Les grévistes nient et jurent de leur bonne foi
La collecte des ordures à Marseille est "régulièrement perturbée par l'intervention de grévistes et d'individus extérieurs à l'entreprise"
Les Marseillais, pris en otage de la guerre syndicale des ordures.
Acteur international majeur sur le plan des services aux entreprises et à l'environnement (propreté et recyclage, énergie, aéronautique, intérim et recrutement), la société Derichebourg, dont le banquier socialiste Matthieu Pigasse - Groupe Le Monde et du Huffington Post - est l'un des administrateurs, et dont 200 salariés sont en grève depuis 12 jours, met les autonomes en cause, dimanche.
Derichebourg dénonce des gens "violents, menaçants, entravant les voies de circulation à l'aide de véhicules et scooters".
Le groupe pointe du doigt "des représentants de sociétés concurrentes".
"Depuis jeudi matin, ils empêchent la reprise du travail des salariés qui le souhaitent, usant de pressions et menaces, alors même que des avancées significatives dans les négociations avaient été réalisées par toutes les parties prenantes", explique-t-il.
Le préfet assure-t-il la sécurité sanitaire de la population ? |
Kamel Djeffel, secrétaire national de la Confédération autonome du travail (CAT, dont le logo est un soleil jaune), porte-parole des grévistes, récuse ces accusations. "C'est regrettable. On va dire qu'il s'agit d'une maladresse de communication", a-t-il déclaré.
La CAT est une petite organisation syndicale qui, en 1947, refusa de rejoindre la CGT-FO, très pesamment implantée à Marseille.
Après 12 jours de grève des éboueurs de la société Derichebourg
Le MUCEM, au premier plan, à gauche, et le fort St Jean, à droite, avec la Major, cathédrale de Marseille, à l'arrière plan |
Les poubelles débordaient toujours dimanche matin dans trois arrondissements de Marseille, situés à l'extrémité ouest de l'arc portuaire,
le 2e (Arenc, quartier industriel qui se transforme en grand pôle tertiaire, avec son centre commercial, Les Terrasses du Port; Les Grands Carmes, dont la Rue de la République devenue artère commerçante; l'Hôtel de Ville et la Joliette, au coeur du centre d'affaires appelé Euroméditerranée et point d'arrivée des croisiéristes),
le 15e (qui se classe au 13e rang parmi les 16 arrondissements de Marseille en terme de revenu fiscal médian par ménage) et le 16e (au 9e rang sur les 16).
"Samedi soir à 22H00, nous avons pris l'engagement de ne pas bloquer les intérimaires qui font le travail des grévistes", a indiqué le représentant de la CAT.
Mardi pourtant, la tension était retombée autour du ramassage des poubelles dans la cité phocéenne
Jeudi, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (LR) avait déploré que "près de 2.800 tonnes d'ordures restaient encore à collecter".
Président de la métropole Aix-Marseille-Provence chargée des déchets, J.-C. Gaudin avait demandé à Derichebourg "de mettre tous les moyens en œuvre pour remplir ses obligations contractuelles, y compris, si nécessaire, en recourant à des agents intérimaires".
"Les Marseillais attendent un retour rapide à un service normal et ne doivent pas subir plus longtemps une situation d'insalubrité qui n'a que trop duré", concluait le maire.
Les grévistes avaient accepté de débloquer des centres de transfert, permettant aux éboueurs non grévistes et d'autres arrondissements d'y vider leurs bennes.
Puisque "le conflit a pris une telle ampleur, les négociations ne se feront pas sans la présence de la Direccte" (direction régionale du travail), réplique Kamel Djeffel du côté des grévistes de la CAT. Il assure que les salariés "font preuve de bonne foi en laissant les intérimaires ramasser les ordures alors que c'est illégal, c'est un délit d'entrave à la grève".
Le délit sanitaire est-il supérieur ?
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