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mardi 20 mars 2018

Après dix ans, dont cinq d'instruction, Sarkozy est mis en garde à vue, ce jour

Cette nouvelle opération médiatico-judiciaire vise à salir Sarkozy et sa victoire de 2007

La campagne présidentielle qui amorça le déclin du Parti socialiste a-t-elle profité d'un financements libyen ?
 
L'ex-chef de l'Etat a été placé en garde à vue mardi, à Nanterre, près de Paris, après cinq années de mise en sommeil, une première dans ce dossier qui n'avait donné lieu qu'à des auditions

Comme il en avait été informé il y a une semaine, l'ancien président est entendu depuis mardi matin par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), un service de la Direction centrale de la Police judiciaire créé par décret le 25 octobre 2013, a indiqué "une source proche de l'enquête", confirmant une information du journal Le Monde et du site révolutionnaire trotskiste Mediapart, également très proches de l'enquête.
Ce service est placé sous la tutelle politique du ministère de l'Intérieur, en la personne du commissaire divisionnaire Thomas de Ricolfis, 52 ans. Ce service gouvernemental  de police est en charge des affaires d’argent particulièrement sensibles ou complexes : les emplois familiaux de Bruno Le Roux, François Fillon et Michel Mercier, les dossiers Business France (agence dont Muriel Pénicaud fut la directrice générale de janvier 2015 à mai 2017, laquelle est au centre d'une enquête préliminaire, ouverte par le Parquet de Paris, concernant l’organisation d'une soirée de promotion des start-up françaises à l’hôtel The Linq, organisée autour d’Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, à Las Vegas le 6 janvier 2016, lors du Consumer Electronics Show (CES), dont l'organisation a été confiée à Havas, sans appel d'offres, ce qui est contraire à la loi, et qui est soupçonnée d'avoir été le prétexte pour une levée de fonds au profit de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. En juillet 2017 une information judiciaire pour favoritisme et recel de favoritisme a été confiée au juge Renaud Van Ruymbeke), Bygmalion, Dassault, Balkany, Dieudonné, Campion,
l’enquête sur un
éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, la vente de sous-marins Scorpène au Brésil (contrat de 6,7 milliards d'euros cinq sous-marins au pays d'Amérique Latine, conclu en septembre 2009 par DCNS au Brésil : depuis octobre 2016, anticipant la campagne présidentielle de 2017, les magistrats du PNF aimeraient découvrir des pots de vin en marge de ce contrat et susceptibles d'avoir aussi fait l'objet de rétro-commissions), plusieurs scandales de corruption dans le sport (citons les investigations sur l'attribution des Jeux Olympiques de 2016 au Brésil : à l'époque, la France a vivement soutenu la candidature du pays d'Amérique Latine opposé au Japon. "Or, l'attribution de l'organisation des jeux au Brésil s'est faite au même moment que la signature du contrat d'armement", accuse Le Parisien), les assistants parlementaires du MoDem et du Front national, etc...
Au total, 
environ 350 enquêtes occupent en ce moment les 83 policiers, gendarmes et agents de l'OCLCIFF, dont une bonne partie sont très médiatisées. Pas étonnant que la corbeille à papier du commissaire déborde de journaux.
A l'issue de cette garde à vue, qui peut durer jusqu'à 48 heures, Nicolas Sarkozy peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement. Dans cinq ans ?

Un très proche, qui fut son ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, est pour sa part entendu en audition libre, sans mise en garde à vue, plus infamante et médiatiquement malveillante, selon "une source proche du dossier".

La résurgence fracassante d'un dossier touffu

AFP / Sabrina BLANCHARDNicolas Sarkozy et les affaires judiciaires


Les juges du pôle financier (PNF) s'intéressent à des flux financiers impliquant des protagonistes liés au régime de l'ancien chef de l'Etat libyen Mouammar Kadhafi. 
D'anciens responsables lybiens, vindicatifs, suite à l'engagement français en Lybie, et le sulfureux intermédiaire franco-libanais druzze Ziad Takkiedine, ci-contre, condamné à plusieurs reprises  notamment pour abandon de famille (deux mois ferme), pour diffamation en 2014 pour avoir accusé l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant d'avoir touché de l'argent en marge de la libération des infirmières bulgares de leur prison libyenne, le 30 mai 2016 à une amende douanière de 375.000 euros pour n'avoir pas déclaré 1,5 million d'euros en liquide, en 2011 à l'aéroport parisien du Bourget - ont distillé la thèse de versements au profit présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy. 
Sur BFMTV, le 27 mars 2012, Ziad Takieddine annonça  qu'il voterait François Hollande à l'élection présidentielle de 2012.

D'autres responsables de ce pays les ont d'ailleurs démentis
et l'ancien chef de l'Etat a toujours rejeté ces accusations.

L'enquête a été élargie en janvier à des faits présumés de "financement illégal de campagne électorale", a indiqué "une autre source proche du dossier," alors qu'elle avait été ouverte notamment pour détournements de fonds publics et corruption active et passive, laquelle a probablement conduit les juges à une impasse. En septembre 2017, les policiers anti-corruption de l'OCLCIFF - qui ne craignent pas les soupçons d'amalgames et donc d'analogie fallacieuse à portée de disqualification - avaient remis aux juges un rapport qui pointait la circulation d'espèces dans l'entourage de Sarkozy durant la campagne 2007. Ce midi, sur BFMTV, Sarah-Lou Cohen, chef d'un service police-justice, glissait même dans son récit  que Sarkozy réceptionnait les "valises" de billets...

Interrogés par les enquêteurs, Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle, et son adjoint chargé de la distribution des enveloppes, Vincent Talvas, ont répondu que l'argent provenait de dons anonymes, pour un montant global entre 30.000 et 35.000 euros. 

C'est l'histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours...
Une justification aussitôt contestée au cours d'autres auditions, dont celle de "la personne" - la stagiaire ? - chargée du courrier reçu à l'UMP durant cette campagne présidentielle, qui a déclaré n'avoir "jamais vu de courrier arrivant qui contenait des espèces". 

L'affaire a éclaté en 2012 après une publication d'un site révolutionnaire.
Ce site d'information trotskiste, Mediapart, produisait une note qu'il attribuait à Moussa Koussa, ex-chef des services de renseignements extérieurs de la Libye, laissant penser à un financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Dans ce dossier, l'ex-secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant était mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Rien que ça !...

Dix plus tard, les magistrats cherchent toujours à établir un lien entre l'affaire et un virement de 500.000 euros perçu  d'une société d'un avocat malaisien par C. Guéant, en mars 2008. Il a toujours expliqu qu'il s'agit du fruit de la vente de deux tableaux.

L'enquête avait déjà connu une accélération en novembre 2016.
Mediapart avait alors relancé l'affaire avec des déclarations fracassantes de Ziad Takieddine, qui assurait - sur l'honneur et "les yeux dans les yeux" -  avoir remis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et à son directeur de cabinet Claude Guéant - qui ont  démenti -, trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime Kadhafi, entre novembre 2006 et début 2007.

La fable des trois valises avec 5 millions d'euros a grossi à 50 millions.
L'avocat de Claude Guéant a souligné ce mardi que l'ancien président "aurait pu tout à fait être entendu sous le régime de l'audition libre""Il n'y a pas d'élément dans le dossier qui justifie aujourd'hui une telle mesure spectaculaire de garde à vue. 
Après cinq ans d'enquête, on n'arrive toujours pas à prouver qu'un seul centime d'argent libyen a été versé à Nicolas Sarkozy", a également observé son avocat Philippe Bouchez El Ghozi.

Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins (Alpes-Maritimes)
Il ne s'agit pas de celle des Hollande-Royal. Celle incriminée, estimée à environ 10 millions d'euros, était la propriété d'un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier du régime.
Les enquêteurs sont encore animés par des soupçons. Ils se portent cette fois sur l'homme d'affaires Alexandre Djouhri qui aurait pu être le véritable propriétaire et vendeur de ce bien et qui se serait entendu avec Bachir Saleh pour fixer un prix d'achat "très surévalué".
Actuellement en exil, B. Saleh, que la justice française souhaite interroger dans le cadre de cette affaire, a été blessé par balles fin février en Afrique du Sud. Il est visé par un mandat d'arrêt international.

Quant à Alexandre Djouhri, il a été arrêté en janvier à Londres en vertu d'un mandat d'arrêt européen émis par la justice française et incarcéré. Souffrant de problèmes cardiaques, il est hospitalisé depuis une dizaine de jours à Londres, selon une source proche de l'enquête.

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