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mardi 27 mars 2018

Financement libyen : les vérités fluctuantes de Ziad Takieddine sur Nicolas Sarkozy

Takiéddine va-t-il encore longtemps balader les trois juges ?

Quiconque a rencontré Ziad Takieddine rapporte que l'individu est un fabulateur


Les juges sont-ils suicidaires ?
Devenu l'un des principaux accusateurs de Nicolas Sarkozy dans l'enquête sur un financement libyen supposé de la campagne de 2007, l'intermédiaire franco-libanais, proche du régime de Kadhafi, alimente les soupçons. Son récit des événements est entrecoupé de coups de colère dont on ignore s'ils relèvent de l'art du comédien ou de crises incontrôlées. Lanceur d'alerte ou bouffon mythomane, il occupe les juges en quête de faits incontestables qui constitueraient des charges leur permettant de traîner l'ancien chef de l'Etat en justice.  "C'est la raison pour laquelle je ne suis pas très favorable à son expression publique," confie son avocate, sensible à l'odeur de soufre qu'il dégage, Elise Arfi, qui n'aurait aucun lien de parenté avec Fabrice Arfi, journaliste d'investigation pour le site révolutionnaire trotskiste qui s'acharne sur Sarkozy sans relâche depuis des années et des années. "Dès qu'il y a des journalistes, il fait son show."

Le mythomane franco-libanais Ziad Takieddine a beaucoup varié dans ses accusations contre Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l'affaire du financement libyen, sur la foi des propos d'un bouffon.

L'homme d'affaires de 67 ans joue les vedettes devant les juges financiers du PNF

Comme Nicolas Sarkozy, Ziad Takieddine est mis en examen dans l'affaire du financement libyen.

Les déclarations de "monsieur Tak" alimentent depuis six ans (2012) le dossier libyen
, que la gauche accroche aux basques de l'ancien président Sarkozy, bien qu'il l'ait combattu, avec les Anglais, sous mandat de l'ONU, jusqu'à la fin du dictateur et de son régime. C'est une opération de basse vengeance politique que récupère cette gauche révolutionnaire et qui vaut désormais à l'ancien président d'être mis en examen. Dans le secret des cabinets d'instruction, ce fils de bonne ­famille du Liban multiplie les confidences pour affirmer que Nicolas Sarkozy a reçu de l'argent du colonel Kadhafi, faisant la joie des trotskistes et de l'extrême gauche. 

Un labyrinthe de contradictions dans lequel se plaît à errer la justice

L'individu ne cesse de mener les juges et la presse en bateau, mais les uns et les autres ne renoncent pas à recueillir un élément dont ils pourraient faire litière. La paillasse est chargée de contradictions, mais qu'importe ! ­

Takieddine évoque ainsi en 2012 un rendez-vous à Tripoli avec le fils du dictateur libyen, Saïf Al-­Islam, le 4 mars 2011. Celui-ci lui aurait alors confirmé l'existence de versements occultes au bénéfice de Sarkozy, tels qu'il les avait publiquement évoqués sur Euronews. Seulement voilà : les déclarations de Saïf Al-Islam à la chaîne d'information datent du 16 mars, soit douze jours après la rencontre en Libye. Pas de quoi interpeller Ruth Elkrief...

En juin 2012, devant les policiers, il ­affirme ne pas avoir rencontré Nicolas Sarkozy après novembre 2003. Comment ­pourrait-il, en ce cas, lui avoir remis des valises de billets en 2006? Il y a deux jours, sur RFI, en réponse à l'ex-chef de l'Etat, qui assure ne l'avoir vu que deux fois, en 2002 et 2003, le Franco-libanais ami de Kadhafi affirme l'avoir rencontré à au moins deux reprises en 2004.

Ancien intermédiaire familier des contrats d'armement français avec le Moyen-Orient qui l'ont enrichi dans les années 1990 et 2000, Ziad ­Takieddine s'est mué en accusateur public. 
Nostalgique du temps où on le courtisait pour raisons d'Etat et où on répondait à ses invitations sur son yacht, il est passé à l'attaque des combattants de ses rêves perdus de grandeur. On l'injurie désormais publiquement, alors il concentre sa colère et son indignation sur l'ancien chef de l'Etat qui a tué sa poule libyenne aux oeufs d'or. 
"Menteur", "manipulateur", "le sinistre monsieur Takieddine", riposte Sarkozy : dans son entretien au JDD, comme sur TF1 jeudi. L'accusé de Mediapart fait de son accusateur une cible privilégiée. Du Liban, où il réside actuellement, l'homme d'affaires persiste pourtant dans ses accusations.

Me Arfi décrit son client comme "quelqu'un qui n'a plus rien à perdre". 
S'il s'est contredit pendant les cinq années de l'enquête, explique-t-elle, c'est parce qu'il ­espérait une aide de proches de Nicolas Sarkozy qui avaient répondu à ses avances, espérant retrouver son honneur auprès d'eux: Brice Hortefeux, l'ami intime de l'ex-président, et Claude Guéant, son plus proche collaborateur. "En l'absence de tout geste, il s'est décidé à tout dire", résume-t-elle. Fusse n'importe quoi.

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Tak' a perdu tous ses biens saisis en France

Ziad Takieddine a perdu de sa superbe de multimillionnaire flamboyant au volumineux carnet d'adresses, tant dans la politique que dans les affaires. Il est lui-même mis en examen dans ce dossier et renvoyé en correctionnelle dans l'affaire de ­Karachi. 

Après l'avoir longtemps nié,
le menteur a dû reconnaître avoir perçu d'importantes commissions occultes sur la vente de sous-marins au Pakistan, dont la justice soupçonne qu'elles étaient destinées au financement d'une autre campagne présidentielle en France, celle d'Edouard Balladur en 1995, ce qui reste à démontrer.

Tous les biens de Takieddine en France ont été saisis : villa à Antibes, yacht, hôtel particulier à Paris, dont il garde cependant l'usage jusqu'à la décision ultime du tribunal. 
A Londres, qui a participé à la libération libyenne de la dictature, il se débat avec un divorce difficile qui le prive de voir ses enfants. Il n'a plus que l'affaire libyenne en tête.
Me Arfi nous arracherait toutes les larmes de notre corps.

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