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lundi 16 octobre 2017

Macron ne s'estime pas "arrogant" le moins du monde

Le président confirme son auto-satisfaction dans son entretien sur TF1

Emmanuel Macron nie son "arrogance"
 
En réponse aux critiques se ses manières et propos depuis le début de son quinquennat, marqué d'abord par une prise de distance hautaine avec la presse qui l'a qualifié de 'Jupiter' et des propos qui ont alimentés un procès en mépris de classe, il a tenté de se faire comprendre des Français à l'occasion d'un  entretien avec un hebdomadaire allemand, der Spiegel, publié ce samedi. “Je ne suis pas arrogant; je suis déterminé", a répliqué le chef de l‘Etat, qui fait avec cette phrase la une de l‘hebdomadaire allemand. 

"Je mets fin au copinage entre les politiques et les media."
“Pour un président, être constamment en train de parler avec des journalistes, être constamment entouré de journalistes, n‘a rien à voir avec le fait d’être proche du peuple", s'est-il justifié. "Un président doit garder les media à distance".
Depuis son élection le 7 mai dernier, Emmanuel Macron avait opté pour une communication verrouillée : parole raréfiée par rapport aux précédents quinquennats, déclarations la plupart du temps sans questions, distance avec les journalistes et priorité à l‘image.
Pendant les cinq années de présidence de Hollande, d'abord comme conseiller de l'Elysée, puis comme ministre de l'Economie, Macron a vécu de l‘intérieur l‘effet ravageur des prises de parole intempestives et mensongères. Sous l'effet de sondages en chute libre dès les quatre premiers mois et manifestations de rues contre la mise en oeuvre au bulldozer d'une politique personnelle qui lui vaut l'étiquette d'"autocrate",  il a ensuite fait quelques pas vers ces media dont il se méfie tant, accordant une série d'entretiens, à la presse internationale comme à la presse française et, au bout de seulement cinq mois, il s'est même fait inviter sur TF1 pour une émission qui lui est dédiée, dimanche soir.

Après une rentrée sociale agitée, Emmanuel Macron a entamé cette semaine son deuxième chantier social, la réforme de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l‘assurance chômage, après avoir signé les ordonnances Macron qui a imposé son Code du travail fin septembre. 

Or, le chef de l'Etat a récidivé, s'exposant à une recrudescence de critiques de l‘opposition suite à une nouvelle provocation.
Ce chef de l'Etat s'est livré à des stigmatisations de classe. 
Ainsi, depuis le Morbihan, 1er juin 2017, l'ex-banquier a-t-il mentionné les Kwassa-Kwassas de Mayotte, ces barques de pêche que les passeurs utilisent pour emmener des immigrants comoriens à Mayotte, taclant  les pêcheurs dont "le Kwassa-Kwassas pêche peu: il amène du Comorien"; 
ou le 29 juin 2017, alors qu’il inaugurait Station F, le plus grand incubateur de start-ups du monde, dans l'entre-soi de jeunes entrepreneurs, discriminant les Français d'une gare typique comme "un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien";
le 17 septembre 2014stigmatisant  les salariées "illettrées" des abattoirs GAD (Finistère), depuis Paris, au micro de Jean-Pierre Elkabbach.

Ce chef de l'Etat parle peu, mais pour agresser les opposants politiques. 
Dans un discours à Athènes, il s'était attaqué aux "fainéants, les cyniques et les extrêmes qui empêchent la France de bouger", le vendredi 8 septembre, à la veille de la grande manifestation contre sa loi travail. Il avait ainsi tenté de se justifier, mais n'avait réussi qu'à réactiver le malaise provoqué par des propos prononcés à Bucarest, en Roumanie, le 24 août, où il avait jugé, sûr de lui, que : "la France n’est pas réformable. Les Français détestent les réformes. La France ne se réforme pas, parce qu’on résiste, on se cabre, on contourne";
il a encore récidivé le 4 octobredans un aparté avec le président de la région Nouvelle Aquitaine à Egletons en Corrèzepointant "ceux qui foutent le bordel", évoquant cette fois les syndicats, sans les nommer.

Emmanuel Macron n'a eu de cesse qu'il ne blesse ses concitoyens, cinq fois en cinq mois, souvent depuis l'étranger. Le trentenaire est ainsi apparu en "président souverain" imbu de sa petite personne toute-puissante, intransigeante avec toutes les sections de la population, et rigide.

Mais le parvenu nie en bloc ses agressions. 
"Certains voudraient juste me coller une étiquette, s'est-il plaint auprès des Allemands. Comme des entomologistes le feraient avec un papillon séché, et puis dire : 'regardez, c‘est le banquier qui n‘aime pas les gens' ", explique l'incompris dans les colonnes du Spiegel.
"Si c’était le cas, je ne serais pas là. Je ne suis pas arrogant à l’égard des Français, je suis déterminé", insiste-t-il. "Pendant la campagne présidentielle, j‘ai voyagé dans tout le pays. J'aime mon pays et les Français. J'adore leur parler et les convaincre (...), mais je ne dois pas succomber à la démagogie et aux mensonges." Tant d'amour qui ne trouve pas preneur...

"Je ne fais pas cela pour aider les riches," s'est-il par ailleurs défendu

Emmanuel Macron, le 8 septembre, lors de son discours en Grèce.Dans le sillage de la présentation du projet de budget pour 2018, le couple exécutif a également tenté d'endiguer les critiques montant contre le "président des riches".
Baisse de l‘aide publique au logement (APL), réduction des emplois aidés, suppression de l‘impôt sur la fortune (ISF): une majorité de Français regrette amèrement d'avoir contribué - par son vote ou son abstention- à l'élection de ce jeune président odieux de 39 ans.

"Distribuer de l'argent public, c‘est ce que certains attendent, notamment l‘extrême gauche", dénonce Emmanuel Macron.
"Ils pensent que vous aidez les gens en leur donnant de l‘argent", raille-t-il. "Mais, c‘est une erreur, explique-t-il, seul contre tous, parce que ce n‘est pas moi qui distribue l‘argent, mais les futures générations. Donc, c‘est mon devoir de dire : quelque chose doit changer."

Concernant la suppression de l‘ISF, "contrairement à ce que certains prétendent, je ne fais pas cela pour aider les riches", assure l'ancien ministre de l'Economie de Hollande. "Mon prédécesseur a taxé les riches à un taux jamais égalé. Et qu‘est ce qu‘il s‘est passé ? Ils sont partis. Est-ce que le chômage a baissé ? Non". CQFD ?

Sur TF1, l'arroseur-arrosé a cherché à colmater les brèches qu'il a ouvertes

La parole présidentielle s’est étalée sur 8 pages dans un hebdomadaire allemand, alors qu'elle se voulait rare dans les media français. 
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L'entretien avec der Spiegel a paru la veille de celui sur TF1 et LCI dimanche soir, une primauté  ressentie par tous, au mieux comme une maladresse, au pire comme un énième geste de mépris à l'encontre la presse hexagonale, notamment de gauche. 
Le choix de s’adresser d’abord aux Allemands n'apparaît pas en soi anodin à celui qui veut positiver la démarche élyséenne. Alors que la Chancelière, Angela Merkel, a dernièrement entamé une sorte de virage stratégique à gauche dans la nécessité d'une coalition gouvernementale avec les Verts et les centristes du FDP, Emmanuel Macron serait plus sensible au vent de critiques venu d’outre-Rhin et à l'apparition d’éventuels obstacles aux projets qu’il voudrait communs à la France et à l’Allemagne. Ne compte-t-il pas sur les retombées françaises de la reprise économique allemande ? Reste que, pour l'heure, cette première à la télévision depuis son élection embrouille toujours plus les relations intérieures du président de la République.

Macron a revêtu les habits du "héros politique"
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"Je ne me prends pas pour un roi. Mais la fonction de Président n'est pas une fonction normale. On doit l'intégrer quand on l'occupe. Pour moi, la fonction n'est d'abord ni politique ni technique, elle est symbolique. (…) Pour cela nous avons besoin d'une forme d'héroïsme politique. Ce qui ne veut pas dire que je veux jouer les héros. Mais nous devons être prêts à nouveau à écrire l'Histoire," a déclaré le président "hors norme" au Spiegel et aux "envieux". Dimanche soir, pour ses propos ennuyeux, flous et embrouillés, le président était un piètre héros de BD.
Après avoir supprimé la traditionnelle rencontre du 14 juillet avec la presse et les Français, à l'issue du défilé militaire où il a descendu les Champs Elysées à bord d'un 'command car' (ce James Bond devait ensuite se faire hélitreuiller d'un hélicoptère sur le sous-marin 'Le Terrible' ! : un fantasme de la sexagénaire en mal de stimuli) et après avoir multiplié les chantiers et propos clivants, se tenant au-dessus des bisbilles subalternes du microcosme, tout en suscitant lui-même des polémiques en rafale, la soirée du président je-sais-tout s'annonçait chargée à la télévision, avec quatre bombes à désamorcer. Sur RTL le porte-parole du gouvernement, l'ineffable Christophe Castaner a pontifié pour noter qu'il est enfin temps de faire un peu de "pédagogie nécessaire" sur les réformes en cours, tant les Français sont obtus.  

Bombe #1 : le président des riches
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C'est le sparadrap qui collera à la peau d'Emmanuel Macron en capitaine Haddock de kwassa-kwassa dans les aventures de "Tintin aux Comores". La confirmation de son intention de réformer l'ISF de manière à le rendre moins lourd pour les "pluzézés" (les plus aisés) a agité la gauche disqualifiée par la présidentielle et les législatives, notamment La France insoumise. 
Il s'agit certes d'une promesse de campagne présidentielle d'En Marche!, mais le timing de Jupiter a fait gronder la vallée : le surdoué de l'Elysée a trouvé malin d'enchaîner avec l'annonce de la baisse de l'APL, allocation logement essentielle aux petits revenus, singulièrement les jeunes. L'exécutif a bien tenté de rattraper le coup par de la pédagogie mais, les professeurs le savent, même peut-être la première retraitée de France, les jeunes sont réfractaires aux pédagos, et le grand mou de Matignon, Edouard Philippe, est resté sec et a échoué à capter  l'attention des grands ados, rares devant leurs écrans pour 'L'Emission politique' de France 2.
Pour contrebalancer, Emmanuel Macron s'est lancé dans de grandes considérations soporifiques sur sa réforme à venir de l'assurance-chômage, censée apporter de nouveaux droits et de nouvelles protections aux salariés.
 
Bombe #2 : répondre aux "fainéants"

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Depuis son élection, Emmanuel Macron boudait les media français et s'adressait à leurs confrères étrangers, une manière de leur manifester son souverain mépris ou de faire croire aux Français qu'il n'était pas redevable à la presse de son accès au logement à l'Elysée, pour cinq ans et cinq euros de moins par mois ? Au fond, son intervention majeure restait un entretien-fleuve exclusif accordé à ses amis du magazine Le Point en septembre, un retour d'ascenseur dans lequel le chef de l'État déclarait vouloir renouer avec "l'héroïsme politique". Pour le reste, des étrangers comme CNN ou, plus récemment, Der Spiegel ont été jugés mieux aptes à recueillir l'expression de sa "pensée complexe". 

Des media pusillanimes sont toutefois restés du côté du manche, relayant certaines paroles accessibles à leur entendement, prononcées soit par le président soit par son entourage, et qui ont pareillement choqué l'opinion publique. Un déferlement d'insultes contre "les fainéants, les cyniques et les extrêmes" de la CGT et de La France insoumise. A CNN, le 20 septembre, comme on sait, le 'héros politique' a déclaré : "la démocratie, c'est pas la rue" et les salariés de l'équipementier automobile creusois GM&S en ont pris plein la tronche : "Y'en a certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils peuvent pas avoir des postes là-bas, parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire, hein. Et c'est pas loin de chez eux", s'est-il emporté, alors qu'une caméra du "pool" de journalistes était encore dans les parages. 

Bombe #3 : Mélenchon, l'opposant qui arrange ?

Résultat de recherche d'images pour "Macron melenchon"Soi-disant mal-aimés de l'un comme de l'autre mal-embouchés, les media trouvent leur compte au contexte d'apparente lutte des classes entretenus par le théâtreux Emmanuel Macron et le tribun Jean-Luc Mélenchon, auto-proclamé "premier opposant" à l'exécutif, comme le suggèrent les deux entretiens des compères l'un, dans Marianne, quelques jours après celui de l'autre, dans Le Point.
Très spectaculaire à l'Assemblée nationale, le groupe des 17 députés de La France Insoumise (LFI) ne cesse de ferrailler contre La République en marche (LREM).

Bombe #4 : une popularité en berne

Résultat de recherche d'images pour "macron impopulaire"Malgré une majorité de godillots néophytes et malléables à l'Assemblée transformée en machine à voter son programme, l'autocrate a perdu la confiance du peuple.  Une enquête Kantar Sofres-OnePoint parue le 5 octobre dans Le Figaro Magazine, confirme que le président est avant tout soutenu par les catégories aisées. Il est en baisse continue chez les plus modestes, qu'il s'agisse des employés ou des ouvriers, les "illettrés" et les "fainéants", ces "gens qui ne sont rien", mais "foutent le bordel"... 
D'après l'institut de sondage Ifop, Macron est passé de 68% à 44% d'approbation, au mois d'octobre. Il s'agit d'une chute libre historique. S'il avait pour objectif de restaurer la dimension régalienne de la fonction présidentielle, malmenée, selon lui, par le "président normal" qui lui a pourtant servi de marche-pied, Emmanuel Macron a renvoyé une image décalée qui, adossée à une politique jugée trop libérale, menace de le couper d'une part encore plus large des Français. 
Christophe Castaner l'a dit lui-même samedi: "Nous sommes sur une étape charnière [...]  "en même temps, Emmanuel Macron ne s'est jamais rien interdit dans sa communication. Il a juste évité une présidence bavarde, il a voulu une présidence d'action". "Il y a des moments où il doit aussi échanger avec les Français dans des formes plus traditionnelles [vulgarités comprises ?], et celle d'un 20 heures lui a paru la bonne", a argumenté Christophe Castaner.
A-t-il su éviter de les agresser ?

Sur TF1, il restait du Tartufe chez Macron

Avec sa prof de français il était allé la veille voir Tartufe donné au théâtre...
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Macron, l'épouvantail
Interrogé sur son insulte à "ceux qui foutent le bordel", visant les syndicats, le président a juré par tous les saints -et le pape François vient d'en faire 35 de plus, en une fois- qu’il n’a "pas cherché à humilier". Il n'y a même pas pensé au fond de lui-même ? Il a donc assumé cette phrase, sans la renier, et revendiqué l’usage par un président d’un mot du registre "populaire", par opposition aux " élites (…) habituées à ne plus dire les choses, à avoir un discours en quelque sorte aseptisé". Macron n'est pas le président des riches, puisqu'il parle mal...

"Il a répondu sur son vocabulaire, une manière de montrer qu’il est proche des Français car il parle comme eux"
, observe le politologue Bruno Cautrès, le chercheur au CNRS et au CEVIPOF. 
Tous les Français sont vulgaires ! C'est l'idée que se fait d'eux leur héros jupitérien.

2 commentaires:

  1. Super article documenté, démonstration bien menée. Du bon boulot !

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    1. C'est tout à fait vrai, mais les gros yeux louches de Macron en tête d'article peuvent repousser....

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