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jeudi 26 octobre 2017

Guyane: Macron déclenche des affrontements à Cayenne lors de son déplacement

Le chef de l'Etat est meilleur à l'étranger où ils ne vivent pas notre vie

La visite d'Emmanuel Macron en Guyane a brillé par des affrontements 

A peine Macron arrivé, les troubles ont éclaté.
Des manifestants se sont heurtés aux forces de l'ordre dans la nuit de jeudi à vendredi.
Des manifestants se sont heurtés aux forces de l'ordre dans la nuit de jeudi à vendrediOr, pour cette visite, Macron est notamment accompagné du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de plusieurs ministres. Vendredi, il est attendu au centre spatial de Kourou, vitrine de l'économie guyanaise, symbole d'inégalités sociales alors que d'autres communes n'ont ni électricité ni eau courante.

Mais à son retour à Cayenne en fin de journée, le chef de l'état a trouvé un rassemblement devant la préfecture de Guyane à l'initiative notamment du collectif Pou Lagwiyann dékolé (Pour que la Guyane décolle)


Pendant plusieurs heures, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes destinés à disperser la foule.
En réponse, des jeunes souvent cagoulés ont lancé des cocktails Molotov et des projectiles, notamment aux abords du commissariat, près de la célèbre place des Palmistes. Le feu a été mis à des poubelles.

Le chef de l'Etat était arrivé jeudi à la mi-journée (heure locale) dans un climat tendu, six mois après un mouvement social qui a paralysé ce territoire français en Amérique du Sud.
A son arrivée, le président s'est rendu à Maripasoula (sud-ouest, à la frontière fluviale du Surinam), la plus vaste commune de France, soumise à une très forte pression migratoire. Il a averti qu'il n'est pas venu en "Père Noël", ni pour "faire des promesses". Il s'agit du premier voyage outre-mer du chef de l'Etat depuis son élection, hormis son déplacement  aux Antilles à la mi-septembre après l'ouragan Irma. 
"L'Etat a fait trop de promesses qui n'ont pas été tenues. Donc je suis là pour dire les choses en vérité telles que je les vois [un prisme déformant], prendre des engagements que je saurai tenir durant mon quinquennat, et aussi assurer les éléments d'autorité indispensables sur ce territoire", a déclaré E. Macron, très entouré pendant tout son déplacement par de nombreux ...enfants qui avaient été amenés pour lui demander des selfies par dizaines sous les caméras.


Selon l'Elysée, E. Macron est venu dire qu'il respectera l'accord de Guyane du 21 avril, par lequel l'ancien gouvernement a acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et "pris acte" d'une demande de 2,1 milliards d'euros de mesures supplémentaires.
Un mouvement social se développa en 2017 en Guyane à partir du 20 mars 2017 à Kourou et se généralisa sur tout le territoire guyanais dans les jours suivants. Son origine est liée à l'insécurité et au manque d'infrastructures dont sont victimes les habitants de ce département français d'outre-mer. Il a provoqué le report de tir d'un lanceur Ariane, ainsi que du retard dans l'arrivée de plusieurs satellites au Centre spatial de Guyane.
La situation se débloqua avec l'
accord de Guyane, signé le 21 avril et par lequel le gouvernement Cazeneuve finit par débloquer plus d'un milliard d'euros pour financer des projets visant notamment à améliorer les soins, la sécurité, l'économie et le fonctionnement de la justice dans le département. 
La réalité derrière les apparences 

Face à une population en demande du désenclavement de leur commune et par une très forte chaleur, le président s'est efforcé de répondre à toutes les questions annoncées sur l'orpaillage, la demande d'un futur lycée, d'un hôpital ou encore d'une route jusqu'à Cayenne.



Mais la colère de la population a brouillé le discours présidentiel. 
L'après-midi, à l'appel du collectif Pou Lagwiyann Dékolé, une marche avait ainsi rassemblé dans le calme plus d'un millier de personnes. Les manifestants demandaient le respect des accords signés avec l'ancien gouvernement de Hollande à l'issue du mouvement social de mars-avril. 

Pour réclamer un rendez-vous avec le chef de l'Etat, les manifestants se sont ensuite rassemblés devant la préfecture, ils ont fait tomber une première rangée de barrières de sécurité pour se rapprocher du bâtiment.
L'Elysée leur a proposé pour vendredi matin un rendez-vous que les manifestants ont refusé, réclamant de voir le président Macron dans la soirée. 

Les rapports se sont alors durcis. 
"Ils ont créé eux-mêmes le désordre public, c'est ça la réponse de l'Etat", a commenté un manifestant enseignant depuis 19 ans en Guyane. "Maintenant on sait à qui on a à faire", a déclaré Davy Rimane, membre du collectif. Macron "n'a aucun respect pour nous". 

Les Grands frères (émanation du mouvement des 500 frères, très actif lors du mouvement) ont demandé jeudi aux commerçants de Cayenne et aux administrations de fermer leurs portes pour une opération ville morte durant la visite présidentielle. Une nouvelle manifestation est prévue vendredi matin. 

A 7.000 km de Paris, le territoire de 83.000 km2, pour environ 254.000 habitants, cumule difficultés et retards : immigration clandestine massive, insécurité croissante, communes enclavées, services de santé défaillants, système scolaire inadapté, taux de chômage très élevé (23%).



Cinq personnes - en tout et pour tout - ont été interpellées, a indiqué dans la nuit le procureur Eric Vaillant. 
Un gendarme mobile et un policier ont été légèrement blessés, selon un premier bilan.

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