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jeudi 8 octobre 2009

Mitterrand, cible d'une violente campagne de bas étage

Le PS à l’unisson du FN

Censeurs socialistes : "Tondons le neveu de Tonton" !

Bien qu’il se soit écoulé quatre ans depuis la parution d'un livre relatant ses expériences de tourisme sexuel, et qu’il ait alors été salué par la critique, il est le prétexte à une polémique visant Frédéric Mitterrand, non pas l’auteur, mais le ministre de la Culture.

Le tabou des préférences sexuelles les plus bizarres semblaient être levé, mais ce n’était encore que faux semblant et démagogie racoleuse, tarifée au nombre de bulletins dans les urnes. Un responsable hystérique d’Act Up peut piquer des crises de nerfs en direct à la télé et les acteurs du PAF s’y pavaner, affichant une tolérance télégénique rémunérée par une image magnifiée et de bons sondages, mais exclusivement sous le contrôle de la gauche politique qu’avec mépris le FN appelle l’intelligentsia, et de la gauche des censeurs laïcs qui pullulent partout au du PS. Pour qu’ils ferment complaisamment les yeux et accordent leur indulgence plénière, encore faut-il appartenir au saint des saints. Or, le neveu de l'ancien président socialiste a commis l’irréparable. La faute suprême n’a pas consisté à monnayer les faveurs sexuelles de jeunes hommes du Quart Monde, mais à franchir le Rubicon des clivages politiques. En changeant de trottoir pour servir son pays au ministère de la Culture d’un gouvernement de droite, Frédéric Mitterrand a ouvert la boîte de Pandore d’où a jailli, main dans la main, le couple improbable Marine Le Pen et Benoît Hamon, uni dans une même haine.

Les grands déballages télévisuels se multiplient

Profitant d'un débat télévisé sur les délinquants sexuels, lundi soir sur France 2, la fille de Jean-Marie Le Pen avait jeté un pavé dans la mare, en citant des extraits de l'ouvrage de Frédéric Mitterrand, qu’elle avait relevés sur une feuille et qu’elle tenait prêts pour l’émission, comme François Bayrou avait répété son indignation jouée en direct lors de son débat face à Daniel Cohn-Bendit (Europe Ecologie), autre agitateur de braguettes juvéniles.

Le neveu de Tonton a répondu par le mépris à l'offensive lancée par le FN et aussitôt relayée par le porte-parole du PS, Benoît Hamon, autour d'un récit dans lequel l'homme de lettres confessait son penchant pour les amours tarifées avec de "jeunes garçons" durant ses voyages.
"Se faire traîner dans la boue par le Front national est un honneur", a-t-il lancé mercredi, laconique, à la sortie du Conseil des ministres, ravivant la fureur de sa vice-présidente, Marine Le Pen.

Trahissant une compassion feinte pour les victimes du tourisme sexuel, Marine Le Pen a abandonné le menu fretin pour fondre aussitôt sur sa cible principale. "Il n'a pas besoin de nous pour se traîner dans la boue tout seul. C'est maintenant Nicolas Sarkozy qui traîne la France dans la boue, en refusant d'exiger sa démission", a-t-elle déclaré, appelant la justice à ouvrir une enquête.

L'opération du FN a été froidement préparée depuis le soutien affiché par le ministre au cinéaste Roman Polanski (également soutenu par Jack Lang), dont il a jugé "absolument épouvantable" l'arrestation fin septembre pour une affaire d'abus sexuels sur mineure remontant à plus de trente ans.

Réactions de droite et de gauche

  • "Quand on a vu cette position scandaleuse, on a cherché ce qu'il avait écrit dans le passé. C'est comme ça qu'on est tombé sur son livre", reconnaît, feignant l'innocence, un fouille-merde du bureau politique du FN, dont la pétition contre Mitterrand aurait recueilli quelque 3.000 signatures.

    => Dans l’opposition, l'indignation n’a pas manqué de gagner les rangs du PS.
  • Martine Aubry a déclaré ne pas oser "imaginer" que Frédéric Mitterrand se soit livré à une "apologie du tourisme sexuel". Tournure aussi lâche qu’hypocrite par excellence, sachant que, malgré leur malaise, les lecteurs de bonne foi du livre n’en doute pas pour leur part. Tout en se défendant de toujours esquiver en déclarant n’avoir jamais lu les écrits qui font polémique, elle a toutefois encore précisé n'avoir "pas lu le livre"… Remplacer Hollande, qui complète sa formation dans la collection Les Nuls, par une Ch’tite Aubry qui n’a aucune lecture, n’est-ce pas confirmer qu’il faut être inculte pour faire son trou au PS ?

  • Le député Patrick Bloche a qualifié ces écrits d'"insupportables", tandis que Benoît Hamon s'est dit "choqué" par le comportement d'un "ministre consommateur". Que n'est-il producteur...
    Dans la soirée, le porte-parole du PS est revenu à la charge pour estimer, comme Marine Le Pen, avec laquelle il a décidemment beaucoup d’affinités, qu'il revenait au président Nicolas Sarkozy et au Premier ministre François Fillon d'apprécier si le ministre devait démissionner.

  • Lolo Joffrin, rédacteur en chef de Libération, réagissait néanmoins ce matin sur France Info pour déplorer cette exécution sommaire. Une condamnation expéditive à la chinoise qui sied parfaitement à Benoît Hamon, comme à Sa Cynique Majesté Royal. Il n’est toutefois pas allé jusqu’à réclamer le respect de la présomption d’innocence pour Mitterrand.

    => Dans l’entourage du gouvernement

  • "C'est bien dommage de pouvoir imaginer que des élus de gauche aillent rejoindre le Front national", a réagi M. Mitterrand, à l'issue d'une audition en commission à l'Assemblée nationale.

  • Un argument repris par le patron de l'UMP Xavier Bertrand, qui s'étonne de voir le PS se placer "sur le terrain" du FN. "Se servir de la vie privée des gens pour en faire des attaques politiques ou politiciennes, cela me rappelle les pires heures de l'histoire", a-t-il lancé.
  • "On fait surtout la guerre au nom Mitterrand et ce qu'il incarne dans l'ouverture à gauche. C'est bête et stupide", estime aussi un collaborateur de François Fillon.
  • Les avis sont néanmoins partagés à droite
    Certains -au moins une- s'inquiètent d'une résurgence du FN, à l'image de Christine Boutin, présidente des Chrétiens Démocrates, associés à l'UMP. "La nomination de Mitterrand a ébranlé la droite classique, mais ses postures et ses positions vont faire des ravages terribles dans l'électorat", a averti l'ancienne ministre.
  • Pour l'ex-porte-parole de l'UMP, Chantal Brunel, "tout le monde connaissait ce livre quand il a été nommé au gouvernement, les responsables politiques qui l'ont nommé le savaient". La députée résume un sentiment général dans les rangs de la majorité, en parlant d'un livre "terriblement glauque", mais constituant "un non-événement". Sauf pour ceux qui ne l'ont pas lu...
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