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mercredi 21 mars 2018

Sarkozy mis en examen sur des soupçons de financement illicite de campagne présidentielle

Une décision après cinq ans d'enquête sur un financement libyen présumé 

Deux jours de garde à vue mise en scène, suivis de mise en examen courue d'avance

Financement libyen : Nicolas Sarkozy mis en examenL'ancien chef de l'Etat a été mis en examen ce mercredi en fin de journée des chefs de corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens, selon une fuite à destination du journal Le Monde. Après cinq ans d'investigations, c'est un déblocage de l'instruction sur des soupçons de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par la Libye de Mouammar Kadhafi en 2007
Ce mercredi, à l'issue de vingt-six de garde à vue, l'ancien chef de l'État a été mis en examen, pour la deuxième fois, et placé sous contrôle judiciaire par Serge Tournaire, juge d’instruction pugnace au pôle financier du Tribunal de grande instance de Paris, après avoir fait ses preuves en Corse, en août 1993 (par D. Perben au gouvernement Balladur sous Mitterrand, gouvernement de cohabitation), puis Nice et à Marseille en 2003 (gouvernement Raffarin, sous Jacques Chirac).

Après une nuit passée à son domicile, vers 8h du matin, l'ex-président avait rejoint les locaux de l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, pour être de nouveau auditionné, puis a été déferré devant les juges d'instruction Serge Tournaire, désigné par le président du Tribunal de Grande Instance de Paris, Aude Burresi et Clément Herbo. 

Le juge Tournaire cumule les dossiers incriminant la droite républicaine:
 en effet, il est également premier magistrat instructeur dans l'affaire touchant Penelope Fillon et les enfants du candidat de la droite, cette fois à la présidentielle de 2017. 

C'est encore ce juge que l'on dit intègre et indépendant qui plaça l'ancien président sur écoute 
 pendant près d'un an, violant ainsi les droits individuels de l'homme, un fait unique dans les pays démocratiques du monde occidental.

L'instruction avait été ouverte en 2013, mais Nicolas Sarkozy n'avait pas encore été entendu

Trois jours avant le déclenchement de l'intervention militaire franco-britannique en Libye qui va conduire au renversement de son père du pouvoir,  le 16 mars 2011, sans fournir de preuves, Saïf al-Islam Kadhafi assure que son père aurait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le site Mediapart s'empresse de diffuser l'information, sans prendre le temps vérifier l'authenticité de ces allégations.
Nicolas Sarkozy dépose plainte contre Mediapart pour "faux et usage de faux", " recel de faux" et "publication de fausses nouvelles", puis Mediapart dépose plainte à son tour contre Nicolas Sarkozy pour "dénonciation calomnieuse." Le 30 mai 2016, les magistrats rendent une ordonnance de non-lieu au bénéfice de ...Mediapart.

Les accusations du sulfureux homme d'affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, ont reçu l'oreille des trois juges.
Pour avoir recueilli ses déclaration, Fabrice L'Homme, journaliste du Monde, indiquait ce soir sur BFMTV, que l'individu qui murmure à l'oreille des juges lui avait certifié que Sarkozy n'avait jamais reçu d'argent de l'Etat libyen.  Avant de certifier le contraire à la justice.  Et Fabrice L'Homme de commenter : "On ne sait jamais quand il dit vrai"...

Ces magistrats instructeurs enquêtent depuis 2013 pour trouver des éléments susceptibles d'étayer leurs soupçons.
Les accusations - contradictoires - émanent dans un premier temps de l'homme d'affaires Ziad Takieddine et d'ex-dignitaires du régime dictatorial libyen, qui assurent que Nicolas Sarkozy aurait touché de l'argent de Mouammar Kadhafi pour le financement de sa campagne 2007. 

Mais deux témoins-clés à décharge sont hospitalisés. 
L'un, ex-trésorier de Kadhafi, Béchir Saleh, blessé par balle le 26 février dernier à Johannesburg en Afrique du Sud où il était réfugié depuis 2012, est soigné à Abu Dhabi. Le Libyen hospitalisé pour ses blessures aurait à présent quitté l'Afrique du Sud pour les Emirats arabes unis : une nouvelle domiciliation qui n'a pas pu justifier la prise de décision du juge, ce soir. Preuve que Serge Tournaire savait où il allait, avant la garde à vue qu'il a mise en scène.  
L'ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi, qui avait ensuite dirigé la Libyan Investment Authority, un fonds d'Etat servant à investir l'argent du pétrole à l'étranger, est sous le coup d'une notice rouge d'Interpol depuis la fin de la guerre en Libye.
Le magistrat instructeur misait en revanche beaucoup sur l'audition de l'homme d'affaires Alexandre Djouhri. Mais l'intermédiaire Alexandre Djouhri,  59 ans, est soigné à Londres après une attaque cardiaque. Les millions libyens, dont personne ne sait à ce jour s'ils ont en partie servi à financer la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, ne portent pas chance à ceux qui, de près ou de loin, les ont approchés... 
En 2012, le corps de Choukri Ghanem, ex-ministre libyen du Pétrole et proche du colonel Kadhafi, avait été retrouvé dans le Danube à Vienne.

De quels faits nouveaux et convergents Serge Tournaire dispose-t-il donc   pour mettre Sarkozy en examen ?

Il ne reste au juge qu'un document libyen faisant état d'un financement par la Libye de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy. Mais ce n'est pas un élément nouveau, puisqu'il a été publié en mai 2012 par le site révolutionnaire trotskiste Mediapart et sujet à caution.   

Les accusations à son encontre ont été constamment démenties par le camp Sarkozy, mais ont valu à l'ancien président une mise sur écoute illicite.
Elles ont porté sur deux dossiers, Bettencourt et l'arbitrage Tapie-Crédit Lyonnais. Dans le premier, Sarkozy avait été placé sous le statut de témoin assisté, mais l'affaire s'est soldée par un non-lieu en sa faveur le 7 octobre 2013. Dans le deuxième, Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir fait pression sur sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde, pour qu'elle décide un arbitrage qui accéléra le règlement interminable du conflit. Cinq protagonistes de l'affaire sont toujours mis en examen pour "escroquerie en bande organisée".

Depuis, l'ex-secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, a été mis en examen en mars 2016
et doit toujours s'expliquer sur le versement de 500.000 euros sur l'un de ses comptes.
Quant à Ziad Takieddine, il a été mis en examen dans ce dossier, pour "complicité de diffamation". 

Le juge Tournaire ne devrait plus pouvoir mettre cinq nouvelles années pour peser sur les prochaines présidentielles, une troisième fois.
Arrivé en 2009 au PNF, il est rattrapé par la limite légale autorisée à un même poste, dix années. Il devra donc mettre la surmultipliée. Mais on peut lui faire confiance. 
Pour Bernard Tapie, "Tournaire, ce n'est pas un ayatollah, mais c'est un dur à cuire qui ne recule devant rien", enquêtant toujours à charge. "Chez lui, les règles du Code pénal sont inversées : il faut prouver qu'on est innocent".
Selon le journaliste Benoît Rayski (Atlantico), "il est réputé proche du Syndicat de la Magistrature" (SM), "celui des "juges rouges"...

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