Le président des villes est arrivé tôt samedi matin sous bonne escorte, avant la foule des "illettrés" et "fainéants", Porte de Versailles à Paris, où il a voulu battre un record, avec l'aide d'un service renforcé de protection rapprochée et après une planification serrée de ses moindres faits et gestes, le chef d'Etat s'est fait siffler et huer plusieurs fois par des agriculteurs en colère, avant d'avoir un échange tendu avec des céréaliers.
Il était sûr de son affaire. Quelques minutes après son arrivée dans le hall principal du Salon international de l'agriculture (SIA), Emmanuel Macron a été copieusement sifflé par des agriculteurs remontés comme des coucous.
Tenus à distance devant le stand Interbev, les "paysans" en question portaient des tee-shirts disant qu'ils sont "fauchés comme des blés", ainsi que des pancartes dénonçant les "mensonges" du président. La manifestation n'a duré que quelques minutes, faisant assez de bruit toutefois pour attirer l'attention des milliers de visiteurs présents, à l'exception des media qui s'étaient déplacés à des dizaines de journalistes. Le chef de l'Etat - qu'ils disent ouvert au dialogue - a continué son chemin, comme si de rien n'était...
VIDÉO - Abondamment sifflé par des agriculteurs mécontents, @EmmanuelMacron poursuit son chemin dans les allées du Salon #SIA2018 pic.twitter.com/ATKwFAlhrs— Arthur Berdah (@arthurberdah) 24 février 2018
Le banquier de l'Elysée avait consacré plusieurs minutes à échanger avec des exploitants déguisés en animaux pour protester contre le dumping des produits importés.
La discussion, assez vive, a principalement porté sur le Mercosur...
Mais elle s'est soldée par un dialogue de sourds entre les deux partis qui ne s'écoutaient pas,
exposant leurs arguments mais campant sur leurs positions. Le fond sonore lointain était alimenté par de rares supporteurs qui tentaient de couvrir la bronca issue des opposants à la politique d'Emmanuel Macron, quelques applaudissements timides répondant aux huées.
Vif échange avec des céréaliers
Passant son chemin en direction du stand d'Inaporc, le chef de l'État s'est fait de nouveau siffler dans la matinée, cette fois par des céréaliers qui protestaient contre la décision de fin du glyphosate. Emmanuel Macron a alors dévié son parcours pour aller à leur rencontre : cette fois, il avait préparé la riposte !
S'en est suivi un vif échange, les travailleurs de la terre reprochant au président de ne pas supporter la contestation. "Vous, vous êtes calmes ? Vous m'avez sifflé dans le dos depuis tout à l'heure et vous me donnez des leçons ?", leur a-t-il rétorqué, visiblement excédé, affirmant qu'"un engagement a été pris" sur le glyphosate. En fait, un compromis qui constitue une reculade sans répondre à l'inquiétude des céréaliers dans l'avenir.
Une fois exfiltré d'Inaporc, Emmanuel Macron s'est ensuite offert le long bain de foule prévu en direction du Cniel (laitiers). Là, il a multiplié les poignées de main, enchaîné les selfies, distribué quelques bises et même signé un autographe pour un enfant qu'il a pris dans ses bras pour la photo, lui qui, à 40 ans, n'en a pas.
Une fois exfiltré d'Inaporc, Emmanuel Macron s'est ensuite offert le long bain de foule prévu en direction du Cniel (laitiers). Là, il a multiplié les poignées de main, enchaîné les selfies, distribué quelques bises et même signé un autographe pour un enfant qu'il a pris dans ses bras pour la photo, lui qui, à 40 ans, n'en a pas.
Lors de cette longue déambulation, qui devait être paisible à ce stade, le président a été interpellé par plusieurs exploitants et par l'élu LR de Courbevoie Arash Derambarsh, engagé contre le gaspillage alimentaire, avec qui il a échangé quelques mots.
Revenant un peu plus tard sur les sifflets et huées, Emmanuel Macron a minimisé le phénomène, les minimisant : "il n'y en avait pas tant que ça", a-t-il estimé, subjectivement... "Les gens cachés qui sifflaient, je suis allé au-devant d'eux, ils ont arrêté de siffler et on s'est expliqué. Moi je vais toujours expliquer la politique que je mène", s'est-il félicité. "Je n'ai vu personne qui m'a sifflé à côté, a-t-il osé affirmer, non sans mauvaise foi. [Il était protégé par plusieurs rangs de policiers de sa garde, plus tendus que jamais, et les agriculteurs ne pouvaient l'approcher]. J'ai vu des gens qui se cachaient à 500 mètres pour siffler, a-t-il rapporté.
Et de relativiser : ils étaient très minoritaires. J'ai cassé les parcours et les codes pour aller au-devant d'eux et ils se sont arrêtés de siffler, on s'est expliqué, et je crois qu'ils ont compris", a conclu, satisfait de lui, le locataire de l'Elysée, qui s'est vu offrir une poule par un exploitant irrévérencieux de Loué, en l'absence de Brigitte.
Avec cette poule aux oeufs d'or, le président s'est fait piéger.
Le DG des poulets de Loué dans la Sarthe, Yves de La Fouchardière, offre une poule rousse au président, après la grippe aviaire.
"Une achetée, une offerte" ?
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Avec cette poule aux oeufs d'or, le président s'est fait piéger.
Cette société est en effet à l'origine d'une polémique qui a fortement irrité les personnels de police : sa nouvelle campagne de publicité repose sur la comparaison poulets-volailles/ poulets-gendarmes. Sur les affiches, on peut notamment voir une volaille contrôlée par un homme en uniforme équipé d’un radar, avec le slogan "Un bon poulet est un poulet libre".
Pour le syndicat des gardiens de paix, Unité SGP, la campagne est simpliste et ridiculise la police. Même son de cloche, du côté du syndicat de policiers Alliance. Son représentant, David Olivier Reverdy, estime que les forces de l’ordre rencontrent déjà assez de problèmes. "On a plus besoin de soutien, tant nos collègues sont victimes tous les jours d’actes de violences." Macron accorde son soutien aux volaillers.
Crime de lèse-majesté : une vache insolente a donné libre cours à sa colère sur le tapis rouge:
Pour le syndicat des gardiens de paix, Unité SGP, la campagne est simpliste et ridiculise la police. Même son de cloche, du côté du syndicat de policiers Alliance. Son représentant, David Olivier Reverdy, estime que les forces de l’ordre rencontrent déjà assez de problèmes. "On a plus besoin de soutien, tant nos collègues sont victimes tous les jours d’actes de violences." Macron accorde son soutien aux volaillers.
Crime de lèse-majesté : une vache insolente a donné libre cours à sa colère sur le tapis rouge:
Petit problème d’intendance : certains éleveurs veulent regagner l’aile opposée du Hall...Mais ils sont bloqués par le service d’ordre qui a nettoyé la zone. En attendant une vache vient de déféquer sur le tapis rouge censé conduire Emmanuel Macron au restaurant où il va déjeuner pic.twitter.com/hpRssr1zED— Arthur Berdah (@arthurberdah) 24 février 2018
On a noté la fébrilité des policiers à oreillettes, désemparés par l'événement qui s'est produit sur le chemin du président-souverain vers le restaurant privatisé pour sa personne, ses équipes et 18 éleveurs de différentes régions...
Emmanuel Macron vient de rentrer dans le restaurant où il va finalement déjeuner avec 18 éleveurs de différentes régions (et pas seulement ses équipes). Il tente de saluer les gens depuis le balcon...Mais il hérite de quelques timides huées en retour. "La CSG !", crie un retraité pic.twitter.com/i06DiyaGTT— Arthur Berdah (@arthurberdah) 24 février 2018
Le président n'a pas manqué de poser au côté de la mascotte du Salon, Haute, une vache de race Aubrac et une occasion manquée de rompre avec les usages d'un autre temps. Le chef de l'Etat a tapoté l'animal à plusieurs reprises, sous les flashs des nombreux photographes qui l'attendaient pour ce moment incontournable auquel le président du renouveau s'est plié.
En vérité, Macron fut sifflet et hué tout au long de sa déambulation :
VIDÉO - Abondamment sifflé par des agriculteurs mécontents, @EmmanuelMacron poursuit son chemin dans les allées du Salon #SIA2018 pic.twitter.com/ATKwFAlhrs— Arthur Berdah (@arthurberdah) 24 février 2018
Accompagné de plusieurs responsables politiques bien-pensants concernés par le secteur, les ministres de l'Agriculture et de la Cohésion des Territoires Stéphane Travert (LREM) et son prédécesseur Jacques Mézard (PS), le député LREM de Paris, Hugues Renson, le patron des sénateurs LREM François Patriat, ex-socialiste, ainsi que le néo-député LREM de la Creuse et rapporteur du texte sur les Etats généraux de l'alimentation Jean-Baptiste Moreau, agriculteur et dirigeant de coopérative, Emmanuel Macron a également discuté - dans cet entre-soi - avec l'éleveur de 'Haute' et la famille de ce dernier.
Le banquier passe ses nerfs sur deux agriculteurs en colère
Face à face tendu entre un Président de la République agressif et un agriculteur en colère.
Alors que ce dernier demandait à Emmanuel Macron de rester calme, le Président lui a rétorqué: "Attendez.. Vous, vous êtes calmes ? Vous m'avez sifflé dans le dos depuis tout à l'heure ! [Ce que dément son interlocuteur qui prend pour tous les autres...] On est chez nous tous, ça s'appelle la France et la République."
Alors que ce dernier demandait à Emmanuel Macron de rester calme, le Président lui a rétorqué: "Attendez.. Vous, vous êtes calmes ? Vous m'avez sifflé dans le dos depuis tout à l'heure ! [Ce que dément son interlocuteur qui prend pour tous les autres...] On est chez nous tous, ça s'appelle la France et la République."
ENTENDRE l'échange dans lequel Macron fait la leçon à l'agriculteur qui souhaite lui parler :
AUDIO - L’échange a été très tendu entre @EmmanuelMacron et les céréaliers, à tel point que ce sont eux qui lui ont demandé de se calmer. La remarque agace encore plus le président : "Vous me sifflez dans le dos"; "vous me donnez des leçons", assène-t-il pic.twitter.com/n8VenSxb8t— Arthur Berdah (@arthurberdah) 24 février 2018
Fort de sa garde rapprochée, Macron se flatte :
Il fanfaronne face aux sifflets : "Ceux que je crains le plus, c’est pas les dix zigs qui sont à 500m planqués et qui utilisent des sifflets - ceux-là dès que vous allez les voir ils se dégonflent. Ceux qui ont même plus l’énergie de protester, c’est ceux-là qui m’intéressent."
Après les "fainéants", "gens qui ne sont rien" ou les "illettrés, outre le mensonge sur le nombre des contestataires actifs et bruyants, la dernière de Macron, en termes de respect, les "dix zigs" (ou 'zigotos', mecs qui se font remarquer)... Condescendant ?
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