manifester, jeudi, une journée déterminante pour la suite du mouvement social.
Les fonctionnaires (et agents de la SNCF) sont appelés à descendre dans la rue pour protester contre les projets de l’Etat macronien visant leur pouvoir d’achat (et le statut privilégié des cheminots)Ils se retrouveront le 27 mars pour étudier les suites à donner au mouvement.

A Paris, deux cortèges distincts sont organisés jeudi 22, mais ils convergeront pour se retrouver place de la Bastille. "Tout le monde s’attend à une très forte mobilisation qui peut avoir un effet dynamisant pour la suite", estime Fabrice Angei, permanent en décharge syndicale à la direction confédérale de la CGT.

Ces sept syndicats représentatifs de la fonction publique (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) sont tombés d'accord début février pour appeler les 5,4 millions de fonctionnaires à faire grève et à descendre dans la rue. Mardi, la CGT, première organisation dans la fonction publique, annonçait plus de 150 cortèges partout en France. "C’est un étiage très haut et un élément positif", se félicite Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT.

Un mouvement 
syndical marqué par une certaine divergence de vues. 
Contrairement au 10 octobre, la CFDT et l’UNSA, respectivement deuxième et quatrième organisations dans la fonction publique, n’ont pas souhaité rejoindre leurs camarades. "Ne pas appeler à la grève ne vaut pas accord avec ce qui est proposé et ne veut pas dire que l’on n’est pas mobilisé, insistent-ils, mais dans l’établissement du rapport de force, cela nous semblait prématuré", explique Mylène Jacquot (CFDT, proche du PS). Des stratégies s’inscrivant dans l’optique des élections professionnelles qui se dérouleront dans la fonction publique en décembre.

Les enseignants ne seront pas de reste...
Pourquoi se mobilisent-ils ? 
Les branches enseignement des principaux syndicats ont appelé les professeurs à participer au mouvement. Le SNUipp-FSU dénonce notamment le fait que les 3.I881 postes créés à la rentrée prochaine dans l'Education nationale ne permettront pas de mettre en œuvre les réformes souhaitées par le gouvernement, notamment le dédoublement des classes de CP dans les zones d'éducation prioritaire. lls savent pourtant par ailleurs que les candidatures sont insuffisantes... 
Les syndicats organisations lycéennes et étudiantes (UNEF), qui protestent contre les réformes du bac et de l'université, ont rejoint l'appel à mobilisation. 
Certaines crèches seront elles-aussi fermées.

Quelles sont les perturbations attendues ? 
Sur RTL, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a dit s'attendre à des "grèves limitées" dans les écoles. Un enseignant sur quatre sera en grève dans le 1er degré (où ils sont habituellement un sur deux), selon le syndicat SNUIPP, avec des taux variables selon les régions : 20% en Dordogne, en Haute-Garonne ou encore dans la Vienne, 35% en Lozère, dans les Alpes-de-Haute-Provence ou encore en Seine-Maritime, 40% en Seine-et-Marne et dans le Var, 45% dans le Gers 50% en Creuse et à Paris ou encore près de 55% en Seine-St-Denis (où l'assiduité scolaire est de toute façon erratique) et dans les Pyrénées-Orientales.
Seulement 10% des écoles seront fermées dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Paris ou encore en Seine-Maritime, assure le SNUIPP.

La loi prévoit un service d'accueil minimum dans les écoles, mais les précédentes mobilisations ont montré qu'il n'est que rarement assuré. 

Les contrôleurs aériens profiteront de l'aubaine
Pourquoi ces nantis se mobilisent-ils ? L'Usac-CGT, la formation majoritaire dans l'aviation civile, a appelé les contrôleurs aériens à se joindre à la mobilisation et à cesser le travail de mercredi soir à jeudi soir. Les contrôleurs aériens sont eux aussi des fonctionnaires et leur syndicat appelle à une "hausse sensible du recrutement". Vendredi, une mobilisation est aussi prévue au sein d'Air France. Dix syndicats appellent à une grève massive, tous métiers confondus, pour réclamer une augmentation des salaires de 6%.

Quelles sont les perturbations attendues ? 
Les perturbations pourraient être importantes, notamment jeudi en raison de la mobilisation des contrôleurs aériens. La Direction Générale de l'Aviation Civile a d'ores et déjà annoncé que 30% des vols seraient annulés dans les aéroports de Roissy, Orly et Beauvais. 
Du côté d'Air France, la compagnie prévoit de maintenir 75% des ses vols moyen-courriers de et vers l'aéroport de Paris Charles-de-Gaulle et 60% des court-courriers à Orly et des transversales province. La compagnie aérienne prévoit par ailleurs de maintenir 100% de ses vols long-courriers.

Une accumulation de grogne et de luttes
Le service public doit tout aux blocages des syndicats.
Comme notre économie aux migrants...

Vendredi, ce sera au tour des salariés d’Air France de prendre le relais pour réclamer des augmentations de salaires. Après une première grève le 22 février, onze syndicats de la compagnie aérienne ont décidé de mobiliser, tous métiers confondus. Un troisième round est prévu le 31 mars. 

Egalement ce jour-là, FO et la CFDT appellent les salariés de Carrefour à baisser le rideau après un vaste plan de restructuration annoncé en janvier. 

Trois jours plus tard, les cheminots entameront leur grève en pointillé. Ce qui fait dire à Pascal Pavageau, membre du bureau confédéral de FO, que "le 22 mars est une étape, une date qui s’inscrit dans un calendrier qui va se poursuivre". Seul candidat à la succession de Jean-Claude Mailly à la tête du syndicat en avril, ce dernier critique "une logique de jungle" et de "casse totale des droits collectifs". "Si le nouveau monde, c’est l’individualisation des droits et le chacun pour soi, je suis très fier de notre ancien monde", lance-t-il.

Les Français vont-ils devoir endurer un "printemps social" ? 
Raymond Soubie, président des sociétés de conseil Alixio et Taddeo, se montre réservé. "Dans le privé, il y a très peu de conflits, souligne-t-il. Et pour le 22 mars, les confédérations sont très prudentes." A l’heure actuelle, rares sont d’ailleurs les observateurs qui envisagent une éventuelle coagulation de ces mouvements. "On est plus face à une perspective de superposition des luttes, note l’historien Stéphane Sirot, spécialiste des mouvements sociaux. Mais pour le gouvernement, une multiplication des conflits n’est toutefois pas forcément plus rassurante qu’une conjonction : une litanie de mobilisations attire le regard et peut pourrir le climat politique et social."

L’exécutif, qui en est bien conscient, tente de circonscrire certains fronts, tout en affichant sa fermeté, notamment vis-à-vis des cheminots
Face à la colère des retraités – une population qui manifeste rarement, mais qui s'est mobilisée avec succès le 15 mars contre la hausse de la CSG –, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé, mardi, vouloir "corriger" le dispositif pour 100.000 couples de personnes âgées qui sont "juste au-dessus" du seuil de déclenchement. 
Le pouvoir macronien avait pareillement fait marche arrière en janvier après un important mouvement de protestation des surveillants de prison. "Le gouvernement prend conscience qu’il y a un mécontentement qui commence à s’exprimer fortement mais aussi des attentes, estime M. Angei, de la CGT. Quoi qu’il en dise, ça l’oblige à reculer."

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