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vendredi 7 mars 2008

Nicolas Sarkozy: le Franc Parler de l’académicien Max Gallo

La Sarkophobie à base de xénophobie
Max Gallo était l’invité lundi 3 mars de l'émission "Le Franc-Parler" de France Inter, i-Télé et "Le Monde". L’entretien était animé par Thomas Hugues, Arnaud Leparmentier et Stéphane Paoli. En voici le texte:
A la veille des municipales, Nicolas Sarkozy, qui voulait être l'homme de la rupture, a-t-il gâché ses chances ?
Il faut garder raison. J'ai été élu député en 1981. Dès janvier 1982, des élections législatives partielles arrivent, tous les candidats de la droite sont élus. C'en est fini de la vague rose. Cela n'a pas empêché Mitterrand d'être président de la République pendant quatorze ans.
En histoire, je ne crois plus qu'à une seule loi, celle de la surprise. Nous pensons aujourd'hui que c'est la catastrophe pour Sarkozy. Mais la capacité de rebondissement dans la sphère politique, de situation nouvelle, est réelle.
Vous dénoncez une sarkophobie
Pendant la campagne présidentielle, quand j'ai lu la phrase d'Eric Besson disant : Sarkozy, c'est un néo-conservateur américain avec un passeport français, j'ai tout de suite senti un parfum de xénophobie. Eric Besson l'a reconnu, l'a regretté. Il m'a semblé que ce peuple français, souvent accusé de xénophobie, d'antisémitisme, etc., en élisant un personnage aussi peu français - petit français de sang mêlé - faisait preuve de maturité.
Deuxième aspect très important : la repolitisation de la République depuis cette élection et pendant la campagne. Je reproche la démesure, mais pas le débat.
Pourtant, après le Fouquet's, sa croisière sur le yacht de Bolloré, n'êtes-vous pas tenté de dire au président de revenir dans le réel ?
Nicolas Sarkozy appartient à la génération de 68. Pour Cohn-Bendit, il n'est jamais qu'un soixante-huitard contrarié. Le réel d'aujourd'hui n'est pas mon réel. Je suis encore dans le sacré de la politique, fasciné par de Gaulle, etc. Mais le monde a changé. Le pari de Sarkozy me paraît être - à tort ou à raison - de tenir deux aspects de cette réalité nationale : un réel qui n'est plus masqué. J'entre à l'Elysée en jogging, j'ai le coup de foudre, j'ai des amis riches. Deuxième point, conforter l'identité nationale en m'enracinant dans l'histoire : Guy Môquet, l'histoire de la Shoah, la commémoration, au mont Valérien, de D'Estienne d'Orves.
Nicolas Sarkozy est-il prêt à accepter l'impopularité pour réformer ?
Chirac et Mitterrand ont décidé que cette société ne pouvait pas changer, et ont eu comme objectif de rester au pouvoir le plus longtemps possible. On ne peut pas reprocher à Sarkozy de ne pas avoir essayé : régimes spéciaux, universités... Les conflits ont été limités. Certains diront : au détriment de la réforme. La société française veut le changement, mais elle est émiettée, difficile, faite de châteaux forts, de gens qui se défendent. Si nous voulons avancer, il faut tenir compte des avis des uns et des autres. Je ne suis pas pour la ‘brutalisation’. Je suis pour la négociation.
Faut-il poursuivre l'ouverture après les municipales ?
On a dit que l'ouverture était une manoeuvre politicienne. Sarkozy a compris que, dans les sociétés occidentales, où il y a des droits acquis, une conscience sociale développée, on ne peut avancer sans cassure, sans brisure qu'à la condition de rassembler dans ce que j'appellerai une grande coalition. L'ouverture, c'est la menue monnaie de la grande coalition. En Italie, vous voyez étonnamment Veltroni et Berlusconi, qui est le modèle du caïman, du méchant : l'un et l'autre disent que, sur les réformes essentielles, il faudra peut-être envisager une grande coalition.

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