L’Assemblée conserve son drapeau européen, en dépit du trotskiste
N'en déplaise à Mélenchon, les drapeaux tricolore et européen resteront côte à côte à l'Assemblée nationale
Les drapeaux de la France et de l’Union européenne resteront tous deux dans l’hémicycle malgré l’opposition de Jean-Luc Mélenchon. La commission des Lois de l’Assemblée a rejeté mercredi un amendement des élus du groupe La France insoumise (LFI) qui n’a recueilli que deux voix, celles des commissaires du groupe des Insoumis, opposés à sa présence, depuis 2007, derrière le fauteuil du président de l’Assemblée nationale.
Même le Front national tolère cette disposition.
L'amendement de l'extrême gauche disposait que "seuls peuvent être présents dans l’hémicycle le drapeau tricolore […] et le drapeau de l’Organisation des Nations unies".
Le député FN Louis Aliot a donné 'raison' mercredi matin aux Insoumis. "Nous sommes dans l'Assemblée nationale française; c'est normal qu'il n'y ait que le drapeau français", a-t-il déclaré sur LCI. Mais s'il s'est montré ouvert à l'idée de soutenir l'amendement, les élus FN n'étaient pas présents en commission.
L'extrême gauche mélenchonniste fait en fait peu de remous
Le groupe LFI a "un problème avec cette symbolique du drapeau européen," a expliqué l'un des dix-sept députés, Ugo Bernalicis, 28 ans, membre de la commission et ancien attaché d'administration au ministère de ...l'Intérieur, en passant par une dizaine d’années dans les mouvements lycéens et à l’UNEF.
Ugo Bernalicis est né dans une famille communiste militante (16 personnes portent ce nom en France). Après avoir combattu la loi Fillon sur l’éducation dès 2005 à Calais, puis en 2006, le CPE du gouvernement Villepin, Bernalicis a milité jusqu'en 2008 au PS, mais a rejoint le Parti de gauche dont il fut candidat aux législatives dès 2012 (8,87 % des voix). Attaché d’administration à l’Intérieur, le jeune député s’est particulièrement intéressé à LFI aux questions de sécurité. "J’étais en charge de cette thématique sur le programme. J’ai d’ailleurs eu de super retours de policiers", indique-t-il. "Eh oui, il faut aussi compter sur la police insoumise !"
Le 5 octobre sur RTL, ce député LFI du Pas-de-Calais a confirmé qu'Emmanuel Macron est un "cynique", ajoutant que son ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, est un "bourrin".
Bernalicis a rappelé que ses camarades sont opposés à l’Union européenne "telle qu’elle fonctionne aujourd’hui".
Ce "sujet éminemment politique" n'a pas à être tranché dans ce cadre, a fait observé la présidente LREM de la commission. Sous des applaudissements nourris, l'avocate (et Restos du Coeur) et députée des Yvelines Yaël Braun-Pivet (ci-contre, à gauche) a réaffirmé que le drapeau a "toute sa légitimité dans notre Assemblée".
"On ne peut pas passer un amendement comme ça pour faire peut-être un petit peu de buzz, ce sont des choses graves", a insisté l'ancien député MoDem (2007) du Finistère Erwan Balanant (LREM, 2017).
"Vous êtes violemment anti-européens et, ça y est, ça se voit. Ca fait plaisir parce qu'au moins vous rejoignez le Front national", a aussi polémiqué Philippe Latombe (42 ans,
cadre du Crédit agricole à La Roche-sur-Yon, ex-MoDem et actuel député LREM de Vendée, ci-dessus à gauche).
Danièle Obono (ci-contre à droite à la gauche de Mélenchon au centre et du communiste Ian Brossat à gauche) a répliqué en dénonçant une position "caricaturale" des contradicteurs de LFI.
Des antécédents "souverainistes" de gauche comme de droite
Plusieurs députés comme Nicolas Dupont-Aignan ou Marine Le Pen ont déjà fait part de leur opposition à la présence du drapeau de l’UE dans l’hémicycle de l’Assemblée. Durant la campagne présidentielle sur TF1, Marine Le Pen avait exigé le retrait du drapeau de l'UE : ce n'est pas une 'grenouille de bénitier' ?
Le 20 juin dernier, au lendemain de son élection, Jean-Luc Mélenchon, un ex-eurodéputé en guide de ses camarades dans l’hémicycle, avait été saisi d'un nouvel accès d'indignation, dénonçant la présence du drapeau à douze étoiles sur fond bleu. "Franchement, on est obligé de supporter ça ?" avait tout-à-coup lancé le bourrin, après avoir touché ses indemnités d'euro-député pendant près de huit ans, à l'ombre du drapeau incriminé.
"C’est la République française ici, pas la Vierge Marie. Je ne comprends pas", avait insisté le sectaire. Le leader des 'Insoumis' faisait ainsi référence au créateur du drapeau européen, Arsène Hertz, que les athées et autres libres-penseurs accusent de s'être inspiré des représentations de la Vierge Marie dont la tête est souvent recouverte d’une couronne étoilée dans un ciel d’azur.
Décidément @JLMelenchon n'a rien perdu de ses cours de catéchisme ! https://t.co/KoiOg5MjpX— Louis-Marie Picard🔹 (@picardlm) 20 juin 2017
Cette contestation, revenue sur le devant de la scène, date de 2007. Jean-Pierre Jouyet, alors secrétaire d’État aux Affaires européennes, fait installer le drapeau bleu étoilé sur les toits du Quai d’Orsay. Une mesure symbolique à quelques mois de la présidence française du Conseil de l’Union européenne en juillet 2008. Le drapeau n’a plus bougé depuis au Quai.
Bernard Accoyer, président UMP de l’Assemblée nationale, invite son institution à faire de même à côté du drapeau de la France. Mais sa proposition est rejetée par le bureau, notamment par deux députés socialistes et un autre de l’UMP. La présence du drapeau tricolore ne datait pourtant que de janvier 2007, lorsque Jean-Louis Debré l’imposa à quelques mois de la fin de la présidence de Jacques Chirac.
Finalement, c’est durant la présidence Hollande que le drapeau bleu étoilé s’est invité à l’intérieur du Sénat et de l’Assemblée nationale. A l’extérieur de la chambre des députés, il y a aussi un drapeau européen au milieu de quatre drapeaux français. Sa présence sur les photos officielles du président de la République date de Nicolas Sarkozy en 2007.
Le drapeau rouge des communistes -qu'ils renient ou non leur aspiration à la révolution- (ou d'ailleurs noir des anarchistes) a-t-il sa place dans les rues d'une République démocratique ?
Pour mémoire et à l'attention du pseudo-historien Mélenchon, en 2015,
plusieurs maires communistes de Seine-Saint-Denis firent flotter le drapeau palestinien aux frontons de leur mairie, une action symbolique et partisane à l’heure où une troisième Intifada éclatait dans les territoires occupés : ainsi, à Tremblay-en-France, à Aubervilliers, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), à Stains ou à St-Denis (Didier Paillard, en présence de l’ambassadeur et chef de la mission de Palestine en France).
Pendant près d'un an à Vaulx-en-Velins |
Du 30 juin 2010, à juillet 2011, le drapeau palestinien flotta "fièrement" (sic) sur le fronton de l’hôtel de ville de Vaulx-en-Velin, aux côtés des drapeaux français, européen et de la ville. "C’est un acte de soutien à toutes celles et ceux qui veulent relancer le processus de paix, en Palestine comme en Israël", expliqua le maire, Bernard Genin (Front de Gauche), qui fit le déplacement dans la ville palestinienne de Beit Sahour, jumelée à Vaulx-en-Velin.
"Le principe de neutralité des services publics s’oppose à l’affichage de signes politiques, religieux ou philosophiques", avait proclamé la Préfecture, en se fondant sur la jurisprudence concernant la commune de Sainte-Anne, en Martinique, qui avait hissé un drapeau indépendantiste. En juin 2011, près de 200 défenseurs de la cause palestinienne avaient fait pression en faveur de Bernard Genin sur les trois juges du tribunal administratif.
Le 6 juillet 2011, le tribunal ordonna le retrait, mais le 8 juillet au soir, une bâche aux couleurs de l'Arménie, du Nicaragua et de la Palestine fut hissée sur la façade de la mairie de Vaulx, en signe de solidarité...
Le 26 mars 2006, Saint-Denis fut de surcroît une des premières villes de France à organiser un référendum citoyen sur le droit de vote des résidents étrangers. Le scrutin, organisé par Didier Paillard et soutenu par des personnalités comme François Hollande (PS), Marie-George Buffet (PCF), Dominique Voynet (Verts), Olivier Besancenot (LCR), Arlette Laguiller (LO), Danielle Mitterrand (PS) et Mouloud Aounit (MRAP), a été jugé illégal par le tribunal administratif de Cergy.
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