Des usagers de la route appellent à manifester trois samedis de suite contre la limitation à 80 km/h
L'association '40 millions d’automobilistes' et la Fédération française des motards en colère ont décidé "d'unir leurs forces"
A Agen, les motards étaient déjà 1.200, le samedi 20 janvier |
Mercredi 24 janvier, l'association 40 millions d’automobilistes et la Fédération française des motards en colère ont annoncé une série de manifestations durant les trois semaines à venir pour lutter contre l’abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires, une limitation réclamée par le Premier ministre Édouard Philippe. "Les usagers de la route sont appelés à manifester partout en France dans les prochains jours", annoncent-ils.
La première manifestation avait été un vrai succès samedi dernier dans les rues d’Agen. Selon les organisateurs, 350 motards et 200 automobilistes s’étaient mobilisés au total. De Paris à Lyon en passant par Amiens, Rennes ou Antibes, comme dans plus de 70 villes à l'appel de la FFMC, les usagers ont dénoncé la mesure autoritaire du pouvoir, avec le soutien de l'association de l'Union des usagers de la route (UUR) ou encore de l'association 40 millions d'automobilistes. Les motards en colère dénoncent une nouvelle réduction de la vitesse qui viserait aussi à "prolonger la rentabilité" des radars automatiques.
La FFMC fait des "propositions alternatives", demandant notamment un renforcement de la formation initiale et continue des conducteurs et une amélioration des infrastructures routières, prenant en particulier en compte la vulnérabilité des deux-roues motorisés.
"On ne fait de la sécurité routière que par la politique du bâton, alors qu'on peut faire d'autres choses, comme améliorer les glissières de sécurité ou l'éclairage sur les autoroutes", suggère ainsi le président des motards en colère parisiens. "Nos dirigeants nous prennent pour des ânes avec leurs mesures de sécurité tirelire (...). Ca suffit! Vive la moto, vive la liberté", a lancé Jean-Marc Belotti à l'adresse des manifestants.
Plusieurs manifestations sont déjà prévues, un peu partout en France.
Samedi 27 janvier, des opérations escargots devraient avoir lieu dans l'Aude.
En Corse, les manifestants défileront à pied.
A Toulouse, une manifestation est prévue pour lutter contre l'abaissement de limitation de vitesse sur les départementales, mais aussi contre la hausse du carburant et, entre autres, contre le nouveau contrôle technique. "Colère 31" est à l’initiative de ce rassemblement.
Les adhérents de la Fédération française des motards en colère invitent à un nouveau rassemblement dans les rues d’Agen. Le rendez-vous est donné à 14 heures, au Gravier, avant "un défilé surprise".
Samedi 3 février, une manifestation en voiture est prévue à Paris et des opérations escargots s'organisent dans plusieurs départements, dont l'Indre.
L’appel est aussi lancé par les membres de la Fédération française des motards en colère de Haute-Garonne (FFMC 31). Ils prévoient d’être des centaines de motards et les automobilistes sont aussi invités à protester.
Des barrages filtrants avec la distribution de tracts et d’autocollants seront mis en place. L’événement compte déjà près de 200 participants sur les réseaux sociaux. Point de départ, le parking Fondeyre à Toulouse, avant de rejoindre probablement la préfecture de Haute-Garonne.
Le samedi 10 février, c'est dans le Calvados qu'est prévue une manifestation à pied.
L'abaissement de la vitesse est une "mesure aberrante"
"40 millions d’automobilistes entend utiliser tous les leviers nécessaires pour faire en sorte que le gouvernement renonce à cette mesure aberrante, explique l'association. Il est inacceptable que des décisions aussi graves soient prises sans concertation et sans justification."
80km/h : la nouvelle menace pour les automobilistes
En décembre 2017, l'hebdomadaire socio-libéral Le Point - détenu par le milliardaire François Pinault, mais bénéficiaire de subventions de l'Etat français - annonça la généralisation du 80 km/h sur les routes bidirectionnelles françaises, mesure prise dans le cadre du Comité interministériel pour la Sécurité routière (CISR) mais combattue par l’association '40 millions d’automobilistes' qui estime qu'elle ne permettrait en aucun cas d’améliorer la sécurité routière. L’association a lancé la pétition en ligne www.nonalabaissedeslimitationsdevitesse.fr et appelle toutes les associations d’usagers et tous les automobilistes à se mobiliser.
A la question 'Faut-il réduire la limitation de vitesse sur le réseau routier ?' posée par Le Parisien en avril 2015, les Français avaient répondu 'non' à 74% ! rappelle Daniel Quéro, président de 40 millions d’automobilistes. Et les allusions régulières des média à cette problématique ne récoltent que les foudres des usagers.
Une expérimentation à la marge et des résultats gardés secrets.
Face à la très forte impopularité de la mesure, une expérimentation réduite s’est déroulée entre juillet 2015 et juillet 2017 sur 3 portions de routes (la N151 entre la Nièvre et l’Yonne, la N7 dans la Drôme et la N57 en Haute-Saône) d’une longueur totale de 81 km.
Le Gouvernement avait tout mis en œuvre pour que l’expérimentation soit des plus probantes : en plus de l’abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h, de lourds travaux de rénovation de la chaussée et l’installation de glissières de sécurité avaient complété le dispositif. Preuve que le pouvoir sait pertinemment ce qui est réellement de nature à combattre la mortalité routière.
Mais de quoi fausser la comparaison avec la situation initiale et faire triompher les lobbies anti-voiture qui poussent la mesure depuis des années. Le ministre de l’Intérieur de l’époque avait déclaré que "l’expérimentation sera[it] transparente, honnête et rigoureuse", ce qui rend d’autant plus suspect le secret qui entoure le bilan. Il est intolérable que les Français ne puissent pas avoir accès aux résultats de l’étude, sans quoi toute annonce gouvernementale est inacceptable. L’association 40 millions d’automobilistes demande que les résultats de l’expérimentation soient rendus publics, alors que certains experts demandent même une baisse à 70 km/h !
Associée à la multiplication du nombre de radars et à la privatisation des radars embarqués voulue par le Gouvernement et également en expérimentation en Normandie depuis septembre 2017, cette mesure provoquera une augmentation sans commune mesure du nombre de verbalisations pour excès de vitesse et une hausse sans précédent des amendes routières.
L’association 40 millions d’automobilistes appelle donc tous les usagers à s’unir contre la répression routière.
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