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samedi 1 mars 2008

Professeure poignardée: les risques du métier?

La "dimension suicidaire" de l'agresseur, et de la victime?
L'élève zaïrois de BEP-vente -à 20 ans, cossard et violent - n'avait vu son professeur, sa victime, qu'à trois ou quatre reprises avant son geste, commis devant "30 témoins".
C'était le 19 décembre 2005 à Etampes dans l'Essonne. « Madame, c'est vous qui avez reçu ma mère hier ? », apostrophe-t-il son professeur. « Oui », répond Karen Montet-Toutain. « Pourquoi vous lui avez dit que j'enlevais jamais mon bonnet ? »

La veille des faits, l'enseignante avait convoqué la mère du jeune homme, aujourd'hui âgé de 20 ans, pour évoquer des problèmes de discipline et une exclusion temporaire de l'établissement la semaine précédente. Pour peu, elle serait coupable…
Le portrait à charge de la mère ne trompera personne: décrite comme autoritaire et envahissante, elle avait menacé son fils de le renvoyer du domicile familial. Il est vrai qu'il est majeur et que l'obligation scolaire était dépassée de … quatre années.

Me Damien Brossier, le défenseur (?) est gratiné !
Déjà dans l'affaire du bus incendié à Grigny, le mineur de 13 ans, poursuivi pour l'incendie du bus, dans l'Essonne, le 22 octobre 2006, avait selon lui un profil de "premier de la classe". Le mineur, parmi les nombreuses versions qu'il avait livrées, avait avoué sa participation aux faits, avant de se rétracter. Mais ses déclarations ne correspondaient absolument pas à la scène décrite par la trentaine de témoins. Mais, pour Me Damien Brossier, ses variations donnaient "davantage d'arguments à la défense qu'à l'accusation". "De ses propres aveux se dégage son innocence", avait-t-il assuré, pince sans rire!
Deux ans plus tard, il a encore 'frappé': manque de conviction et donc d'imagination, mais toujours autant de bêtise. Selon lui, "la gravité" de ces faits est à la hauteur des "souffrances" de Kévani Wansale, qui a connu une enfance chaotique. La mère courage, mais néanmoins indigne, pour la bonne cause, a un "rôle terrible" dans cette affaire. "Et le pire, c'est qu'elle le sait", accuse-t-il. En voilà une qui n'est pas présumée innocente…
La veille même de la convocation, Kévani avait froidement choisi un couteau de cuisine muni d'une lame de 20 centimètres, pas moins, avec lequel, le lendemain matin, il avait poignardé non pas sa mère, mais son enseignante d'arts appliqués. Logique !

Attendrissant, lucide et discipliné, l'accusé avait récité sa leçon: "Je vous demande pardon. Je sais que je vous ai fait beaucoup de mal. Je regrette tous les jours, ça ne me quitte pas", avant que la cour ne se retire pour délibérer.
Son avocat, professeur d'art dramatique et psychologue à ses heures, n'a pas craint d'affirmer qu' "il y a une dimension suicidaire dans tout ça". Pour Me Brossier, le suicide se pratique désormais sur d'autres, des innocents, de préférence. Il a inventé le suicide administré à autrui: c'est moins dangereux pour soi!
En revanche, pour l'avocate général Karine Vermès, la "volonté de tuer" apparaît comme une "évidence", de même que la préméditation. Elle a rappelé les déclarations de Kévani Wansale rapportées par des camarades de classe, selon lesquelles il projetait de "faire un truc de ouf", et de "schlapper" (planter) son professeur principal. Un élève, Sofiane, a courageusement tenté de s'interposer, puis un autre enseignant.
La représentante du ministère public a décrit un "geste résolu", peut-on dire froid et prémédité, argumentant qu'"à aucun moment" il n'avait exhibé son couteau avant de porter les coups sur Mme Montet-Toutain !
"Il la plante dans le ventre, avec son couteau. Il s'acharne, elle se protège, il continue", a déclaré Mme Vermès.
L'accusation a retenu sept coups de couteau, un chiffre contesté par la défense au regard d'expertises aboutissant à des conclusions différentes. Moins de sept, ce n'est plus de l'acharnement…
Le ministère public avait requis une peine de 15 ans. A l'énoncé du verdict, dans un grand silence, l'accusé comme la victime n'ont pas réagi. A la sortie de la salle d'audience, Mme Montet-Toutain, en pleurs, a résumé cette histoire à un "véritable gâchis pour les deux parties".
Me Damien Brossier, l'avocat de l'accusé, n'a pas indiqué s'il ferait appel. Il avait plaidé la requalification des faits: "c'est la volonté que vous allez devoir juger", a-t-il insisté. "Il ne serait pas injuste dans cette affaire aberrante, surprenante, de rendre une décision qui soit, par la qualité de sa compréhension, surprenante", avait-il lancé à l'adresse des jurés. Il est vraiment surprenant, ce cher maître ! Il a insisté sur le fait que son client trouve "normal d'être sanctionné pour les souffrances qu'il a provoquées".

Selon Mme Vermès, si la professeure est "miraculeu- sement vivante", "sa vie est devenue un enfer", "sa vie semble avoir été détruite".
L'enseignement n'est pas une profession à risques?
Depuis son calvaire, l'ex-enseignante a rejoint, en mi-temps thérapeutique, l'équipe du centre culturel de Chamarande (Essonne), près de chez elle. « Elle n'enseigne pas, mais elle participe au projet pédagogique », précise l'une de ses collègues. Au rectorat de Versailles, elle n'a pas laissé un souvenir impérissable. Les multiples entretiens préalables à son retour au travail se passaient mal. Mais Karen Montet-Toutain, qui met en avant ses racines corses se veut rebelle. Dans ses écrits, elle épouse vaguement la cause nationaliste. Et livre cette confession : « J'ai changé. Quelque chose est cassé en moi. »

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